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Technicien aussi réputé que réservé, le sélectionneur de l'Italie Jacques Brunel affronte samedi peut-être pour la dernière fois le XV de France, son ancienne maison qu'il voudra ébranler pour son entrée dans la Coupe du monde.
Forcément, il doit avoir "ciblé ce match", comme le pense Damien Chouly, troisième ligne des Bleus qui a été sous les ordres de Brunel à Perpignan entre 2007 et 2011.
L'occasion est belle pour le Gersois de 61 ans de soigner sa sortie, puisque sa mission à la tête de l'Italie pourrait prendre fin avant le terme de son contrat, en juin 2016.
Ses adieux devraient être discrets, à l'image de l'homme, décrit comme "peu expansif" mais très proche de ses joueurs à Perpignan, avec qui il a rapporté, en 2009, un Bouclier de Brennus attendu en Catalogne depuis 53 ans.
"Sa grande qualité a été de s'appuyer sur nos atouts, notre identité de jeu, nos forces sans vouloir tout révolutionner, mais en ajustant nos faiblesses", explique à l'AFP David Marty, centre de l'Usap que Brunel a fait évoluer vers un jeu davantage porté sur le mouvement.
- 'Un avant refoulé' -
Trouver un équilibre avants-arrières, comme depuis 2011 à la tête de l'Italie, relève de l'évidence pour Brunel, ancien arrière aux relances virevoltantes devenu chargé des avants chez les Bleus entre 2001 et 2007.
"Oui ce n'est pas commun. Cela prouve tout son intérêt pour le jeu. S'intéresser à la fois aux touches et aux mêlées, c'est une démarche très différente (que d'entraîner les arrières)", reconnaît Franck Azéma, qui a fait ses armes à ses côtés à Perpignan avant de prendre les commandes de Clermont.
"C'est un avant refoulé. Il est plus proche, au niveau de la mentalité, des avants que des trois-quarts", appuie l'ancien Usapiste Grégory le Corvec.
Brunel a laissé son empreinte à Perpignan sans faire de bruit, en faisant passer en douceur ses idées forgées pendant une longue carrière d'entraîneur débutée à la fin des années 80 à Auch, le club de son ami Jacques Fouroux.
"Effectivement c'est quelqu'un de peu expansif, on ne peut pas le nier. Mais en même temps c'est ce qui fait sa force. Il a des choses à dire mais toujours de manière réfléchie. Il sait faire passer ses messages, même si ce n'est pas quelqu'un qui voulait prendre la parole sans cesse et mettre en avant sa position hiérarchique", souligne l'ancien deuxième ligne de Perpignan Olivier Olibeau.
"Sa force est sa capacité à tirer le meilleur d'un groupe, sans être dogmatique, en adaptant ses convictions", abonde le président de la Ligue Paul Goze, qui a fait venir Brunel à l'Usap quand il en était le président.
- 'Comme un chien de berger' -
Il est cependant évidemment arrivé à Brunel d'élever la voix. "Mais ce n'est pas quelqu'un qui gueule pour gueuler. Du coup quand il le fait, ça porte d'autant plus", explique Azéma.
"Il est comme un chien de berger: il ramène tout le temps son troupeau mais sans trop aboyer", métaphorise aussi le manager de Clermont.
Ce "chien de berger" sait être proche de ses brebis à tel point que certains, comme Marty ou Robins Tchale Watchou, sont devenus amis avec leur ancien manager et le revoient près de Perpignan, où Brunel possède toujours une maison.
"C'est parti d'une relation entraîneur/entraîné puis on a développé certaines affinités. Il m'a donné des conseils, quelque chose s'est construit. Il a fait en partie le joueur que je suis", affirme ainsi Tchale Watchou, aujourd'hui à Montpellier.
Grégory Le Corvec se souvient lui que Brunel ne cessait de l'appeler pour le rassurer quand, frappé par une longue blessure, il était "pratiquement donné perdu pour le rugby".
Mais ce travail de proximité a-t-il pris en Italie ? Cette semaine, l'ailier Mirco Bergamasco, non retenu pour la Coupe du monde, n'a pas été tendre avec l'entraîneur, qu'il a épinglé pour son manque de dialogue avec le groupe.
"Conneries !", a balayé le troisième ligne Simone Favaro. Le reste de la réponse sera fourni samedi soir, sur le terrain de Twickenham.