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Moins de deux heures avant l'entrée en piste de la Seleçao, la fièvre du Mondial semblait enfin gagner le Brésil, où touristes et supporters brésiliens célèbrent l'évènement planétaire sans trop se soucier des manifestants qui ont déclaré la guerre à la fête du foot.
"La Coupe n'aura pas lieu!", scandaient pourtant dans la matinée une soixantaine de manifestants anti-Mondial aux abords d'une station de métro de la mégapole brésilienne de 20 millions d'habitants. Ce petit groupe voulait bloquer une avenue menant au stade, mais il a été rapidement dispersé par des policiers anti-émeute à coups de gaz lacrymogènes et de grenades assourdissantes.
Une heure après, les heurts ont brusquement repris entre policiers et une centaine de manifestants qui ont arraché des panneaux et feux de signalisation pour édifier des barricades.
Ils ont incendié des poubelles et lancé des pierres sur les forces de l'ordre au cours d'un long face sur l'avenue Alcantara Machado qui s'est finalement terminé par leur dispersion à coups de grenades assourdissantes et de balles en caoutchouc.
Une fois dégagée, l'avenue a ensuite vu s'approcher des centaines de supporteurs locaux venus apercevoir le bus de l'équipe auriverde.
Julio Cesar Martins, 40 ans, a fait le déplacement avec ses deux enfants de 7 et 9 ans.
"J'ai amené mes enfants pour qu'ils sentent de près l'émotion de la Coupe du monde, car je n'ai malheureusement pas pu acheter des billets pour le match", confie-t-il à l'AFP.
A une dizaine de kilomètres de là, aux abords du Stade Arena Corinthians l'ambiance était bien à la fête peu avant le début de la cérémonie d'ouverture à 18H15 GMT.
Les supporters croates sont les stars du moment, assaillis par des Brésiliens qui veulent prendre des photos avec eux. "Je suis très excitée. Très heureux", confie Ivan Tomic, 40 ans, venu au stade en métro avec un groupe d'amis.
La station de métro Luz, proche du stade, était remplie à craquer de fans brésiliens en jaune et vert et de Croates en rouge et blanc dans un tintamarre de vuvuzelas. Non loin de là les vendeurs de billets au marché noir faisaient leur petit commerce en prenant soin d'éviter les policiers.
Gutemberg Santos, 42 ans, se réjouissait quand à lui de vendre ses tee shirts et drapeaux comme des petits pains: "C'est une très bonne journée. Il y a beaucoup de gens qui vont au stade, tout le monde a l'air content et heureux"
- "Oh, oh, oh Neymaaaar" -
Dans le quartier Liberdade (centre-ville de Sao Paulo), le groupe de supporters Bola 7 accompagné d'un groupe de samba entraîne les passants dans son sillage.
"Nous allons faire la fête toute la journée, tout le Mondial, pour la Seleçao. Le Brésil va être six fois champion", clamait à l'AFP le leader de Bola 7, un colosse de plus de 200 kilos, avant d'improviser une nouvelle chanson: "Oh, oh, oh Neymaaaar".
Dans tout le pays, l'apathie de ces dernières semaines s'est subitement estompée.
Au sommet du célèbre Corcovado de Rio, les touristes affluent, souvent vêtus aux couleurs de leur pays, et se côtoient dans une ambiance festive.
Un drapeau brésilien géant a été fixé au pied du Christ roi. Juste à côté, un fan argentin tentait de rivaliser avec un drapeau barré du fameux "Yes We Can" cher à Barack Obama.
L'ambiance allait aussi crescendo sur la légendaire plage de Copacabana, où la "Fan zone" de la Fifa était déjà prise d'assaut par les supporters en fin de matinée.
Une joyeuse troupe d'Anglais a acheté une dizaine de maillots brésiliens floqués "Neymar" à la grande joie d'un marchand ambulant.
Dans le centre d'affaires de Rio, de nombreux employés avaient troqué chemises et tailleurs habituels contre les tenues aux couleurs auriverde, alors que de balcons, fenêtres et véhicules sont ornés de la bannière auriverde. L'atmosphère festive dans le centre-ville a juste été brièvement troublée à la mi-journée par une manifestation de quelque 500 anti-mondial qui s'est terminée par des heurts sporadiques entre jeunes radicaux et policiers, qui ont arrêté quatre personnes selon G1.
La contagion a même gagné Brasilia. Dans la capitale, l'ambiance habituellement compassée s'est sensiblement déridée et cadres et fonctionnaires se parent de jaune et vert, jusque dans les ministères.
La présidente Dilma Rousseff a elle-même donné le la, en apparaissant aux côtés de son homologue chilienne avec une veste verte.
A Curitiba (sud), Benedito Ribas, un banquier de 59 ans, arbore le maillot bleu du Brésil: "Pour l'instant l'ambiance est calme mais il suffit que le Brésil commence à gagner et elle montera d'un cran. En revanche, s'il perd, les gens seront en colère".