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Bernard Lapasset, président du World Rugby, organe suprême du jeu, estime que les équipes qui participeront à partir de vendredi à la Coupe du monde, doivent aller vers un jeu plus spectaculaire pour assurer la promotion de leur sport.
Q: Avant même le premier match, les organisateurs anglais et World Rugby présentent cette Coupe du monde comme la plus grande jamais mise en place et la plus aboutie. En quoi ?
R: Une des plus abouties car le rugby fait partie de la tradition depuis toujours. C'est l'occasion pour l'Angleterre de démontrer la force que représente ce rugby à l'échelle de la nation. On sent une fereur extrêmement forte. On a eu des demandes énormes pour tous les matches. On est en rupture. Pour la première fois, on va atteindre des coefficients de 98% de billets vendus.
Q: Cela va-t-il également permettre de dégager des revenus records ?
Q: Le sport fait partie de la culture éducative mais aussi économique du pays. Que ce soit en football comme en rugby. Les Anglais ont essayé de marquer leur territoire sur la billetterie, les hospitalités, des partenaires économiques, des télévisions... Tout cela fait que l'on va battre des records économiques.
Q: Quitte à fixer des prix de places élevés. Est-ce que le commun des mortels peut encore s'offrir un match de Coupe du monde ?
R: Les Britanniques ont souhaité faire un prix du billet en fonction des événements. Il n'y a pas de prix unique. On a un niveau moyen abordable dès le départ avec une moyenne de 20 euros ou moins pour les places les moins chères, ce qui est abordable pour l'ensemble de la population. Par contre, tout ce qui concerne les matches de l'Angleterre a été surévalué. On a connu des demandes très fortes pour ces matches. Cela a permis à England 2015 (Comité organisateur) et à la Fédération de proposer des tarifications supérieures à la moyenne (...) Pour le reste, on est dans une tarification certes de haut niveau mais qui fait référence à d'autres événements comme la Coupe du monde de football ou les JO.
Q: Les Coupes du monde sont souvent fermées, décevantes sur le plan du jeu. Qu'attendez-vous de cette édition ?
Q: Compliqué ! L'enjeu d'une Coupe du monde est très important pour chacun et les joueurs ont du mal à se libérer. Les entraîneurs de leur côté organisent leur jeu de façon à ne pas prendre trop de risques. Les joueurs se sentent paralysés par l'enjeu. Verra-t-on des choses différentes cette année ? Je ne sais pas mais je pense qu'il y a une évolution vers un spectacle dont on sent tous la nécessité. On attend plus que la victoire. Les spectateurs, les partenaires tous ! Je ne parle pas des télévisions qui veulent un spectacle susceptible d'attirer énormément de monde. On va frôler les 4 milliards de téléspectateurs. On a ouvert des marchés en Asie, aux Etats-Unis. Cela oblige à un spectacle qui soit à la hauteur de nos enjeux. Il me semble que le jeu sera plus ouvert qu'il ne l'a été dans le passé.
Q: Le rugby est confronté à d'autres soucis, aux blessures graves notamment avec le problème des commotions qui frappe de nombreux joueurs. Le président de World Rugby a-t-il peur d'un accident avant le début d'une Coupe du monde ?
Q: C'est permanent parce que les chocs sont extrêmement forts. La densité physique des joueurs s'est développée. Ce rugby est devenu un jeu d'affrontement et pas un jeu où la circulation du ballon est la priorité. C'est un danger qui fait courir un risque aux joueurs. On se prépare là-dessus avec un dispositif médical très serré. La santé du joueur est la priorité des priorités. On ne peut pas concevoir un sport qui blesse, qui traumatise. Il faut que l'on soit un sport praticable par tous... On a introduit des mesures. Dans un match, dès qu'il y a un risque potentiel après un choc, ou sur placage, on intervient très vite pour accélérer le processus de traitement.
Q: La Coupe du monde est partie pour sept semaines de compétition. Avec une première phase particulièrement longue. Réfléchissez-vous à un changement de format ?
R: L'élément clé, c'est le temps de repos des joueurs. Ensuite peut-être serons-nous amenés à changer le format de la compétition. Peut-être y aura-t-il une compétition à deux phases ? Je n'en sais rien. (...) On a besoin d'un nombre important d'équipes pour représenter le rugby international à son plus haut niveau. Cela veut dire étendre la qualité des joueurs en plus des pays que l'on a aujourd'hui. Vingt (équipes) c'est limite. Les quatre derniers sont sortis des repêchages, cela signifie que ces équipes ne sont pas encore à maturité professionnelle. Peut-être un jour serons-nous 24 dans une configuration différente, avec une phase qualificative et une phase finale. C'est une réflexion à avoir pour que la Coupe du monde reste l'événement majeur.
Q: En mai, il y aura une élection à la tête de World Rugby, que vous présidez depuis 2007. Envisagez-vous déjà une candidature ?
R: On va en parler avec les dirigeants qui sont là. Tous les présidents des fédérations seront là pendant la Coupe du monde. On va faire un tour complet. Il n'y a pas d'éléments personnels en jeu. J'ai fait deux mandats, c'est bien. On verra comment se présente l'avenir et quelles sont les possibilités de mettre en place une équipe capable d'aborder les prochains mandats.
Q: Rien n'est arrêté ?
R: Non, rien n'est arrêté.
Q: La double casquette, de président de World Rugby et de coprésident de la candidature de Paris pour les JO-2024, n'est-elle pas trop lourde à porter ?
R: Pendant une Coupe du monde, c'est compliqué. Ensuite, on verra comment cela se passe. Mais j'ai cette passion pour le sport. Je suis fier de porter la France au plus haut. Et si je peux apporter à la France cette force qui m'anime quand on parle de projet sportif, je le ferai avec grand plaisir. On va partager ce travail. Je ne peux pas porter ce projet (olympique) tout seul. L'homme providentiel n'existe pas. Il faut garder ce projet d'équipe dans lequel on met l'aventure olympique.
Propos recueillis par Pierre GALY.