Happy Birthday : |
Qui peut stopper les All Blacks ? Pas le XV de France en tout cas, balayé samedi en quart de finale de la Coupe du monde (13-62) par une force collective s'appuyant sur des individualités hors norme, qui passera au révélateur sud-africain samedi prochain.
Un collectif parfaitement huilé...
"Ce fut l'une des meilleures performances collectives que j'aie vues depuis un moment." Le commentaire ne vient pas des Bleus, submergés, mais d'un des entraîneurs de l'exigeant encadrement des All Blacks. "Nous avons eu beaucoup de ballons rapides et de qualité, et la connexion avants/trois-quarts a été excellente. J'ai surtout été impressionné par l'effort collectif", a apprécié Ian Foster.
Ses troupes ont en effet affiché une incroyable puissance collective qui leur permet de dominer le rugby mondial depuis leur titre de champion du monde 2011 (trois défaites seulement). Précision et rapidité de nettoyage autour des rucks, vitesse d'exécution, redistribution avants/trois-quarts parfaite, puissance et endurance pour imposer d'interminables séquences: tout y était.
La marque d'une équipe sûre de sa force, rodée depuis de nombreuses années, qui maîtrise parfaitement son plan de jeu et s'y tient. "Quand on vient à la Coupe du monde, on vient avec un plan. Nous en avons un et il a été mis en cause. Mais les gens à l'intérieur du groupe ne le mettent pas en cause. Nous avons confiance en ce que nous faisons et ce match reflète notre point d'avancement", a ainsi souligné après le match le sélectionneur Steve Hansen.
Le résultat, aussi, d'un travail mental effectué depuis quelques années sous la houlette du préparateur Gilbert Enoka, afin de résister à la pression énorme qui entoure les All Blacks, dont l'esprit et le plan de jeu ne doit pas être parasité par le contexte entourant une rencontre, en l'occurrence samedi les retrouvailles avec le XV de France, leur bête noire.
... servi par des talents exceptionnels
Cette partition est mise en musique par des joueurs de talents à tous les postes ou presque. Chez les All Blacks, les avants jouent comme des trois-quarts. Même les piliers sont capables de gestes techniques impressionnants, comme l'ont montré en deuxième période les remplaçants Charlie Faumuina ou Joe Moody. Et le deuxième ligne Brodie Retallick, meilleur joueur du monde en 2014, avait lui les jambes pour venir contrer le coup de pied de Frédéric Michalak sur le premier essai.
Et que dire derrière? Parfois critiqué pour son influence déclinante, son âge avançant (33 ans), l'ouvreur Dan Carter a superbement répondu à tous ses détracteurs. Après avoir pris un intervalle, il a ainsi raffuté Pascal Papé puis superbement servi d'une chistera Julian Savea sur le troisième essai. Ma'a Nonu (33 ans) ou Conrad Smith (34 ans) ont aussi prouvé que le nombre d'années n'altérait pas le talent.
Mais revenons à Savea: en inscrivant un triplé samedi, il a porté son total d'essais à 38 en 39 sélections! Comparé à la légende Jonah Lomu pour son alliage vitesse-puissance, l'ailier (1,92 m pour 108 kg) a, sur le quatrième essai, balayé Noa Nakaitaci puis Scott Spedding comme de simples quilles au bowling. Sur l'autre aile, Nehe Milner-Skudder (1,80 m pour 90 kg), qui a effacé Brice Dulin d'un crochet intérieur magistral pour marquer le deuxième essai, est la preuve qu'il y aussi de la place pour les "petits" gabarits. Et la liste est encore longue...
Et maintenant, place aux Boks !
Vu le tableau, difficile d'imaginer ces All Blacks ne pas soulever dans deux semaines leur deuxième Coupe Webb-Ellis d'affilée. Et pourtant, un tout autre défi devrait leur être proposé samedi prochain, en demi-finale face aux Springboks, leurs meilleurs ennemis. Hansen en est conscient: "Ils ont montré une grosse force mentale. Cela va être rude, comme à chaque fois contre les +Boks+. Ils savent percuter, jouer au pied mais ont aussi des arrières rapides", a-t-il expliqué dimanche.
Et le sélectionneur de laisser entendre qu'il adoptera un plan de jeu légèrement différent afin de contrer le gros défi physique imposé par les Sud-Africains. "Nous devrons réinventer certaines choses. La stratégie employée dépend de votre adversaire." Si, en plus, les All Blacks sont capables de s'adapter...