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Ouvreur titulaire du XV de France dimanche contre l'Irlande en Coupe du monde, Frédéric Michalak occupait déjà ce poste lors de l'édition 2003, où il avait survolé partenaires et adversaires, jusqu'à la demi-finale perdue face à l'Angleterre.
Douze ans plus tard, est-il le même joueur ? Le même homme ? comment-a-t-il évolué ? Des anciens coéquipiers à Toulouse et en Bleu témoignent.
. A peine moins déconneur
Frédéric Michalak (75 sél., 32 ans) avait débarqué plein de fougue dans l'expérimenté vestiaire toulousain à 18 ans, au tout début des années 2000. Yann Delaigue, qui officiait à l'ouverture à ses côtés lors du titre de champion de 2001, s'en souvient: "Avec Clément (Poitrenaud) et Nicolas Jeanjean, ils apportaient beaucoup de fraîcheur, d'humour".
"Ils nous faisaient tellement +chier+ que, parfois, ils finissaient à poil attachés dans un caddie sur le parking du Stade Toulousain. On les laissait là une demi-heure pour les montrer, et puis on les libérait", poursuit-il auprès de l'AFP. A près de 33 ans, "Michel", son surnom au sein du XV de France, a-t-il cessé ses blagues de potaches ? Pas forcément, d'après le troisième ligne des Bleus Fulgence Ouedraogo: "Il n'est plus tout jeune mais il fait des conneries d'un gamin de 18 ans."
. Ecouté
Michalak, international dès novembre 2001 mais installé comme titulaire à la fin du tournoi 2003, quelques mois avant le Mondial en Australie, faisait aussi preuve de "beaucoup de respect", selon Delaigue. "Il arrivait forcément pour tout casser mais était à l'écoute des anciens. Ses valeurs humaines ont toujours été top: charmant, poli, gentil, humble, respectueux", développe l'ancien ouvreur, qui se souvient d'un Michalak s'amusant à l'occasion après les entraînements à "jouer avec (ses) enfants à la guerre, avec de faux pistolets etc."
L'âge et l'expérience aidant, Michalak a forcément basculé de l'autre côté, celui de ceux que l'on écoute. Mais il reste ce joueur assez discret qui fait passer son message avec parcimonie. "Ce n'est pas quelqu'un qui va forcément parler énormément, essaie de motiver le groupe. Mais quand il en ressent le besoin, il va prendre la parole et nous apporter son expérience. Il sait parler à bon escient", explique Ouedraogo.
. Beaucoup plus bosseur
Michalak est aussi devenu un exemple par le travail. Il n'hésite pas à s'infliger de longues séances de jeu au pied après avoir côtoyé notamment le stakhanoviste Jonny Wilkinson à Toulon. Si Yannick Jauzion, son ancien partenaire à Toulouse et en équipe de France, a "toujours connu un +Fred+ bosseur qui passait déjà beaucoup de temps à taper au pied" en vue de la Coupe du monde 2003, les autres anciens coéquipiers sont d'un autre avis. Ainsi Delaigue: "Il n'était pas tire au flanc mais est beaucoup plus travailleur aujourd'hui."
Yannick Bru, devenu entraîneur-adjoint des Bleus après avoir côtoyé Michalak sur le terrain, confirme: "Parfois, on sent chez lui une obsession du travail, et je me dis que ce n'est pas la même personne avec qui j'ai partagé des matches de championnat."
Afin de revenir en Bleu, Michalak a aussi su "faire le ménage, se remettre en question", par exemple en s'exilant à deux reprises en Afrique du Sud pour se nourrir d'autres expériences.
. Moins instinctif, plus mûr
L'âge avançant, fort de ces expériences, Michalak a aussi mis de l'ordre dans son jeu à un poste qui requiert de la maturité. "On a perdu le garçon insouciant qui surfait sur la vague de son talent", souligne Bru, qui y a gagné un joueur "plus ordonné" d'après Delaigue. "Il est devenu plus gestionnaire, ce qu'on lui demande, mais est aussi toujours capable de fulgurances", poursuit l'ancien ouvreur, pour qui Michalak a eu tendance, à un moment, à "surjouer pour assouvir les fantasmes des médias qui l'avaient mis à un niveau qu'il n'avait pas encore atteint."
Il sait désormais allier la tête et les jambes, comme face au Canada lors du troisième match de poule, où Delaigue a retrouvé "le Michalak jeune". "Traverser le terrain, faire sa chistera (sur le premier essai) et son coup de pied de recentrage (quelques minutes plus tard pour Fofana), ce sont des trucs bien à lui. Fred a toujours été un amateur du beau jeu.. Sauf que maintenant, il sait en plus gérer." Et jusqu'à présent dans cette Coupe du monde, c'est tout le XV de France qui en profite.