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Israel Folau l'Australien et Mike Brown l'Anglais, opposés samedi dans un choc décisif de la Coupe du monde, ont emprunté deux trajectoires opposées pour devenir parmi les meilleurs arrières du monde: linéaire pour le premier, plus sinueuse pour le second.
+ Folau, la météore
Israel Folau est ce qu'on appelle un surdoué. Avant de jouer à XV, il a ainsi tâté avec succès du football australien et du rugby à XIII, où il a battu tous les records de précocité, devenant le plus jeune joueur à être sélectionné par l'Australie, à 18 ans. La Fédération australienne a donc cassé sa tirelire pour l'attirer dans ses filets, et bien lui en a pris: auteur de deux essais pour sa première sélection en juin 2013 alors qu'il n'avait que quelques mois de pratique à XV derrière lui, il en totalise désormais 18 en 34 sélections, à 26 ans. Et a logiquement été élu meilleur joueur australien, fin août, pour la deuxième année de suite, une première pour un Wallaby.
"Izzy" Folau, très croyant et dont les parents sont originaires des Tonga, ne veut néanmoins pas s'arrêter en si bon chemin: "Oui, j'ai déjà accompli de grandes choses dans le rugby ces dernières années, mais je pense n'avoir encore montré qu'un échantillon de ce que je suis capable de faire. Et ça m'excite vraiment."
Les Anglais espèrent que l'arrière des Waratahs attendra un peu et qu'il n'ouvrira pas son compteur d'essais en Coupe du monde samedi. Le centre Sam Burgess l'a ainsi ciblé comme le joueur à stopper: "Il a des appuis de feu, il est puissant, capable de casser les lignes, solide au plaquage et imprévisible." Ajoutez une habileté sous les ballons hauts grâce à son mètre 93 (pour 106 kg), et vous obtenez le prototype de "l'athlète complet", d'après Burgess.
+ Brown, le revenant
Aussi à l'aise dans les airs malgré un gabarit plus classique pour un arrière (1,83 m, 89 kg), Mike Brown (30 ans, 41 sél.) a lui attendu beaucoup plus longtemps avant de s'imposer dans le XV de la Rose. Car s'il a revêtu sa première cape en mai 2007, le joueur des Harlequins a ensuite connu un long tunnel de quatre ans entre 2008 et 2012. La raison ? Un scandale sexuel dans lequel il a été impliqué avec trois autres internationaux anglais en tournée en Nouvelle-Zélande, en juin 2008.
C'est Stuart Lancaster, l'actuel sélectionneur anglais, qui lui a redonné sa chance et en a fait un de ses hommes de base. Il en a été payé en retour dès le premier match de cette Coupe du monde, face aux Fidji (35-11), avec deux essais. L'arrière a logiquement récolté les éloges de Lancaster: "+Brownie+ a été excellent. Il a cette capacité à battre le premier défenseur et a été source d'inspiration pour toute l'équipe. Il l'a même portée à bout de bras en seconde période."
L'intéressé, lui, n'est pas forcément d'accord, "surpris d'être élu homme du match" alors qu'il a fait "des erreurs au pied". Car Brown, compétiteur acharné, est rarement content de lui. "+Magic Mike+ ? La seule chose que j'ai essayé de lui faire travailler, c'est de le rendre plus souriant", soulignait ainsi récemment en rigolant Graham Rowntree, entraîneur des avants anglais.
Brown est ainsi aussi déroutant sur le terrain qu'en dehors. Un joueur capable de faire sa tête de lard après la défaite face aux Gallois samedi dernier (25-28), où il a répondu laconiquement et le regard fermé en deux mots à chaque question posée par les journalistes de bord de terrain. Mais aussi touchant lorsqu'il avoue avoir été "parano" après le spectaculaire K.O. qui l'a momentanément éloigné du groupe pendant le Tournoi: "Je me disais: +(Les entraîneurs et les joueurs) pensent que je fais semblant, que je me préserve pour la Coupe du monde.+" Brown fait pourtant rarement semblant.