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Folau arrière tongien des Wallabies, Nakaitaci ailier fidjien de l'équipe de France, ou encore Naholo, ailier fidjien des All Blacks: la polémique a repris avant la Coupe du monde sur ce rugby du Pacifique pillé de ses stars par les grandes puissances.
Epeli Taione, le président de la Fédération tongienne, a relancé ce débat, récurrent, il y a quelques semaines au micro de Radio New Zealand. "Nous allons à la Coupe du monde sans quelques-uns de nos meilleurs joueurs et c'est assez triste", a lancé l'ancien international.
Taione évoquait peut-être les Israël Folau, Wycleff Palu, Tatafu Polota-Nau ou Sekope Kepu, nés en Australie mais de parents tongiens, qui auraient donc pu porter le maillot des Tonga. Mais sans doute plus le cas de Malakai Fekitoa, né au pays mais porteur du maillot des All Blacks.
Les Fidjiens sont encore plus nombreux à faire le bonheur d'autres sélections, friandes des qualités athlétiques hors norme des joueurs des îles du Pacifique: Waisake Naholo (Nouvelle-Zélande), Noa Nakaitaci (France), Tevita Kuridrani, Henry Speight ou encore Taqele Naiyaravoro (Australie).
Quant aux Samoa, elles auraient bien aimé compter sur le surpuissant centre Manu Tuilagi, né à Savai'i, la plus grande des îles samoanes, avant de partir en Angleterre à l'adolescence: mais celui-ci a opté pour le XV de la Rose en 2011, perdant le droit de jouer sous ses couleurs natales.
En élargissant ainsi le cercle au-delà des sélectionnés pour le Mondial anglais, les trois nations majeures du Pacifique (Tonga, Samoa et Fidji) ne pouvaient plus sélectionner en 2013 que 74 de leurs 272 joueurs professionnels éligibles.
- 40% de revenus en moins -
Car il y a aussi ces joueurs qui renoncent à réprésenter leur sélection pour raisons financières.
Selon Dan Leo, le deuxième ligne Samoan des London Irish, un "îlien" évoluant déjà en Europe perdrait 40% de ses revenus en acceptant de jouer pour sa sélection.
"Souvent, nos joueurs (basés en Europe) ne sont pas payés par leurs clubs lorsqu'ils sont en sélection. Pour ces joueurs, représenter leur sélection constitue un sacrifice financier", abonde le sélectionneur des Fidji John McKee, qui aurait aimé convoquer le puissant troisième ligne des London Wasps Nathan Hughes.
Né aux Fidji, il vient de refuser la sélection, sans doute parce qu'il sera éligible pour le XV d'Angleterre en 2016, ce qui pourrait lui rapporter une somme annuelle évaluée à 100.000 livres (environ 136.000 euros) grâce entre autres aux primes de matches et de convocation si jamais il était appelé régulièrement.
- Quelles solutions ? -
Le constat établi, comment inverser le mouvement, amplifié par l'obligation depuis quelques années pour les clubs français de compter 55% de joueurs formés en France (mais pas forcément français) sur chaque feuille de match, les poussant à faire venir des jeunes joueurs du Pacifique, comme par exemple Naikataci, arrivé à Clermont à 20 ans.
Rob Nichol, directeur exécutif de l'IRPA, l'association des joueurs professionnels, souhaite qu'une partie des immenses recettes générées par la Coupe du monde soit "versée dans un fonds spécial" dans lequel piocheraient les sélections des îles pour dédommager leurs joueurs.
Bryan Willams, légende des All Blacks d'origine samoanne, milite lui pour qu'une franchise représentant ces nations soit intégrée dans le Super-15 pour bénéficier d'une partie des lucratifs droits télé.
Autre solution avancée, étendre de trois à cinq ans la durée à l'issue de laquelle un joueur peut être sélectionné pour un autre pays que celui où il est né. "Les joueurs (des îles) seraient moins attractifs (pour les clubs étrangers) et en bas de l'échelle, moins de jeunes joueraient au rugby", fait cependant valoir Nichol.
En attendant, les nations du Pacifique font avec les moyens du bord: privées de certains éléments, peu souvent opposées aux meilleures nations, elles restent pourtant de sérieux prétendants aux quarts de finale de la Coupe du monde. Au complet, elles pourraient prétendre à encore mieux.