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Misant sur une nouvelle stratégie dans la lutte contre le dopage, le football brandit le passeport biologique comme arme de dissuasion massive pour la Coupe du monde au Brésil, où les joueurs seront scrutés par les globules.
Mis à part l'épisode Maradona en 1994, le Mondial a été épargné par les affaires de dopage et ce n'est pas les quelques cas d'internationaux jamaïcain, péruvien ou tahitien contrôlés positifs l'an dernier, représentant des petites nations du football pas forcément bien informées, qui laissent présager du contraire cette année.
D'autant plus que la Fédération internationale de football (FIFA) s'est lancée pour cette édition dans un programme ambitieux: soumettre tous les joueurs des 32 sélections à un suivi longitudinal.
Depuis mars et jusqu'aux premiers matches, les équipes doivent s'attendre à recevoir la visite impromptue de l'équipe spéciale de médecins et d'infirmières de la Fifa chargés des tests urinaires et sanguins.
"Nous pouvons contrôler n'importe qui, n'importe quand, n'importe où, et autant de fois que nous voulons", prévient Jiri Dvorak, le médecin en chef de la Fifa.
Rien de troublant
Certains dieux du stade comme Neymar, Buffon ou Iniesta, s'étaient déjà soumis à l'exercice l'an dernier pour la Coupe des Confédérations, tout comme des joueurs de Chelsea, Barcelone, Santos ou Monterrey lors des dernières Coupes du monde des clubs, où la Fifa avait rôdé son programme.
Aussi, si pour la majorité la FIFA disposera des données tirées de deux contrôles pour démarrer leur profil, elle en aura trois ou quatre pour certains joueurs. "Les équipes nous accueillent bien jusqu'à présent. Elles comprennent ce que nous faisons et voient cela comme faisant partie de leur vie professionnelle", souligne le Pr.Dvorak.
Et pour l'heure, rien de troublant. "Ni lors de la Coupe des Confédérations, ni dans les premiers résultats. Les paramètres hématologiques sont normaux", explique le scientifique. Lors du Mondial-2002, la FIFA avait déjà procédé à des contrôles sanguins sans déceler d'anomalie.
Le passeport biologique va plus loin que les simples contrôles. Il consiste à suivre dans le temps les différents paramètres tels que l'hémoglobine ou le taux de jeunes globules rouges, afin d'observer toute variation suspecte.
La Fifa joue un peu les pionnières dans le fait que son passeport comporte deux volets: un passeport sanguin, déjà bien rôdé dans le cyclisme ou l'athlétisme, pour mettre en évidence la prise d'EPO, les transfusions sanguines et autres méthodes qui décuplent l'endurance; un passeport stéroïdien encore balbutiant, axé sur la mesure des stéroïdes anabolisants et androgènes excrétés dans les urines.
Un défi logistique
Si le principe d'un tel suivi n'a rien d'extraordinaire en médecine, la mise en place dans le monde sportif s'avère complexe.
La logistique est d'autant plus ardue que la Fifa ne peut pas compter sur un laboratoire antidopage au Brésil: celui de Rio s'est vu retirer son accréditation de l'Agence mondiale antidopage (AMA) l'an dernier après avoir été pris en défaut.
Elle a donc choisi d'envoyer par transport express tous les échantillons au laboratoire de Lausanne. Un surcoût de 250.000 dollars dans un programme antidopage qui avoisine le million.
L'urine ne pose pas tant de problème que le sang, qui se dégrade facilement et doit être analysé dans les 36 heures suivant le prélèvement selon les standards de l'AMA.
Ce qui promet des sueurs froides à la Fifa pour les rencontres disputées à Manaus ou à Fortaleza. "C'est un défi", reconnaît Jiri Dvorak. "Quelques matches sont difficiles mais la majorité des échantillons parviendront au laboratoire en 24/48 heures. Le laboratoire fonctionnera 7 jours/7, 24h/24 avec le personnel adéquat. Pour les matches critiques, nous ferons très attention à ce que tout fonctionne".
La FIFA a prévu des contrôleurs digitaux de températures dans les boîtes de transport, qui assure un système de réfrigération automatique et atteste de la température pendant l'expédition.
Mais le passeport biologique ne s'arrête pas à la Coupe du monde. Il s?inscrit dans une démarche plus large de recherche scientifique, dont les résultats seront publiés dans une revue spécialisée à la fin de l'année. Si ceux-ci sont concluants, la FIFA pourrait bien inciter les grandes ligues de football à faire de même.