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L'équipe de France a souffert et tremblé face au Nigeria mais elle a été libérée par deux buts tardifs (2-0), obtenant son ticket pour les quarts de finale du Mondial au terme d'une rencontre irrespirable, lundi à Brasilia.
Que ce fut dur pour les Bleus, sortis de l'enfer grâce à un coup de tête salvateur du milieu Paul Pogba (79e) et un but contre son camp de Joseph Yobo (90e+1), qui peuvent ainsi poursuivre leur belle aventure brésilienne.
Après un premier tour rondement mené (2 victoires, 1 nul, 8 buts inscrits, 2 encaissés), une élimination aurait constitué une énorme désillusion pour les joueurs de Didier Deschamps. Mais ils peuvent remercier Pogba, jusqu'ici extrêmement décevant mais devenu l'espace d'une action le héros de tout un pays.
La France est dans le Top 8 et cette place n'est absolument pas usurpée au vu de son parcours depuis l'exploit du barrage retour contre l'Ukraine (3-0, le 19 novembre au Stade de France). Knysna et le fiasco du Mondial-2010 sont bel et bien enterrés et elle peut maintenant se préparer tranquillement à son prochain défi face au vainqueur du match Allemagne-Algérie, vendredi au Maracana de Rio de Janeiro.
Quelle que soit l'identité de leur futur adversaire, les Bleus auront rendez-vous avec l'histoire.
On craignait pour cette jeune équipe un scénario similaire au France-Paraguay du Mondial-98 (1-0, a.p.), au même stade de l'épreuve, et on n'a pas été déçu. Considérés comme les favoris logiques après leur première phase euphorique, les Bleus n'imaginaient sans doute pas souffrir autant contre les Super Eagles.
Dépassés au milieu par le rythme et la puissance des champions d'Afrique, ils ont mis une bonne trentaine de minutes avant de sortir la tête de l'eau mais sans jamais donner l'impression de maîtriser le cours des événements.
Etait-ce la chaleur? Celle-ci a semblé en tout cas moins suffocante que redoutée. Il faut peut-être mettre cette frilosité et ce déchet inhabituel plutôt sur le compte de l'appréhension ou de la tension, palpables dans les enchaînements et les transmissions.
Peu de joueurs français avaient connu auparavant le parfum enivrant mais aussi paralysant des matches couperets, qui plus est dans une Coupe du monde, et Deschamps a dû à maintes reprises bénir ses deux cerbères défensifs Raphaël Varane et Yohan Cabaye, de retour de suspension, qui ont sauvé la baraque, le milieu parisien étant même à deux doigts d?inscrire un but d'anthologie sur une frappe qui est allée mourir sur la barre en seconde période.
- Giroud totalement transparent -
Karim Benzema, qui marchait sur l'eau en début de tournoi (3 buts), est apparu trop timoré et peu à l'aise sur le côté gauche. Cet exil forcé, du à la titularisation d'Olivier Giroud, a coupé les jambes du Madrilène, peu en verve, et le tandem formé avec le Gunner a été contre-productif.
Avec le remplacement de Giroud, totalement transparent, à l'heure de jeu par Antoine Griezmann, Benzema s'est senti plus libéré mais cela ne l'a pas empêché de manquer la balle de match et son face-à-face avec le mur Vincent Enyeama, qui a été à la hauteur de sa réputation (70e).
On a également eu peine à reconnaître l'infatigable Blaise Matuidi, qui a semblé quelque peu asphyxié.
Hors sujet, la France a même été sauvée par deux arrêts en catastrophe de Hugo Lloris sur des tentatives lointaines d'Emenike (44e) et Odemwingie (64e).
Mais finalement la délivrance est venue de la tête de Pogba. Longtemps, le milieu de la Juventus a été à l'image de son tournoi, multipliant les mauvais choix et surtout les passes ratées, même s'il a failli ouvrir le score sur une magnifique reprise de volée, sortie magistralement par un Enyeama en état de grâce (22e).
Finalement c'est Deschamps qui a eu encore raison en faisant le pari de le relancer et en lui maintenant sa confiance.
Cette qualification a été arrachée dans la douleur mais le sélectionneur a encore vu juste. L'ancien capitaine des champions du monde 1998 et d'Europe 2000, brillamment reconverti dans une fonction de technicien, connaît par coeur la recette de la "gagne". Si la France est de retour au premier plan, c'est à lui qu'elle le doit en premier.