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Berceau du rugby, l'Angleterre nourrit l'espoir fou de conquérir devant son public la Coupe du monde, le plus beau des défis mais aussi le plus angoissant, tant la pression sur les hommes de Stuart Lancaster sera immense.
Douze ans après avoir raflé en Australie, sur un drop en apesanteur de Jonny Wilkinson, la seule couronne mondiale jamais glanée par un pays de l'hémisphère Nord, le XV de la Rose entend remettre ça.
On l'y voit déjà, soulevant le trophée Webb-Ellis peu avant 19h00 ce 31 octobre, sous les vivats de 80.000 personnes extatiques et dans un stade de Twickenham incandescent. Quelle plus belle réponse aux All Blacks, qui ont accompli ce rêve en battant la France (8-7) le 23 octobre 2011 dans leur jardin d'Eden d'Auckland ?
Scénario parfait effectivement, mais l'histoire est parsemée d'embûches. A l'image d'un groupe incroyablement relevé, dans lequel il y aura une victime pour la qualification à la phase finale, entre le XV de la Rose, le pays de Galles et l'Australie.
- La force de la machine -
Avant d'en arriver là, l'Angleterre a déjà dû reconstruire sur les cendres d'une campagne 2011 piteusement achevée en quarts de finale. Et faire grandir une nouvelle génération, emmenée par le capitaine Chris Robshaw et incarnée par les chefs d'orchestre George Ford et Owen Farrell, ou encore les remuants trois-quarts Jonathan Joseph et Anthony Watson.
Pour cette périlleuse mission, celle d'une vie, c'est un jeune entraîneur sans pedigree qui a été nommé: Stuart Lancaster, âgé de 45 ans aujourd'hui. D'abord sélectionneur par intérim, il a su creuser son sillon, terminant deuxième du Tournoi des six nations 2012 puis s'offrant le scalp des All Blacks à Twickenham un soir de novembre 2012 (38-21).
Ses contempteurs lui reprocheront de n'avoir rien gagné de probant durant son mandat, une rare période de disette pour un XV de la Rose habitué aux sommets. Aucun titre dans le Tournoi, trois défaites ramenées de Nouvelle-Zélande en 2014...
Ses laudateurs vanteront ses méthodes de management, réconfortantes pour ses cadres, mais impitoyables envers les sorties de piste. Le centre Manu Tuilagi, une des stars annoncées de la Coupe du monde, devra se contenter de sa télévision, après avoir été condamné pour l'agression d'une policière.
En coulisses, Lancaster bénéficie de la machine mise en place par la Fédération anglaise (RFU), déterminée à faire de la compétition un événement majeur. Adossée à la machine à cash qu'est Twickenham, la RFU n'a donc jamais renâclé à sortir le carnet de chèques pour s'assurer de la mise à disposition des internationaux.
Ainsi, Lancaster a débuté sa préparation à la Coupe du monde dès début juin, avec une cinquantaine de joueurs et un encadrement élargi. Comme lors de la tournée en Nouvelle-Zélande en 2014, ce sont quelque 80 personnes qui ont voyagé deux semaines dans le Colorado au coeur du mois de juillet pour un stage à l'abri des regards. Beaucoup lui envieront ce confort.
- Le casse-tête français -
Reste à savoir si cela payera. Sur le terrain, les deux matches de préparation face à la France se sont transformés en casse-tête. Une victoire à Twickenham avec l'équipe bis (19-14) puis une défaite au Stade de France (25-20) avec les cadres ont surtout révélé d'inquiétants problèmes de discipline et d'importantes lacunes en conquête.
Dès qu'elle parvient à imposer son rythme, l'Angleterre se révèle en revanche une équipe joueuse et efficace. Le pays de Galles en a fait les frais à Cardiff en février dernier (21-16) et la France l'a constaté à ses dépens le 15 août, en encaissant trois beaux essais. C'est cet élan qu'elle essayera de retrouver lors de son ultime galop d'essai contre l'Irlande samedi.
Mais il manque encore de la constance à cette équipe qui a par exemple trébuché sur la dernière marche d'un Grand Chelem en 2013, avec une marquante débâcle (30-3) à Cardiff. Ce XV de la Rose n'a jamais réussi à exercer de domination durable sur son propre continent. Y parviendra-t-il sur le monde ?