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Les All Blacks toquent de nouveau aux portes de l'histoire après avoir décroché à l'usure leur qualification pour la finale de la Coupe du monde, en battant laborieusement leurs meilleurs ennemis sud-africains 20 à 18, samedi à Twickenham.
Quatre ans après avoir ravi le Graal dans leur jardin d'Eden d'Auckland, les All Blacks sont en passe de devenir la première nation du rugby à conserver le titre mondial.
Cette énième page de la légende des hommes en noir devra encore attendre 80 minutes et un choc face à l'Australie ou l'Argentine, samedi prochain, à Twickenham également (17H00 françaises).
Il s'agirait alors du troisième titre planétaire de l'histoire des All Blacks, qui avaient été sacrés lors des deux éditions disputées sur l'île du Long nuage blanc, en 1987 et 2011. Ce serait aussi l'occasion de tordre le cou à la rumeur qui murmure que loin de leurs bases, les All Blacks sont plongés dans le doute et peinent à asseoir une domination que nul ne conteste par ailleurs.
Samedi, il fallait se résoudre à rendre hommage à leur manière d'écarter méthodiquement de vaillants Springboks, bien trop retranchés en défense pour espérer l'emporter.
- Un usant bras de fer -
Sans s'affoler inutilement, les partenaires de Richie McCaw ont surmonté une première période quasi stérile et un second acte chaotique pour finalement composter leur billet, avec une maîtrise née de longues années de suprématie sur la planète ovale.
Car seules trois équipes, sur trois rares braquages, ont réussi ces quatre dernières années à renverser la montagne noire.
Les Springboks avaient réussi leur coup l'an passé à Johannesburg (27-25), en ajoutant à leur habituelle densité physique un brin de folie offensive que l'on a vainement cherché samedi. Sans doute repartiront-ils avec le regret de n'avoir guère montré autre chose que leur courage. Mais ces Springboks n'étaient-ils pas au fond trop limités pour s'adjuger une troisième couronne mondiale après celles de 1995 et 2007 ?
S'ils ont montré une certaine résilience pour revenir d'un début de Mondial catastrophique, marqué par une défaite retentissante face au Japon (34-32), les hommes de Heyneke Meyer quitteront la compétition vendredi prochain, après la "petite finale", avec quelques promesses d'avenir, à l'image de la prestation solide de leur jeune ouvreur Handré Pollard (21 ans), à la hauteur de l'événement avec 15 points inscrits (5/5) face aux perches.
Car il fallait effectivement avoir des nerfs sous la bruine persistante qui s'est abattue en rideaux sur le temple du rugby anglais.
Le bras de fer a paru interminable entre deux équipes qui avaient fait voeu de matérialiser leur respect mutuel par un terrible combat.
- Domination stérile -
Cela a effectivement secoué sur les points de rencontre et à ce petit jeu, les Sprinboks s'en tirent comme d'habitude avec la médaille du mérite: leur défense s'est arc-boutée mais n'a que très rarement craqué face aux coups de boutoir adverses.
De quoi agacer les Néo-Zélandais: maîtres du ballon et du terrain, ils n'en ont que très peu récolté les fruits. Et ne sont jamais parvenus à décramponner tout à fait leurs adversaires.
En face, les Boks, avec une stratégie minimaliste, ont capitalisé sur pratiquement toutes leurs occasions de marquer, par la botte de Pollard et Pat Lambie. L'indiscipline chronique des champions du monde en titre a ainsi permis aux partenaires de Bryan Habana de virer en tête à la pause (12-7), seul un essai de Jerome Kaino venant récompenser les efforts néo-zélandais.
Finalement, il a fallu un bon coup d'accélérateur en début de seconde période pour voir les hommes de Steven Hansen prendre enfin les commandes du match. Un drop de l'emblématique ouvreur Dan Carter, puis un essai de Beauden Barrett transformé par Carter, donnaient un ballon d'oxygène aux Blacks (17-12).
Ils pourront s'en vouloir toutefois de ne pas avoir su profiter de cet élan pour enterrer les Springboks, pourtant réduits à 14 après l'exclusion temporaire d'Habana (52). Au lieu de cela, ils disputaient toute la fin de match la peur au ventre et sans doute auront-ils ce scenario dans un coin de la tête pour prévenir tout excès de suffisance avant d'aborder en immenses favoris l'épilogue de la compétition samedi prochain.