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Engagée dans une course contre-la-montre face à ses démons et sa propre inconstance, l'Australie de Michael Cheika a profité d'une inespérée embellie estivale pour réintégrer le peloton des favoris de la Coupe du monde.
Et si la marque de fabrique des Wallabies ces dernières années n'était pas tout simplement l'auto-combustion ? Réducteur sans doute.
Mais comment oublier la douloureuse succession de Robbie Deans, évincé en catastrophe du poste de sélectionneur juste avant la Four nations 2012, sur les cendres d'une tournée des Lions britanniques et irlandais ratée et houleuse ? Comment mettre sous le tapis le scandale qui coûta sa place à Ewen McKenzie, remplaçant de Deans, parti écoeuré après qu'on lui eut prêté une affaire extra-conjugale ?
A tout cela il faut ajouter les problèmes financiers préoccupants d'une Fédération qui peine à se faire une place, entre cricket, rugby à XIII ou Australian Rules, et entend ses stades sonner tristement creux; les frasques des stars, Kurtley Beale, James O'Connor ou encore Quade Cooper; et l'exode d'autres vedettes, attirées par les sirènes de championnats plus lucratifs, au Japon ou en France.
Bref, le rugby australien frôle l'état d'urgence et la reprise en main de l'équipe nationale par Michael Cheika à l'automne 2014 s'est révélée jusque-là salvatrice.
- Cheika, Larkham, Ledesma au secours -
Certes, sur le plan sportif, son bilan est tout juste équilibré: 4 défaites pour 4 victoires depuis sa prise de fonctions en novembre dernier. Mais Cheika a remis de l'ordre dans une équipe déboussolée, redressant la barre lors du Four nations en juillet-août pour s'adjuger trois victoires de suite et remporter la compétition, une première depuis 2011.
L'ancien entraîneur du Leinster et du Stade Français a su mêler son style, fondé sur un jeu simple, direct et physique, à celui plus créatif de son adjoint Stephen Larkham, ancien ouvreur emblématique avec ses 102 sélections, désormais au chevet de l'attaque des Wallabies.
En faisant appel à Cheika et Larkham, la Fédération australienne (ARU) a aussi voulu transposer les succès de ses provinces au niveau national. Le premier a effectivement conduit les Waratahs au sacre dans le Super 15 en 2014, quand le deuxième a oeuvré avec réussite aux Brumbies, finalistes (2013) et demi-finalistes (2014, 2015) de la compétition.
Autre bonne pioche, le recrutement en janvier de l'Argentin Mario Ledesma pour soigner la conquête australienne. La patte de l'ancien Puma (56 sélection) s'est sentie durant tout le Four nations, notamment en mêlée, traditionnel point faible des Wallabies.
- Le retour de Giteau et Mitchell -
Dos au mur, l'ARU s'est aussi agitée en coulisses en menant depuis un an une politique plus pragmatique. Elle a ainsi assoupli ses règles de sélection pour permettre le retour en jaune de deux joueurs cadres partis à Toulon, le centre Matt Giteau (32 ans, 95 sél) et l'ailier Drew Mitchell (31 ans, 65 sél). Et elle s'est aussi échinée à verrouiller ses meilleurs éléments par d'intéressants contrats, comme l'arrière Israel Folau, le troisième ligne David Pocock ou encore le deuxième ligne Will Skelton.
Evoluant dans un environnement stabilisé, les Wallabies se sont ainsi offert le 8 août le scalp des All Blacks à Sydney (27-19). Un succès fondateur et loin d'être anodin, puisqu'il s'agit de la seule victoire en neuf confrontations face aux rivaux néo-zélandais depuis la dernière Coupe du monde.
Une semaine plus tard, les mêmes Wallabies ont été giflés en retour à Auckland (41-13), en guise de piqûre de rappel: il reste du chemin à parcourir. Et avec 52% de victoires depuis le dernier Mondial - son plus mauvais ratio depuis la préparation de l'édition 1991, qu'elle avait d'ailleurs remportée - l'Australie est loin d'avoir fait le plein de confiance.
Mais elle a envoyé un signal fort à ses adversaires dans la "poule de la mort", l'Angleterre et le pays de Galles: le redressement est en cours. Et 16 ans après son dernier titre, elle revient dans la course.