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Que d'écueils et de pièges sur le chemin du XV d'Angleterre, tenu d'évacuer l'immense pression, chasser l'émotion et contenir les remuants Fidjiens vendredi (21h00 françaises, 19H00 GMT) à Twickenham, en ouverture de "sa" Coupe du monde.
C'est le D-Day pour les "boys" du sélectionneur Stuart Lancaster ! Les voilà projetés au coeur des attentes de tout un pays, scrutés aussi par la planète ovale qui piaffe d'impatience en coulisses, pressée d'en découdre.
On a rabâché à cette génération élevée sur les cendres d'un Mondial-2011 raté qu'elle était privilégiée d'accueillir pendant six semaines une telle compétition. De quoi nourrir l'espoir secret de rafler un deuxième titre, douze ans après celui conquis par la bande de Jonny Wilkinson en Australie.
"Vendredi sera un grand jour pour toute l'équipe et tout le pays", s'enthousiasme Lancaster. "Nous sommes dans une position unique puisque nous jouons une Coupe du monde sur notre sol avec le soutien derrière nous de toute une nation."
Mais il faudra avoir les épaules bigrement solides pour ne pas se faire absorber par l'exaltation du moment, frappé de stupeur et tremblement. Rattrapé par les passions, le fantôme du XV de France avait ainsi raté sa mise en route en 2007 devant son public face à l'Argentine (12-17).
"D'un point de vue émotionnel, ce sera comme des montagnes russes", prédit ainsi le capitaine Chris Robshaw, homme de base du mandat de Lancaster et chargé d'insuffler de la sérénité dans les rangs.
Il faut dire que la charge symbolique se double d'un véritable enjeu sportif. Le XV de la Rose est versé dans une poule (A) si relevée, aux côtés de l'Australie et du pays de Galles notamment, que tout faux pas serait quasiment rédhibitoire en vue de la qualification pour les quarts de finale.
- La menace fantôme fidjienne -
S'il est de bon ton de ménager un certain suspense, en insistant sur l'imprévisible menace fidjienne, le XV de la Rose est toutefois en théorie bien supérieur. Les îliens avaient été rossés lors leur dernière visite à Twickenham en 2012 (54-12) et, pour retrouver trace d'une belle performance face à une nation majeure - en exceptant le succès contre une Italie déliquescente en juin 2014 -, il faut remonter à 2010 et un mach nul au pays de Galles (16-16).
Un succès des Fidjiens serait donc un exploit majeur de l'histoire de la Coupe du monde. "Mais ils seront prêts à nous défier", rétorque Lancaster, qui lorgne sûrement l'impressionnante ligne de trois-quarts adverse.
Il est vrai qu'entre l'ailier Nemani Nadolo, star du Super 15, Waisea et Talebula, qui figurent parmi les meilleurs marqueurs d'essais du Top 14, et le centre Vereniki Goneva, très en vue à Leicester, les "Fidjiens volants" représentent un danger permanent s'ils sont pris à la légère.
Le pack s'est également structuré, notamment en conquête, grâce au travail du sélectionneur, le Néo-Zélandais John McKee. Le deuxième ligne de Glasgow Leone Nakarawa est par exemple considéré comme l'un des meilleurs spécialistes du secteur de la touche.
"On sait qu'il faudra être à notre meilleur niveau pour décrocher le résultat que nous voulons vendredi soir. Dans ce cas, nous pourrons les bousculer", assure McKee, qui n'a pu toutefois se préparer que contre des nations de seconde zone, pour un bilan encourageant (4 victoires, 1 nul, 1 défaite) depuis début juillet.
Mais il est clair que le défi physique qu'imposera l'Angleterre, très armée en la matière, sera prépondérant. Et si le XV de la Rose commence à imposer sa stratégie, il sera quasiment impossible aux Fidji de répondre. Aux Anglais de se montrer à hauteur de l'événement.