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Le pays de Galles a réussi le coup parfait en renversant samedi l'Angleterre à Twickenham (28-25) au terme d'un match haletant qui jette le voile sur les chances de qualification du XV de la Rose pour les quarts de finale de "sa" Coupe du monde.
Quel scénario, quel exploit ! Alors que l'on pensait s'acheminer tranquillement vers un succès anglais plutôt maîtrisé malgré les coups de boutoir adverses, les Gallois de Sam Warburton sont parvenus à enflammer les dix dernières minutes de la partie pour s'adjuger l'issue de ce match crucial.
Déjà vainqueur en 2008 et 2012 dans le Temple du rugby anglais, le XV du Poireau du sélectionneur Warren Gatland a encore réussi son braquage, au meilleur moment. Grâce à ce succès, le pays de Galles peut en effet légitimement rêver des quarts de finale tandis que l'hôte anglais voit l'horizon se boucher et le spectre d'une humiliation à domicile se rapprocher.
Dans cette poule A dite "de la mort" où navigue également l'Australie, l'Angleterre aura une pression maximale samedi à Twickenham face aux Wallabies, pour une nouvelle soirée d'étincelles et de "Swing Low, Sweet Chariot" au sud de Londres.
Le sélectionneur Stuart Lancaster et toute la génération du capitaine Chris Robshaw y joueront leur destin. Et l'on saura si ce groupe encore jeune a la moelle de son glorieux aîné qui avait conquis la couronne mondiale en 2003, la seule ramenée dans l?hémisphère nord, en battant en finale l'Australie.
"Je suis immensément déçu", a convenu Lancaster. "On était en tête mais on a donné trop de pénalités et on leur a permis de rester dans le match. C'est très frustrant."
- 10 minutes de folie -
Le pays de Galles prend à l'inverse un sacré élan. Lui que l'on pressentait comme le maillon le plus fragile du trio de prétendants, surtout après la perte coup sur coup avant le début de la compétition de deux joueurs-clés, l'arrière et serial-buteur Leigh Halfpenny et le demi de mêlée Rhys Webb, a montré qu'il avait des ressources.
Mené à 10 minutes de la fin, miné par les inquiétantes sorties sur civière de l'arrière Liam Williams, du centre Scott Williams (genou) puis de l'ailier Hallam Amos (épaule), il a su aller chercher au bout de lui-même une victoire que sans doute les Anglais ont cru trop facilement acquise.
Le XV du Poireau devra encore confirmer face aux Fidji (1er octobre) puis sans doute rafler pour la forme au moins un point de bonus contre l'Australie le 10 octobre à Twickenham, pour la dernière levée de la poule. Les Wallabies, qui ont remporté leurs 10 dernières confrontations face aux Gallois, devront en tout cas se méfier: ce XV du Poireau semble décidé à faire mentir les statistiques.
"La joie dans le vestiaire était incroyable", a résumé le sélectionneur Warren Gatland. "Je suis incroyablement fier des garçons. Je ne pense pas avoir montré autant d'émotion qu'aujourd'hui. C'est l'un des plus grands matches dans lequel j'aie été impliqué"
- Arrogance ou négligence ? -
Jamais totalement décramponnés au score, les partenaires de Warburton se sont allègrement nourris des nombreuses fautes au sol anglaises, punies par la botte de l'ouvreur Dan Biggar, auteur de 23 points au total et incontestable homme du match.
Les Anglais, eux, ont trop géré leur avance et peuvent regretter d'avoir abandonné la maîtrise du ballon aux Gallois dans la dernière demi-heure. Ils se sont globalement contentés de surfer sur la bonne forme de l'ouvreur Owen Farrell, préféré pour l'occasion à George Ford et auteur d'un 100% au pied, dont un drop plein d'assurance de 40 m.
Le XV de la Rose s'est aussi reposé sur un essai de l'ailier Jonny May peu avant la fin de la première demi-heure. Après une combinaison en touche et un point de fixation au sol, le demi de mêlée Ben Youngs optait judicieusement pour le petit côté pour expédier May dans l'en-but gallois.
Arrogance, négligence ou impuissance, les hommes de Chris Robshaw ont pensé que cela suffirait. Une fois rattrapé par le pays de Galles dans les ultimes instants, après un essai de Gareth Davies sur une folle relance puis une pénalité de Biggar, ils ont ainsi commis un péché d'orgueil en abandonnant une pénalité qui aurait pu leur permettre d'égaliser, au profit d'une touche qui n'a finalement rien donné.