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Comme les All Blacks, ils jouent en noir et font le haka. Mais leur popularité est incomparable: les Kiwis, l'équipe de Nouvelle-Zélande de rugby à XIII, vivent dans l'ombre des légendes du XV.
Alors que Richie McCaw et ses coéquipiers se préparent à défendre samedi leur titre mondial face à l'Australie, eux s'entraînent à Perpignan avant une série de test-matches en Angleterre.
Sur le terrain des Dragons Catalans, une centaine de fans sont venus leur demander des autographes. Et pour cause, dans le monde assez confidentiel du XIII, les Kiwis -- dont tous les joueurs évoluent dans la très relevée National Rugby League (NRL) australienne qui compte une franchise néo-zélandaise, les New Zealand Warriors -- sont la meilleure équipe mondiale.
Mais malgré ce statut, ils restent des inconnus comparés aux All Blacks.
"La question ne se pose même pas. Les All Blacks sont une légende. Cela fait partie de notre culture. Vous les Français, vous avez la baguette. Nous on a le rugby à XV, c'est une religion. On mange rugby, on dort rugby", sourit Sir Peter Charles Leitch, ancien manager des Kiwis et businessman haut en couleurs, qui se revendique "fan numéro un" des Kiwis.
"C'est un fait en Nouvelle-Zélande de vivre avec le mantra All Black. Quand on est jeune, le premier réflexe est de jouer au rugby à XV qui a une empreinte beaucoup plus importante dans le pays que le XIII", abonde Brent Gemmell, manager général des Kiwis en charge de la performance.
Les chiffres parlent d'eux mêmes: 30 à 40.000 licenciés de rugby à XIII contre environ 140.000 de rugby à XV sur l'île au long nuage blanc. Mais dans certains quartiers, certains milieux, on vit pour le XIII.
Historiquement, comme en Angleterre -- où la scission donnant naissance au XIII (Rugby League en anglais par opposition au Rugby Union, le jeu à XV) découle de la volonté des joueurs de condition ouvrière de recevoir des compensations pour les heures de travail perdues -- "le XIII attire plus de joueurs de condition modeste car ce sport est plus dur, avec plus de contacts". Ainsi que nombre de jeunes d'origine samoane ou tongienne au physique taillé pour ce sport, souligne Brent Gemmell.
- Champions du monde en 2008 -
Petits Poucets par rapport aux Blacks, les Kiwis ont toutefois fait de grands pas en avant ces dernières années. Champions du monde pour la première fois en 2008, victorieux lors de leurs trois derniers tests-matchs contre les Kangaroos australiens, maîtres historiques du XIII avec dix titres mondiaux, ils sont devenus la nation numéro un au classement de la Fédération internationale de rugby à XIII.
Grâce à un homme: Stephen Kearney, leur coach depuis le titre mondial de 2008 après avoir été l'un des joueurs les plus capés de l'histoire des Kiwis (45 sélections de 1993 à 2004).
"Cela ne s'est pas fait en une nuit, cela a été un long processus de conquérir le statut que nous avons aujourd'hui dans le monde du rugby à XIII. Et grâce à cela, les jeunes veulent jouer pour les Kiwis maintenant !", se félicite-t-il.
Mais, selon lui, si le XIII se développe, il se heurtera toujours à un obstacle de taille: la prépondérance des All Blacks.
"Les All Blacks sont une véritable marque" et face à eux "nous n'avons pas le soutien financier qui nous permettrait de développer ce sport comme nous le voudrions. Pour une entreprise partenaire, la réalité commerciale est difficile" alors que le nombre de matches internationaux et leur couverture médiatique sont largement inférieurs, regrette Kearney.
Mais, signe que les deux univers ne sont pas rivaux, Peter Charles Leitch montre un SMS à peine reçu de l'ouvreur des All Blacks Dan Carter qui espère que les "gars apprécient Perpignan (où Carter a joué à l'USAP, ndlr), un super endroit".
Et samedi, depuis Wigan où ils affronteront le lendemain l'Angleterre, les Kiwis seront tous devant leur télévision pour soutenir les Blacks. "J'espère qu'ils rentreront dans l'histoire à Twickenham" en étant la première équipe à conserver son titre mondial. "Toute la Nouvelle-Zélande est derrière eux", souligne le Kiwi Lewis Brown.