Happy Birthday : |
L'ouvreur Dan Carter a signé une 112e et dernière partition majuscule sous le maillot noir, agrémentée de 19 points, pour permettre aux All Blacks de conserver leur titre de champion du monde.
Y penser, parfois, n'en parler jamais... Daniel Carter, 33 ans, avait refusé d'évoquer son dernier match en noir tout au long de la semaine. "Cette finale, il ne s'agit pas de moi ou de ceux qui joueront leur dernier match", avait-il résumé vendredi à la veille de sa dernière sélection.
Car avant de penser au départ pour le Racing 92 où il empochera 1 million d'euros par saison, il y avait une finale à jouer. Et à gagner...
Comme la semaine dernière, Carter a joué un rôle prépondérant. Face aux Springboks en demi-finale (20-18), il avait pris les choses en main en début de seconde période, pour "claquer" un drop décisif qui avait permis aux All Blacks de revenir sur les talons des Sud-Africains.
Une semaine plus tard, même lieu, même endroit. Et presque au même moment. Cette fois encore, le bateau noir est secoué par les Wallabies, qui menés (21-3) en début de seconde période sont revenus à portée des Néo-Zélandais (21-17, 64e) en profitant de l'exclusion temporaire de Ben Smith pour inscrire deux essais.
Mais en cas de problème, Dan Carter est là. Le stratège et le buteur. Alors on lui confie le ballon à quarante mètres des poteaux australiens. Un regard furtif. Il n'a pas d'élan... Peu importe. Le déhanché est parfait. Le drop est déjà parti, linéaire (70). Revoilà les Australiens à distance respectable.
-1598 points, dernier décompte-
Et puis, il y a cette pénalité. Presque au bout du match, au bout de l'effort, après 74 minutes, à plaquer, passer, percuter... Dan Carter s'avance avec sa tranquille assurance.
Il pose le ballon, à 49 mètres des poteaux. Silence dans le temple. La tentative semble freinée par l'air, presque en suspension. Elle passe.
La victoire des All Blacks est scellée. Pour la forme, il inscrira les deux derniers points de sa carrière internationale en transformant le troisième essai de son équipe. Pour porter le record de points inscrits en match international à 1598...
Pour l'anecdote, il a inscrit ces deux derniers point du pied... droit, lui le gaucher exclusif.
"C'était un peu un rêve de réaliser cela", rigole-t-il. "Certains dans l'équipe pensaient que ça n'allait jamais arriver. J'en ai passé quelques-unes à l'entraînement. L'occasion s'est présentée, c'est parfait."
La soirée inoubliable. "Un rêve devenu réalité", dira-t-il dans les minutes suivant la rencontre.
Quelle revanche éclatante sur le sort pour le "boy" de Christchurch, grand absent de la consécration en 2011. Il avait abandonné ses coéquipiers en plein milieu de la phase de poules, terrassé par une blessure à l'aine récoltée à l'entraînement.
Et lors des deux éditions précédentes, il avait accompagné les éliminations prématurées des All Blacks: en demi-finale en 2003 et en quart de finale face à la France en 2007.
Son dernier quart d'heure d'anthologie efface toutes les déceptions et frustrations. Les interrogations aussi sur son état de forme.
La presse néo-zélandaise, qui poussait pour le N.10 des Highlanders Lima Sopoaga, s'était interrogée avant le début du Mondial sur la confiance aveugle qui lui accordait l'entraîneur Steve Hansen. Réponse: parce que Dan Carter est un immense joueur.
Selon Clive Woodward, entraîneur du XV d'Angleterre, champion du monde en 2003, il est même le plus grand demi d'ouverture de l'ère professionnelle avec un certain Jonny Wilkinson, auteur d'un drop libérateur en finale de la Coupe du monde 2003. Aux grands moments, les grands joueurs.