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Haltères, tractions, pompes... A 35 ans, le Roumain Ovidiu Tonita s'est entraîné assidûment avant de disputer sa cinquième Coupe du monde de rugby, un exploit dont seul le Samoan Brian Lima et Mauro Bergamasco, présent dans le groupe italien, peuvent se vanter.
"J'en suis fier, je me sens honoré", confie à l'AFP le troisième ligne aile, joueur roumain le plus capé avec 65 sélections à son actif.
Du haut de ses 195 cm pour 107 kilos, il raconte avoir découvert le rugby à 17 ans à Barlad, sa ville natale de l'est de la Roumanie.
Deux en plus tard, lors d'un match de préparation pour la Coupe du monde 1999 au Royaume Uni, il est repéré par un agent français qui lui propose d'évoluer dans l'Hexagone. Son périple en France commençe à Grenoble (2001-2002), puis passe par Biarritz (2002-2004), Perpignan (2004-2012), Carcassonne (2012-2014) et enfin Aix-en-Provence.
"C'est en France que j'ai appris ce que c'est que le vrai rugby, c'est là que j'ai progressé en un an plus que je ne l'aurais fait en deux ou trois ans ici", en Roumanie, dit-il.
Et c'est toujours en France qu'il a vécu le plus beau moment de sa carrière: "C'était en 2009, quand Perpignan a été sacré champion. Le club attendait ce titre depuis les années 1950, ce fut une fête extraordinaire."
- Financement insuffisant -
Comment explique-t-il l'écart entre les deux pays? "En France, il y a de très bons centres de formation, tous les ans il y a de nouveaux joueurs, aussi bien juniors que seniors, qui s'imposent, et on y investit beaucoup. En Roumanie, c'est plus compliqué pour le sport", déplore-t-il, en évoquant un financement insuffisant.
Avec 8.000 licenciés seulement et un championnat professionnel hoquetant, la Roumanie est aujourd'hui loin de l'âge d'or qui l'a vu battre à plusieurs reprises les Bleus; la dernière fois en 1990.
"Il y a des jeunes talentueux en Roumanie mais je ne sais pas combien vont pouvoir continuer" en l'absence de revenus décents, dit Tonita, amer.
Pas de surprise alors qu'une vingtaine de Roumains évoluent aujourd'hui en France, pays dont la Roumanie a d'ailleurs importé le rugby au début du XXe siècle, par le biais de jeunes ayant fait leurs études à Paris.
"Toni" pour ses camarades roumains, "TNT" ou encore "la Flèche" pour ses anciens coéquipiers français... Il estime que la recette du succès dans ce sport comprend trois ingrédients de base: "beaucoup de travail, humilité et le désir d'être le meilleur".
Le préparateur physique de la sélection roumaine, le Français Alexis Desjardin, confirme: "Il travaille aussi dur que le plus jeune membre de l'équipe et n'affiche pas des airs de vedette".
- "Force motivante" -
Seize ans après sa première Coupe du monde, en 1999, où il faisait partie de la sélection roumaine même si finalement il n'entra pas sur le terrain, Tonita espère que les "Chênes" feront belle figure et gagneront deux matches au Mondial. "Je veux montrer que nous sommes une bonne équipe, avec des joueurs de talent", dit-il.
"Tonita est l'une des principales forces motivantes de la sélection, grâce à son expérience il comprend ce que c'est la Coupe du monde et cela nous a inspirés, il a beaucoup aidé l'équipe", souligne l'entraîneur, le Gallois Lynn Howells.
Ensuite, Tonita compte rentrer en France. Il sera temps de réfléchir à une éventuelle prolongation de contrat avec Aix-en-Provence.
Et lorsque le moment de raccrocher ses crampons viendra, il envisage de prendre des cours pour devenir préparateur physique. Car depuis sa première rencontre avec le rugby, celui qui, enfant, rêvait d'être chauffeur de camion comme son père, ne peut plus concevoir sa vie loin du ballon ovale.