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Les clubs ont pris lundi la défense du Top 14, accusé d'empêcher l'éclosion des joueurs français et de proposer un jeu contre-productif pour le XV de France qui a été écrasé par les All Blacks (62-13) samedi en quart de finale de la Coupe du monde.
"Ce n'est pas le Top 14 qui est responsable mais la perversité de certaines mesures", a indiqué à l'AFP Mourad Boudjellal, président du RC Toulon, qui a cumulé trois succès en Coupe d'Europe (2013, 2014, 2015) et un titre de champion de France (2014) ces dernières années, avec dans ses rangs de nombreux joueurs étrangers.
Ces propos font échos à ceux de Philippe Rougé-Thomas, ancien ouvreur international et responsable de la formation au Stade Toulousain. "Cette déroute du XV de France nous tombe sur le coin de la gueule mais il faut arrêter de dire que ce n'est que la faute du Top 14, a-t-il lancé. Ce serait trop facile. Il faudrait se mettre autour de la table et discuter".
Cet appel au dialogue est relayé par Mohed Altrad, président du Montpellier Hérault rugby (MHR) depuis 2011.
"Quand j'assiste à une réunion du rugby français, une personne prend la parole et dit ce qu'il faut faire, puis une autre, de façon trop péremptoire. Il faudrait plus de calme, de sérénité", souligne M. Altrad, également chef d'entreprise.
"Il ne faut pas réagir à chaud, tout le monde donne un peu trop son avis en ce moment, il faut tirer cela au clair mais cela ne se fera pas en trois jours", a-t-il dit à l'AFP, invitant à saisir "une opportunité de tout mettre à plat, de faire un diagnostic complet en six mois".
-Interêts divergents-
Parmi les problèmes à évoquer, Mourad Boudjellal propose de "mettre à plat un système économique". "Les lois sont faites sur mesure, au cas par cas, pour favoriser l'un ou emmerder l'autre. Plusieurs amendements pourraient porter mon nom", juge-t-il, citant le cas du financement de la formation.
Concrètement, Philippe Rougé-Thomas plaide pour que le jeu revienne au centre des discussions.
"Il faudrait que le rugby redevienne le vrai enjeu. C'est surtout une question de s'investir dans le rugby et pour le rugby et arrêter ces luttes de pouvoir et d'argent, souligne-t-il. Je ne veux pas croire qu'il y ait autant d'écart entre la France et les Blacks. Ce n'est pas irréversible. Il faut changer les mentalités. Il faut que l'on comprenne que la formation débute à l'âge de 13 ans. C'est ce qu'ont mis en place les équipes qui nous battent régulièrement. Ils ont également de vrais éducateurs et pas des faux entraîneurs de Top 14".
International pendant 9 ans (2002-2012), Imanol Harinordoquy (82 sélections), aujourd'hui au stade Toulousain après avoir porté les couleurs de Biarritz et Pau, a vite pointé les différences d'intérêt entre clubs et XV de France.
"Les clubs ont leurs intérêts, notamment économiques. Aujourd?hui ils divergent de ceux du XV de France. Il faudrait sans doute tout revoir : les nombre de matchs, le système, le fonctionnement etc? Ce n?est pas en une semaine que l?on va tomber d?accord. Je pense qu?il va falloir énormément de temps et même en quatre ans cela ne suffira sans doute pas", estime-t-il.
"Avec la politique d?aujourd?hui c?est très compliqué d'imaginer avoir un Top 14 compétitif et un XV de France qui le soit tout autant, poursuit-il. Il faut que les clubs aient des équipes de qualité, des effectifs attractifs, des stars qui viennent de partout. Cela remplit les stades et fait la promotion du Top 14. Mais ce spectacle se fait aussi au détriment de la formation, de l'éclosion de jeunes joueurs qui jouent peu. Si on veut un jour être champion du monde il va falloir se poser les bonnes questions..."