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Assumant "un échec total" du XV de France à la Coupe du monde, le président de la Fédération (FFR) Pierre Camou a indiqué à l'AFP être "prêt à tout" pour sortir le rugby français du marasme, y compris l'établissement de contrats fédéraux pour les meilleurs joueurs.
Sur les cendres encore chaudes de la débâcle historique essuyée samedi soir face aux All Blacks (62-13) en quarts de finale de Coupe du monde, la FFR semble animée du sentiment qu'il est urgent de reprendre la main.
Son président Pierre Camou a ainsi exceptionnellement dérogé à son habituel silence médiatique pour revenir lundi auprès de l'AFP sur le "moment difficile" que vit le rugby français. "On s'était fixé des objectifs importants, donc cette défaite est un échec total", a-t-il reconnu, en assumant "la responsabilité absolue".
Au-delà de ce procès-verbal, de quelles armes dispose encore la Fédération dans un environnement où les clubs professionnels, adossés à la manne des droits télévisuels, ont pris l'ascendant financièrement et maîtrisent l'essentiel du quotidien des joueurs ? Le puissant Top 14 sert logiquement d'abord ses intérêts, qui ne coïncident plus avec ceux de l'équipe de France.
En réponse, M. Camou a d'abord annoncé la convocation d'un "bureau fédéral extraordinaire jeudi matin".
"J'attends que tout le monde s'exprime librement, fasse les constats, donne son regard et ait du courage", a-t-il plaidé. "J'espère que tout le monde va prendre conscience que dans l'intérêt du rugby, le XV de France doit être au centre de notre organisation."
- Camou "prêt à tout" -
Surtout, Pierre Camou espère réunir rapidement autour d'une table la Ligue, qui représente les clubs professionnels, et la Fédération, afin de trouver un nouveau modus vivendi, notamment sur la mise à disposition des internationaux. Enterrant ainsi la convention bancale entre les deux instances signées fin 2013, qui n'a cessé de craquer sous toutes les coutures et qui fait regretter encore aujourd'hui à Pierre Camou de ne pas "avoir eu le courage" d'aller jusqu'à la "rupture" avec les clubs.
De son propre aveu, les avancées alors obtenues "ne sont pas suffisantes. Il faut encore aller beaucoup, beaucoup plus loin." "Le système n'est pas parfait (...) et il montre là ses limites", a-t-il encore reconnu.
Cette fois, Pierre Camou est déterminé à mettre sérieusement au programme le sujet des contrats fédéraux, qui permettraient à la FFR d'employer les meilleurs joueurs et ainsi contrôler leur temps de jeu. Une petite révolution en France où l'on a longtemps vanté la +culture club+, mais une mesure commune ailleurs, notamment dans l'hémisphère sud.
"Je suis prêt à tout", a-t-il assuré. "A condition que chacun prenne conscience de la situation. Ramer à contre-courant est difficile et ramer dans un environnement de l'argent est souvent très compliqué."
Pour plusieurs acteurs interrogés par l'AFP - joueurs, entraîneurs, dirigeants fédéraux - ce système de contrat est désormais l'unique voie possible pour améliorer les performances des internationaux français, pris dans l'étau d'un calendrier démentiel entre Top 14, Coupe d'Europe, matches internationaux et même rencontres amicales de pré-saison.
De sources concordantes, la proposition, qui a depuis longtemps ses thuriféraires à la Fédération, avait déjà été formulée il y a plus d'une dizaine d'années lors de négociations, mais avait été évacuée par les présidents de club, peu enclins de perdre la maîtrise de leurs joueurs.
- Trouver des ressources -
Entre-temps, c'est ce système qui a été appliqué pour les équipes de France de rugby à VII, en vue d'obtenir la qualification pour les jeux Olympiques de Rio 2016. "Sans contrat, nous ne serions nulle part", a ainsi souligné Pierre Camou.
Pour le président de la FFR, il s'agira surtout de "volonté politique" de tous les acteurs pour donner naissance à ces contrats. Subsiste toutefois la question des moyens de financement, alors que la FFR cherche de nouvelles ressources.
Sur le long terme, Pierre Camou espère que l'hypothétique stade de la FFR, qui est encore à l'état de projet, alimentera les caisses. Mais en attendant ? "Le problème est bien là", a admis M. Camou.
Quelques solutions existent. Vingt-trois millions d'euros sur 4 ans sont déjà distribués par la Fédération à la Ligue, afin d'indemniser la mise à disposition des internationaux. Cette somme sera logiquement dégagée.
Ensuite, peut-être la FFR sera contrainte de trouver de nouveaux partenariats pour financer tel ou tel contrat particulier. Un montage qui s'est vu en Irlande, où pour faire revenir de France l'ouvreur Jonathan Sexton, il a fallu recourir à des sponsors privés.
Enfin, un compromis est imaginable pour n'employer que +partiellement+ les meilleurs joueurs, leurs salaires étant partagés entre Fédération et club. Cela supposerait toutefois un degré d'entente rarement constaté dans le rugby français ces dernières années.