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Jeu posé, attitude sereine, l'Allemagne a broyé le Brésil 7-1 mardi en demi-finale de "son" Mondial en usant du calme olympien affiché depuis le début du tournoi et qui lui ouvre les portes du Maracana.
Même un champion de tennis ne peut rêver d'un tel score. Ecraser 7-1 l'émanation du pays du "futebol", sur son propre terrain, et signer ainsi la victoire la plus ample dans le dernier carré d'une Coupe du monde, pour un résultat donc aussi époustouflant qu'historique...
Non, pas de quoi sauter au plafond, répond en substance la Nationalmannschaft.
"Dans le vestiaire la joie était grande, mais pas démesurée, a lâché le sélectionneur Joachim Löw. Il sera important demain (mercredi) et après-demain de récupérer, de rester concentrés et calmes. L'équipe a les pieds sur terre, je n'ai pas vu d'euphorie".
"Dans le vestiaire, c'était étonnamment calme", a abondé le défenseur central Mats Hummels. Et les propos mesurés des joueurs laissaient effectivement deviner un après-match lui-même très mesuré.
Le match plié dès la pause, à 5-0, y est pour une part. "C'est différent par rapport à des matches serrés, la grande émotion n'arrive pas juste après le coup de sifflet final", a noté Hummels.
- 'Calme et ordre' -
Encore fallait-il y arriver. "On a affronté avec calme et ordre la profonde émotion et la passion des Brésiliens, a souligné Joachim Löw. On s'était dit que si nous étions courageux et conscients de nos propres forces, nous allions gagner ce match".
C'est le discours de la méthode. L'Allemagne pose son jeu et ne s'affole jamais. Son entrée en lice face au Portugal (4-0) avait donné le ton et servi de match-référence en ce sens.
Si elle a pu être bousculée par le Ghana (2-2) et passer à travers dans sa première période contre l'Algérie en 8e de finale (2-1 a.p.), elle a su faire le dos rond et rester concentrée, disciplinée.
Le fait que dans ces deux matches, des remplaçants aient fait la décision (Klose égalisant contre les Black Stars, Schürrle ouvrant le score face aux Fennecs), n'a pu en outre que consolider l'esprit de corps, assorti de la confiance qu'irradie le "Glaçon" Neuer.
Ce jeu n'est pas forcément flamboyant, en tout cas moins que lors des campagnes passées, celles de 2006 et 2010, mais a gagné en maturité, en expérience, avec l'art et la manière de profiter ici d'un coup de pied arrêté (le but du 1-0 contre la France en quart), là d'un affolement généralisé (le Brésil).
- Tendus vers l'objectif -
"A 2-0, ils étaient sens dessus dessous, ils ont perdu leur organisation, et on s'en est froidement servi", Löw dixit. Son homologue n'a pas dit autre chose: "Jusqu'au but, ça allait mais après on s'est désorganisé, a regretté Luiz Felipe Scolari. On était en panique. Et tout a fonctionné à merveille pour eux et tout allait de travers pour nous".
Joachim Löw, qui a truffé son discours du mot "calme", n'a pas esquissé le moindre sourire pendant son exercice médiatique. Il y avait une volonté manifeste de ne pas en rajouter dans son attitude, de ne pas accabler les Brésiliens.
Mais au-delà de cette commisération, peut-être de pure courtoisie à l'égard du pays hôte, le ressort était plus profond: pour l'Allemagne, c'est le titre sinon rien. Les Coupes du monde 2006 et 2010 s'étaient achevées à la frustrante 3e place, et tous les esprits sont tendus vers les mains de la présidente du Brésil, Dilma Rousseff, qui doit remettre le trophée aux vainqueurs.
"On est très clair sur l'objectif, être champions du monde, personne ne l'a jamais été en demi-finale", a ainsi relevé le milieu Toni Kroos.
Thomas Müller, pourtant un des boute-en-train du groupe et surtout le seul à perdre son calme sur le terrain, a résumé la voie allemande: "On doit rester les pieds sur terre. Comme on nous avait cassés après le match de l'Algérie, on va nous porter aux nues. Ce n'est pas la bonne méthode. Nous sommes simplement une vraiment bonne équipe". Entièrement tendue vers sa quatrième étoile.