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Meilleur ouvreur de sa génération, le All Black Dan Carter va croiser un de ses successeurs samedi à Twickenham en demi-finale de Coupe de monde, le jeune Springbok Handre Pollard, incarnation de l'avenir et dont le chemin est tout droit tracé.
Il y a des parcours qui rétrospectivement semblent implacables. Comme celui de Dan Carter qui, à 8 ans, à force de casser les carreaux de la maison familiale en frappant des pénalités au-dessus du toit, a contraint ses parents à acheter un bout de terrain supplémentaire et à y installer des poteaux.
Vingt-cinq ans plus tard, l'enfant de Leeston près de Christchurch est logiquement devenu le plus prolifique réalisateur de tous les temps, avec 1569 points inscrits en 110 sélections depuis 2003, et encore 160 minutes pour améliorer ce total avant sa retraite internationale.
Blessé en cours de compétition lors de la dernière Coupe du monde, il avait vécu un peu par procuration la conquête du titre par ses coéquipiers. Quatre ans plus tard, il est bien à la baguette pour orchestrer le jeu All Blacks, à son meilleur niveau comme il l'a montré samedi dernier en quart de finale face à la France (62-13).
Avec 17 points au pied (8/10) et une passe décisive en chistera, précédée d'un raffut sur le massif deuxième ligne Pascal Papé, Carter a montré qu'il ne comptait pas galvauder ses derniers feux sur la scène mondiale avant de rejoindre le Top 14 et le Racing 92.
Sur sa route va cependant se dresser une promesse en pleine ascension, Handré Pollard (21 ans, 18 sél).
- Façonnés pour briller -
A l'image de Carter, élève de la Christchurch Boys' High school comme les sélectionneurs Graham Henry et Steve Hansen, Pollard a suivi le parcours modèle jusqu'au haut niveau, fréquentant le Paarl Gimnasium près du Cap, une des usines à champions du rugby sud-africain qui a notamment façonné Jean de Villiers et Schalk Burger.
Modelé pour briller et détecté très tôt, Pollard a été sélectionné trois fois pour les championnats du monde juniors avec les Baby Boks et a déjà commencé à rafler les distinctions avec une récompense de meilleur jeune de l'année en 2014, décernée par World Rugby. Pas encore toutefois de quoi concurrencer les deux titres de meilleur joueur du monde de Carter, obtenus en 2005 et 2012. Pour l'instant.
"Il a montré de quoi il était capable en peu de temps au niveau international", souligne ainsi Carter au sujet de son cadet. "Ce que j'aime chez lui, c'est sa capacité à attaquer la ligne. Il porte très bien la balle, il a l'air d'être toujours lucide et il lit le jeu extrêmement bien."
Pollard, qui a fini par écarter le gestionnaire Morné Steyn et l'inconstant Pat Lambie, avait déjà impressionné par sa performance l'an passé lors de la victoire (27-25) face aux All Blacks.
Une expérience qui offre un peu de garanties au sélectionneur Heyneke Meyer.
- Pollard a "tout pour lui" -
"Un élément important est que les joueurs doivent pouvoir faire confiance à leur N.10, ils doivent savoir qu'il a du sang-froid et qu'il garde son calme sous pression", relève Meyer. "Et Handré a montré qu'il était fort mentalement".
Pollard confie volontiers que Carter est son "grand modèle", "peut-être le plus grand ouvreur de tous les temps".
Si Meyer assure que son jeune ouvreur "a tout pour lui", il lui reste cependant encore quelques pistes d'amélioration pour égaler son aîné.
"J'ai beaucoup appris depuis mes débuts contre l'Ecosse l'an passé", explique-t-il. "Je n'aimais pas trop taper au pied quand j'ai commencé à jouer au plus haut niveau mais j'ai pris peu à peu conscience que cela fait aussi partie du jeu. Mais c'est vrai qu'avec des gars comme (les centres) Damian (de Allende) et Jesse (Kriel) autour de moi, c'est plutôt tentant de porter un peu plus le ballon".
Alors que de la pluie pourrait tomber sur Twickenham samedi après-midi, Pollard devra cependant adapter son jeu à la situation. Et montrer ainsi qu'il dispose d'une palette aussi complète que Carter, pour un symbolique passage de témoins.