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En ordre dispersé et secoué sur ses bases, le XV de France a raflé un triste succès face à la Roumanie (38-11) qui n'augure pas vraiment de lendemains heureux en Coupe du monde, mercredi au stade Olympique de Londres.
S'il est des victoires dont on ne sort pas grandi, celle-là en fait largement partie.
Car il fallait avoir bien du courage pour s'infliger une telle bouillabaisse de rugby et quatre jours après son son succès contre l'Italie (32-10) à Twickenham, le XV de France n'a guère entretenu l'élan initial dans la compétition planétaire.
Au moins a-t-il fait honneur à son historique inconstance, qui lui permet parfois de briller face aux meilleurs puis de sombrer contre les sans-grades.
Pour éviter la sinistrose, il est donc impératif de ne retenir que ces seuls cinq points qu'offre le résultat final, grâce à ce bonus offensif arraché un peu la peur au ventre à 11 minutes de la fin et qui pourrait valoir très cher à l'heure des comptes.
Et puis, il paraît qu'une victoire reste un victoire et que, avec un quatrième succès de rang (deux en matches de préparation, deux en Coupe du monde), le sélectionneur Philippe Saint-André égale ainsi la meilleure série de son mandat, entamé il y a quatre ans.
- Les remplaçants passent au travers -
Il suffirait donc d'en ajouter un cinquième le 1er octobre face au Canada pour que ces Bleus bien pâles vivent l'époque la plus prolifique depuis bien longtemps. C'est dire.
De tout ça, on n'en a pas vraiment vu la couleur mercredi. Pourtant Philippe Saint-André, qui avait opéré 13 changements dans son XV de départ, avait laissé accroire à la troupe de coiffeurs alignée pour cette affiche vintage qu'elle pourrait l'amener à rebattre les cartes de la hiérarchie.
On a senti la bande emmenée par Dimitri Szarzewski assez mollement convaincue par cette promesse. Du moins c'est ce que laisse entendre l'impasse totale effectuée dans le combat au sol pendant toute la première période, la conquête hoquetante, les multiples fautes de main et la très grosse colère de Saint-André dans le vestiaire pour recadrer ses Bleus censés rapidement asphyxier leurs adversaires.
Autant dire aussi qu'au vu de l'indigence du contenu bien peu ont marqué des points.
En première ligne, Dimitri Szarzewski et Uini Atonio ont été mis en souffrance en mêlée ou en touche, le centre Gaël Fickou s'est fait remarquer par de nombreuses approximations et la troisième ligne entière (Nyanga, Ouedroaogo, Picamoles) a été portée disparue dans les soutiens offensifs et défensifs. Pas sûr que Saint-André offre à tous une deuxième chance face aux Canucks dans huit jours...
- Cinq essais français, un cache-misère -
La Roumanie, modeste 17e nation mondiale, peut elle se targuer d'avoir fait jeu égal au moins une demi-heure durant avec les Bleus, inscrivant aussi un essai en force tout à fait mérité à six minutes du coup de sifflet final. Officiellement en raison du calendrier imposé par World Rugby, les Chênes, partenaires historiques du XV de France depuis les années 30, sont snobés des grandes nations du rugby.
Peut-être leur prestation courageuse amènera les Bleus a renouer des liens sportifs rompus au plus haut niveau depuis 9 ans maintenant.
Les Roumains n'ont en tout cas réellement craqué qu'après l'exclusion temporaire de leur pilier Paulica Ion, pour avoir écroulé un maul (30e). Auparavant, ils avaient fait régner la loi au sol et éteint par leur vaillance un stade Olympique promis au public français mais transformé en morose hall de gare.
En quatre minutes et à 14 contre 15, les Roumains encaissaient ainsi deux essais de Sofiane Guitoune et Yannick Nyanga et viraient avec un retard de 11 points à la pause (17-6).
Malgré une sévère remontée de bretelles dans les vestiaires, les Bleus mettaient encore un petit quart d'heure à prendre la mesure des Chênes en seconde période.
Supérieurs physiquement, ils imposaient enfin leur jeu, sans toujours concrétiser en raison d'un important déchet technique. En roue libre, Sofiane Guitoune (66e), Wesley Fofana (69e) et Gaël Fickou (79e) donnaient un peu d'ampleur au score. Un cache-misère.