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Séché net par le revers subi dimanche face à l'Irlande, le XV de France est contraint de rapidement rassembler ses esprits et raviver la flamme avant de se mesurer samedi aux All Blacks, en quarts de finale de Coupe du monde.
Pas le temps de s'apitoyer. A peine 48 heures après la déconvenue irlandaise (24-9) lors du dernier match de poule, les Bleus sont tenus de se mobiliser. Aussi inquiétante qu'ait été cette défaite sur le terrain.
"On n'est pas mort, on ne va pas se mettre la tête au fond du sac", exhorte ainsi le demi de mêlée Sébastien Tillous-Borde. "Il faut que nous, on croie en nous, c'est le plus important. Le match de l'Irlande, on va le laisser derrière nous et se projeter sur le match des Blacks."
"Il ne faut pas perdre confiance car le prochain match qui arrive sera plus important", abonde en écho l'expérimenté pilier Nicolas Mas. "Il faut faire abstraction de tout, se mettre dans une bulle pour bien se préparer", appuie-t-il encore.
Dimanche soir, juste après le match, les joueurs se sont réunis pour essayer de solder la déception. Lundi, du temps libre a été accordé à chacun, certains ont pu voir leur famille ou proches, pendant que l'encadrement tentait d'élaborer une suite positive à la triste copie rendue au Millennium de Cardiff, théâtre samedi de ce que tous espèrent être un exploit.
- "Se souder" -
Mardi, le camion de cryothérapie garé devant l'entrée du Celtic Manor de Newport, le camp de base des Bleus, présageait d'une nouvelle matinée axée sur la récupération. Quelques joueurs ont alterné une joyeuse partie de tennis-ballon sur un carré de pelouse et de la musculation avant un retour au terrain programmé dans l'après-midi, sur les installations d'un lycée.
Pendant ce temps, les plus anciens, à commencer par le capitaine Thierry Dusautoir, auront un rôle primordial, celui d'assurer la cohésion d'un groupe forcément meurtri, en se resserrant et en allant puiser une forme de révolte au fond de chacun.
"C'est important de rester ensemble", souligne Nicolas Mas. "Sans que ça nous fasse sortir du match, sans tomber dans l'excès, mais il faut se souder. C'est des semaines où l'on se dit que c'est peut-être la dernière. C'est spécial. On se dit que si on perd, on n'y est plus."
"Franchement ça va être un match qui va rester gravé dans nos têtes pour un bon moment", relève de son côté le talonneur Benjamin Kayser. "L'idée, c?est surtout d?avoir absolument aucun regret et de se préparer à une révolte, en tout cas, avoir énormément de colère pour exprimer notre potentiel à fond."
- "Là pour tout donner" -
Voix pleine de conviction, discours qui s'emballe comme rarement, l'arrière Brice Dulin n'avait pas assez de mots mardi pour décrire la force qui va le pousser cette semaine.
"Moi je ne me vois pas m'arrêter là, j'ai pas envie. Vraiment pas", clame-t-il. "Je suis là pour tout donner. Les 23 qui seront sur la feuille de match aussi. C'est la passion qui parle. Si on est arrivé là, après tous ces efforts, les années passées dans la difficulté, ce n'est pas pour rien."
La rencontre qui se profile lui remue-t-elle les tripes ? "Mais c'est pas que ce match, c'est toute la compétition", répond-il. "J'aime ce sport, d'autant plus la Coupe du monde. Ce n'est pas notre but d'aller en quart de finale et de s'y arrêter. J'ai parfois l'impression que les gens pensent qu'on prend plaisir à être un peu moyen. Ce n'est pas le cas, je vous l'assure."
Lui qui se confie sur son tempérament de (très) mauvais perdant, de râleur, y compris sur un simple jeu à l'entraînement, ne partira pas battu, c'est sûr.
"Si on n'a pas envie de relever le défi et qu'on se voit perdant, autant ne pas jouer le match", martèle-t-il. "Mais ce n'est pas dans ma philosophie ni dans celle de l'équipe. On va se persuader qu'on peut renverser les Blacks."