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Le sélectionneur Jorge Luis Pinto vit pleinement son rêve et personnifie mieux que quiconque la réussite insolente du petit Costa Rica au Mondial-2014, où il affrontera la grande armée Oranje samedi à Salvador en quart de finale.
"Toute ma vie, j'ai rêvé de disputer un Mondial!", a récemment confié Jorge Luis Pinto, à la tête des "Ticos" depuis 2011.
A 61 ans, le Colombien n'avait rien fait de bien particulier pour attirer l'attention (un 1er tour de Copa America avec la Colombie en 2007, un quart de finale de Gold Cup avec le Costa Rica en 2013) jusqu'à, bien sûr, la retentissante victoire (3-1) sur l'Uruguay de Cavani et Suarez, demi-finaliste du Mondial-2010, en poules. L'un des trois poids-lourds du fameux groupe D, avec l'Italie et l'Angleterre, a été dépassé, bousculé et assommé.
"Victoire surprise", décrétaient les spécialistes. "Je ne sais pas quelle est la limite supérieure du Costa Rica, mais aujourd'hui, elle a très bien joué", reconnaissait, plus prudent et en fin connaisseur, Oscar Tabarez, le sélectionneur de l'Uruguay.
Pinto, lui, savait que le meilleur était à venir. Depuis le tirage au sort qui avait placé son équipe dans le "groupe de la mort", il a méthodiquement étudié les forces et faiblesses de ses adversaires. Il a aussi tenté de faire appliquer à ses joueurs la philosophie et les méthodes de travail des sélections qui obtiennent de bons résultats.
"Le football est ma vie, ma passion, ma profession et ma distraction!" En une phrase, Pinto a résumé sa philosophie du football moderne: un jeu où chacun des joueurs doit pouvoir retirer du plaisir même si chacun doit respecter les règles et donner le meilleur de soi-même.
- Mourinho en modèle -
Passionné, méthodique, exigeant, Pinto n'a qu'un modèle et maître: José Mourinho, le manageur de Chelsea.
"Mon premier travail réside dans la formation et la méthodologie afin d'obtenir la meilleure stratégie d'entraînement possible. Je suis d'accord avec Mourinho qui clame que le football est d'abord une méthodologie de l'entraînement: la conception, la pratique et bien sûr la stratégie", dit-il.
Sa réaction après la victoire sur l'Italie (1-0), une qualification en 8e de finale à la clé, illustre parfaitement cet état d'esprit: "nous ne nous reposons pas sur nos lauriers. Notre Coupe du monde est loin d'être terminée".
Le travail et encore le travail, comme aime à répéter "The Special One". Et mettant ses paroles en actes, ses hommes ont tenu en échec l'Angleterre (0-0) pour sortir invaincus des poules. Renvoyant au pays Italiens et Anglais, anciens champions du monde.
"Nous avons montré que nous pouvions jouer du bon football et cela me rend fier", s'est alors autorisé Pinto, qui a démarré sa carrière d'entraîneur en 1984 aux Millonarios de Bogota.
Les médias internationaux étaient, eux, obligés de se pencher sur le cas du Costa Rica, un pays de 51.100 km² de 4,8 millions d'habitants, coincé entre le Nicaragua au nord et le Panama au sud.
Même s'il se trouve à la tête de l'une des plus "petites" Fédérations des 32 pays présents au Brésil, Pinto avait préparé "sa" première Coupe du monde en ne laissant rien au hasard.
"Le football évolue comme fait le monde, les voitures, les ordinateurs. Nous devons donc évoluer, nous aussi, pour être en phase avec ces changements", a-t-il expliqué.
A dix contre onze Grecs en 8e de finale, les Costaticiens ont fait étalage d'un extraordinaire courage et une rare abnégation, sans jamais perdre de vue l'objectif final: la qualification.
"On va affronter une équipe extraordinaire, mais on est heureux de le faire. Je ne sais pas jusqu'où on peut aller. Nous respectons les Pays-Bas, mais on veut gagner. On va tout donner, c'est un moment qui ne revient pas souvent dans une vie", a clamé Pinto.