Happy Birthday : |
L'ailier Juan Imhoff incarne la joie de jouer et les émotions qui portent les Argentins, adversaires de l'Australie en demi-finale de la Coupe du monde dimanche à Twickenham.
Ballon calé sous le bras droit, Juan Imhoff, 27 ans, salue la foule, en inscrivant le quatrième et dernier essai face à l'Irlande en quart de finale... Cet instantané résume peut-être l'ailier des Pumas et du Racing 92.
Un léger rictus sur les lèvres, il plonge avidement pour sceller le succès argentin (43-20). "Ce plongeon, ce n'est pas ce qu'il y a eu de plus spectaculaire dans ce match. Il y a quand même eu d'autres..."
Un peu provocateur le geste? "Non, si cela sert le rugby argentin tant mieux. Sinon, je demande pardon. Mais bon... Ce n'est pas un exemple à retenir, peut-être que je me suis laissé envahir par les émotions", concède Imhoff, auteur de 21 essais en 34 sélections sous le maillot des Pumas. Et surtout cinq essais depuis le début du Mondial-2015.
Joie, émotion... Ce cocktail sentimental, que les sportifs manient avec précaution, semble guider les Pumas et leur ailier gauche depuis le début du Mondial. "Avant ce match, j'avais dit qu'il faudrait éviter de se laisser envahir par les émotions mais à ce moment-là, il y en avait tellement que je n'ai pas pu."
"Les souffrances endurées sont remontées. C'est pour cela que je souris, que je semble aussi content. Parce que comme équipe nous sommes en train de vivre quelque chose de fort", lâche-t-il.
-'Un seul drapeau...'-
Juan Imhoff joue avec toute la palette des sentiments. Ainsi, il partage ses performances, les analyse et les commente avec ses proches.
"Le plus critique, c'est moi. Ensuite, il y a mon père (Jose Luiz, sélectionneur des Pumas dans les années 1990, NDLR) et mes frères. Ma grand-mère n'est plus là, mais elle aussi parlait de rugby. On a été élevés comme ça. La pression peut venir de n'importe où, dans un sens ou dans l'autre. Depuis que je suis gamin, j'ai vécu avec la pression. On me disait: +Si tu fais quelque chose, fais le bien.+ Et ça, aujourd'hui cela me permet de supporter la pression."
L'ailier semble se nourrir de tout. Y compris du scepticisme qui a accompagné ses débuts dans le rugby. "J'ai souffert parce qu'on me mettait de côté en raison de mon gabarit; parce que j'étais trop maigre. Et cela a demandé beaucoup d'efforts et de sacrifices pour arriver au point où j'en suis (1,85 m, 90 kg). Je suis content d'y être parvenu. Je n'étais pas un privilégié, même si c'est vrai que j'ai toujours été rapide", explique-t-il.
Pour alimenter la "machine à sentiments", Imhoff peut également compter sur l'environnement particulier des Pumas. La visite de "l?idole de tous les Argentins" Diego Maradona, descendu dans les vestiaires pour danser et chanter avec les Pumas après la victoire face aux Tonga (45-16), le 4 octobre, l'a particulièrement touché. "Un moment de ma vie que je n'oublierai pas", dit-il.
Et puis, il y a tous les encouragements qui émanent des stars du foot (Mascherano, Lavezzi..). "Le foot en Argentine, est au-dessus de tout, souligne-t-il. Le rugby ne le concurrencera jamais. Même nous les Pumas, on a cette culture foot. Mais à chaque fois qu'une équipe nationale va loin dans une compétition, on est tous Argentins. Il n'y a qu'un drapeau qui compte; le bleu ciel et blanc". Dimanche, avant le coup d'envoi, Imhoff cherchera sans doute dans les tribunes un emblème, pour décupler (encore un peu) sa motivation. Et si Maradona est là...