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Le choix des hommes, le collectif, la dimension mentale ? L'Angleterre cherche les raisons qui ont précipité l'élimination du XV de la Rose de "sa" coupe du monde, après deux défaites face au Pays de Galles et surtout contre l'Australie (33-13).
L'avenir du sélectionneur Stuart Lancaster devrait également faire débat au cours des prochains jours.
Trop jeunes. Nommé sur les ruines d'une élimination en quart de finale du Mondial-2011, émaillé par des incidents extra-sportifs, le sélectionneur Stuart Lancaster avait fait de la discipline sa priorité absolue. Dans ce cadre, il s'est privé de joueurs de fort caractère, notamment le talonneur Dylan Hartley, écarté pour brutalités répétées sur les terrains et le centre Manu Tuilagi, coupable d'avoir agressé un... policier quatre ans après avoir plongé dans le port d'Auckland pour marquer la fin de la Coupe du monde en Nouvelle-Zélande! Il a également sans doute manqué au XV de la Rose un vrai spécialiste des "rucks", comme Steffon Armitage, joueur du RC Toulon, mais bloqué par la sacro-sainte règle empêchant la sélection de joueurs évoluant dans des championnats étrangers. Lancaster s'est appuyé sur des joueurs certes talentueux, mais très jeunes, à l'image du capitaine Chris Robshaw (29 ans), qui n'était pas là en 2011. Ce manque d'expérience et de vécu a peut-être coûté cher dans les moments-clés. Notamment lorsque Robshaw choisit une "penaltouche" plutôt que de chercher à égaliser face au pays de Galles le 26 septembre. Ou dans la "tempête" face à l'Australie.
Trop de pression. Le XV de la rose a été soumis à une pression énorme. D'abord par le comité organisateur (England 2015) qui prétend organiser la plus belle Coupe du monde de tout les temps. Avec un corollaire indispensable: un beau parcours de l'équipe nationale. L'absence de résultats tangibles et durables depuis quatre ans (27 victoires, 1 nul 17 défaites en 45 matches sous Lancaster) n'a pas contribué à calmer les attentes de la presse et du public.
Quel plan de jeu ? Habitués à des "plans de jeu" très précis, les Anglais sont sortis des rails depuis la fin du match face au Pays de Galles. Ils furent incapables de résister au retour gallois. Puis samedi, face aux Australiens, ils ont été incapables de s'adapter face aux problèmes posés en mêlée fermée et dans les "rucks". Les changements répétés aux postes clés -- ouverture (entre le gestionnaire Farrell et le feu-follet Ford) et centre (entre le bulldozer Burgess et le talentueux Joseph) -- ont semblé désorienter l'équipe, perdue. Le collectif a également été trahi par certaines individualités comme le pilier Joe Marler ou le demi de mêlée Ben Youngs, très en-deçà des canons internationaux.
Et maintenant ? Dès le coup de sifflet final samedi soir, Stuart Lancaster a endossé l'échec. "On est dévastés d?être éliminés, on ne peut pas mettre de mots sur la déception que l'on ressent. Comme je l'ai dit ces derniers jours, c'est à moi que revient toute la responsabilité", a-t-il dit. Interrogé sur une éventuelle démission, il a renvoyé vers le dernier match, pour l'honneur, face à l?Uruguay le 10 octobre à Manchester. Dimanche matin, il a reçu le soutien de sa vénérable fédération (RFU). "Il n'y aura pas de réaction hâtive après la performance de l'Angleterre dans cette Coupe du monde", a déclaré dans un communiqué Ian Ritchie, directeur exécutif de la RFU. Le sélectionneur, dont le contrat a été renouvelé dès octobre 2014 jusqu'en... 2020, plaide que la génération éliminée samedi arrivera à maturité en 2019 lors de la Coupe du monde au Japon. Il renvoie ainsi au glorieux passé du XV de la rose. Son prédécesseur Clive Woodward s'était accroché à son poste après une élimination en quart de finale du Mondial-99 face à l'Afrique du Sud. Avant de décrocher le titre suprême quatre ans plus tard.