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Un bruit d'enfer, et puis soudain un silence de cathédrale: Twickenham était KO debout après la défaite de l'Angleterre face à l?Australie (33-13), synonyme d'élimination de sa Coupe de monde de rugby.
Les appels à la mobilisation générale, les références à saint Georges, les Swing Low Sweet Chariot déferlant des tribunes pour couvrir l'annonce de la composition des Wallabies et, enfin, le baroud d'honneur final: tout ça n'aura donc servi à rien.
Samedi soir, peu avant 22h00, l'Angleterre toute entière était en deuil après l'humiliation infligée au XV de la Rose, première équipe hôte à quitter la compétition dès la phase des poules.
Aux quatre coins du pays, les pubs se sont drapés de noir. Devant leur télévision, ils étaient plus de dix millions à se taper la tête contre la table basse, pendant que le diffuseur ITV commençait à calculer les dégâts: entre 1 et 2 millions de livres par match perdus à cause de revenus publicitaires en baisse.
Mais c'est à Twickenham, le vénérable temple du rugby, que la tristesse était la plus grande, tellement le stade était empli d'espoir au coup d'envoi, et les gorges nouées avant de se libérer lors d'un God save the Queen monumental.
L'ennui, c'est que sur le pré, les joueurs anglais ont, eux, mis une heure à se libérer, lorsqu'il fut déjà trop tard. Sans imagination, anesthésiés par la défense des Wallabies, ils ont d'abord vécu un calvaire face au magique Bernard Foley, auteur des 17 points de son équipe à la mi-temps.
Dans la présidentielle, le prince Harry, vêtu du maillot blanc de la Rose, se grattait ses boucles rousses. Twickenham, devenu bien calme, était sous le choc. Comme s'il se doutait déjà que l'exploit désormais demandé aux hommes de Stuart Lancaster était trop grand pour cette équipe-là.
Le Temple y a pourtant cru de nouveau lorsque Watson est allé aplatir dans le coin droit à la 56e minute pour décréter un quart d'heure de folie totale.
Jusqu'au carton jaune pour Farrell, pénalité australienne en prime, qui faisait basculer à nouveau le stade dans le désespoir, hormis les petits carrés jaunes de supporters australiens.
- Trop polis, pas assez guerriers -
"C'est toujours jubilatoire de battre les +Poms+ et leur arrogance", expliquait David Campese, l'ancienne gloire des Wallabies, avant le match.
Avant même le coup de sifflet final, des grappes entières de supporters sont alors parties noyer leur chagrin dans les pubs, avec la promesse d'une gigantesque gueule de bois.
Ils n'auront même pas vu le dernier essai australien, venu couronner une soirée triste comme une rose flétrie.
L'automne était pourtant censé être tellement beau! Tellement plus glorieux qu'en 2011 lorsque les Anglais, éliminés par la France en quarts de finale, avaient fait scandale en assistant à un concours de lancer de nains.
Recevoir le monde à domicile était l'occasion rêvée de renvoyer une image positive, celle d'une équipe de garçons sympas, tendus vers un même but.
Encore raté ! Pour la fédération, l'élimination met un terme abrupt à l'opération séduction mise en place.
Et les joueurs, s'ils ont été irréprochables en dehors du terrain cette fois, sont tombés dans l'excès inverse en se comportement comme des garçons inoffensifs.
"Des écoliers", disait cette semaine l'ancien capitaine Will Carling, étouffés par l'ancien prof de gym Stuart Lancaster.
Les critiques vont redoubler d'intensité dans les jours qui viennent. "Le rugby anglais a plus de moyens, plus d'argent et plus de joueurs qu'aucune autre nation au monde. A Twickenham, les personnes qui s'occupent de la pelouse à la mi-temps portent le costume, pour l'amour du ciel", s'est emporté l'ancien deuxième ligne Paul Ackford.
Trop gâtés, trop polis, pas assez guerriers. Le refrain risque de les poursuivre très longtemps.