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Convaincus de pouvoir déjouer les pronostics, joueurs et encadrement du XV de France font part depuis quelques jours de leur agacement à entendre la presse vanter la prétendue supériorité de l'Irlande, leur adversaire dimanche en Coupe du monde.
L'affaire est partie d'un titre d'article relevé au lendemain du succès chaotique de l'Irlande face à la Roumanie (44-10), il y a une grosse semaine. Quelques jours auparavant, la France s'était-elle aussi imposée face aux "Chênes" (38-11), en proposant un triste contenu, et n'avait pas été épargnée par la critique.
"Mais là, c'était marqué: une victoire quasi-parfaite pour l'Irlande", explique l'ailier Rémy Grosso. "Sur le coup, on s'est dit que c'était bien, les Irlandais jouaient une équipe remaniée de la Roumanie, ils mettent le même score que nous mais eux, ils ont fait le match parfait..."
Irrité par cette différence de traitement, Philippe Saint-André, qui n'a jamais battu l'Irlande depuis qu'il est sélectionneur (2012), avait ouvert le tir vendredi, au lendemain de la victoire face au Canada (41-18), ironisant sur ces journalistes qui trouvent les Irlandais "fantastiques, beaux, costauds".
Evidemment, la laborieuse prestation du XV du Trèfle contre l'Italie dimanche (16-9) est venue apporter de l'eau au moulin français, à une semaine de disputer la première place de la poule D à ces redoutables hommes verts.
"Après le Tournoi, pendant la préparation, depuis le début de la compétition, vous les avez montés tellement haut", ronchonne le talonneur Dimitri Szarzewski. "Les Irlandais sont les plus beaux, les plus forts, ils vont finir premiers. Qu'est ce que vous voulez que je vous dise? Ils sont favoris et maintenant on va essayer de faire un beau match contre une équipe merveilleuse."
- Le redressement irlandais -
Mais les Bleus ont-ils raison de s'exaspérer?
Pas vraiment, si l'on se retourne sur les deux dernières années, en partant de la fin du Tournoi des six nations 2013. Les deux nations sortent alors d'un hiver pourri, la France terminant dernière et l'Irlande avant-dernière du Tournoi.
Depuis, le XV du Trèfle a réussi avec succès son redressement, remportant deux fois le Tournoi des six nations (2014, 2015) quand la France finissait deux fois à la quatrième place.
De ce point de départ jusqu'au début de la préparation à la Coupe du monde, les Irlandais ont cumulé 16 victoires pour 4 défaites, dont des succès contre l'Australie, l'Afrique du Sud, la France, l'Angleterre ou encore le pays de Galles. Ils en ont profité pour inscrire 53 essais, soit une moyenne de 2,65 par rencontre.
Les Bleus n'ont glané, eux, que 8 victoires pour 14 défaites sur ce laps de temps, en comptant certes de difficiles tournées en Nouvelle-Zélande et Australie. Frappés de stérilité offensive, ils ont marqué 36 essais en 22 matches, soit 1,63 de moyenne.
Cependant, les bilans s'équilibrent un peu depuis le début de l'été. Cinq victoires en six matches pour les Bleus (15 essais), cinq succès en sept rencontres pour les Verts (25 essais).
- L'Irlande "plus complète" -
Sur le contenu, l'Irlande n'a pas vraiment fait de démonstration de force sur cette Coupe du monde. Le sélectionneur de la Roumanie Lynn Howells, après avoir éprouvé les deux équipes, juge tout de même les hommes de Joe Schmidt un poil en avance.
"L'Irlande me semble plus complète, avec cette capacité à imposer de grosses séquences, pendant longtemps, sans paniquer", estime-t-il. "Mais avec la France, on ne sait jamais..."
Car avec Schmidt, les Irlandais ont depuis longtemps jeté les bases d'un jeu propre, très programmé, assis sur l'occupation du terrain par un très bon jeu au pied, une conquête solide, un système défensif performant, signe d'une grande maîtrise collective. Ce style a aussi des contempteurs et la presse irlandaise s'est fait l'écho lors du dernier Tournoi des critiques sur ce "jeu ennuyeux".
La France, elle, a profité de la préparation pour soigner son organisation et optimiser son potentiel, notamment physique. De quoi rattraper son retard ?
"Je suis convaincu qu'on est capable de les battre", martèle le talonneur Benjamin Kayser. "Tout comme je suis convaincu que les quatre dernières années on n'était pas très loin non plus."