Happy Birthday : |
Souvent impériale dans les buts de l'équipe des Etats-Unis, où elle s'apprête lundi à entamer sa troisième Coupe du monde, Hope Solo est beaucoup plus vulnérable et ingérable loin des terrains de football.
A 33 ans, Solo accumule les records et distinctions: la double championne olympique (2008, 2012) est la gardienne de but américaine qui a terminé le plus de rencontres sans concéder de but, 79 en 165 matchs disputées depuis 2000.
Si les Américaines, vice-championnes du monde 2011 et championnes du monde 1991 et 1999, réalisent au Canada, comme prévu, un beau tournoi, elle ne sera plus qu'à quelques unités des records de sélections (165 contre 173) et de victoires (126 contre 133) détenus par son ancienne grande rivale Briana Scurry.
Mais si ses statistiques donnent le tournis, Solo estomaque aussi ses proches, coéquipières et entraîneurs par ses récurrentes incartades.
La dernière en date a eu lieu en février lorsque Solo et son mari, l'ancien joueur de football américain Jerramy Stevens, ont eu maille à partir avec la police de Manhattan Beach (Californie), lui pour conduite en état d'ivresse, elle pour son agressivité à l'égard des forces de l'ordre.
- 'Pire moment de ma vie' -
La gardienne de but de l'équipe du Seattle Rein était en stage de préparation avec la sélection et le véhicule, un minibus, appartenait à la Fédération américaine: elle a écopé d'une suspension --relativement clémente-- de trente jours.
Quelques jours plus tôt, elle avait appris que la justice abandonnait une procédure pour agression qui aurait pu l'envoyer en prison ou la priver de la Coupe du monde.
En juin 2014, la police est appelée au domicile de son neveu qui l'accuse de l'avoir violemment frappé après un énième désaccord dans leur tumultueuse relation.
L'adolescent de 17 ans et sa mère, demi-s?ur de Solo, assurent même que l'internationale, prise de boisson et ayant perdu tout contrôle, a frappé à plusieurs reprises son neveu à la tête.
Elle est arrêtée et passe trois jours en détention: "J'ai cru que je n'allais pas survivre, c'est le pire moment de ma vie", a-t-elle confié à ESPN pour sa seule interview depuis les faits.
Des mauvais moments, elle en a traversés, ce qui peut expliquer cette incroyable propension à s'autodétruire en buvant parfois plus que de raison.
- Pauvreté et instabilité -
Conçue lors d'une visite conjugale en prison, la jeune Hope voit peu son père, un ancien combattant de la guerre du Vietnam, sa mère est alcoolique et son frère aîné lui fait vivre un enfer de coups et de brimades, le tout dans la pauvreté et l'instabilité.
"Le foot était ce à quoi je m'accrochais, a-t-elle confié à ESPN. Le problème, c'est que j'ai continué à attendre du foot qu'il me fasse traverser les mauvais moments, mais ce n'était plus aussi simple que quand j'étais gamine".
Ses coéquipières et entraîneurs en ont fait les frais: lors de la Coupe du monde 2007, quelques semaines seulement après la mort de son père, dont elle s'était rapprochée, elle perd son statut de titulaire pour la demi-finale contre le Brésil au profit de Briana Scurry.
Résultats, les Etats-Unis s'inclinent 4 à 0 et Solo dégoupille: "C'était la mauvaise décision, moi, j'aurais fait ces arrêts, il faut vivre avec le présent, pas avec les grands noms", assène-t-elle.
Ses coéquipières lui tournent le dos, mais elle devient incontournable en sélection malgré les écarts (contrôle antidopage positif à un diurétique, bagarre avec son futur mari deux jours avant leur mariage).
Mais promis juré, Solo n'a qu'une idée en tête: "Je veux gagner la Coupe du monde, tout donner et ne pas avoir de regrets".