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S'il est un secteur du jeu du XV de France qui a prouvé sa solidité ces derniers mois, c'est bien la touche, une rampe de lancement idéale qui ouvre quelques perspectives aux Bleus avant de se plonger dans la Coupe du monde.
Pour qui se souvient du match Ecosse - France à Edimbourg en mars 2014 mesurera les progrès faits par les Bleus. A Murrayfield, l'alignement français avait vécu un calvaire avec 8 lancers égarés et des responsabilités partagées entre un talonneur à la dérive (Brice Mach) et ses partenaires guère plus adroits.
Contre le même XV du Chardon samedi dernier, en dépit d'une prestation d'ensemble guère convaincante (victoire 19-16), la touche française a été largement dominatrice, chipant ou perturbant quasiment tous les lancers adverses.
Au sortir du match, le sélectionneur de l'Ecosse Vern Cotter a d'ailleurs immédiatement salué le travail des avants tricolores en la matière et en particulier celui du capitaine de touche Damien Chouly, qu'il avait entraîné à Clermont.
"On a eu un problème de coordination et de timing sur nos lancers", a reconnu le Néo-Zélandais. "Mais les Français ont d'abord très bien défendu et Damien Chouly a mis une grosse pression sur notre alignement. Il est arrivé à réagir rapidement sur nos combinaisons pour sauter."
- L'apport de Chouly -
Du côté de l'intéressé, on a le triomphe modeste et l'on met l'accent sur les certitudes grandissantes dans ce secteur, après une excellente copie contre l'Angleterre (25-20) fin août.
"On a bénéficié de temps pour travailler, acquérir des repères collectifs et de la sérénité", souligne-t-il. "On sait que dans ce secteur la synchronisation est importante entre les lifteurs, les sauteurs et le lanceur. S'il y en a un qui est en décalage, c'est tout le système qui s'effondre. Là dessus, tout le monde est appliqué et a tenu son rôle."
Contesté lorsqu'il évoluait au centre de la 3e ligne, Chouly, repositionné en flanker, a montré qu'il était devenu un élément précieux dans le système français. Il a ainsi donné le ton en volant lui-même les deux premiers lancers écossais dès la 2e et 3e minutes.
"On savait que l'alignement écossais était très performant et que le jeu écossais est basé là-dessus donc on a été les chercher pour enlever des opportunités d'attaque", appuie le Clermontois. "C'est important d'envoyer un signal en début de match, ça donne un cap et ça nous permet d'entrer dans le match."
"Aussi, la concentration des joueurs a été au top et on a besoin de garder ça car ça fait deux matches que ça marche bien", appuie-t-il encore. "C'est une rampe de lancement importante et une première défense aussi."
- Guirado, pièce-maîtresse -
Doté d'une meilleure condition physique qui leur permet de conserver de la lucidité dans les phases statiques, le pack français, que l'on a vu aussi à son avantage en mêlée fermée, pourrait donc affirmer sa suprématie dans les airs, en assurant ses ballons mais en allant aussi contester ceux de l'adversaire, une nouveauté.
Il faut dire qu'il dispose de plusieurs joueurs naturellement doués dans ce secteur, comme l'immense Alexandre Flanquart (2,04 m), mais aussi Fulgence Ouedraogo, Yannick Nyanga, Yoann Maestri ou même Bernard Le Roux.
Et évidemment, ces bonnes copies reposent aussi sur le niveau constant du talonneur Guilhem Guirado, installé depuis juin 2014 comme titulaire indiscutable et qui lui aussi a énormément gagné en précision. Le Toulonnais, comme Dimitri Szarzewski et Benjamin Kayser, travaille avec le spécialiste des lancers Akvsenti Giorgadze, qui se félicitait de la solidité de ses hommes au début de la préparation de la Coupe du monde.
"On est arrivé à un moment où on a des progrès assez évidents. Cette année, chacun était à plus de 80% de réussite au lancer dans le championnat et 96% avec l'équipe de France. On est content mais il faut continuer", martelait l'entraîneur, encore présent à Marcoussis (Essonne) mardi pour faire travailler le trio de talonneurs.
Une manière de rappeler que la touche est un éternel recommencement, qui n'offre de garanties qu'à force de répétitions.