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Talonneur rugueux à l'accent toulousain, connu en France des seuls terrains de Fédérale 1 (3e division), Benoît Piffero a surmonté bon nombre d'obstacles pour endosser à la Coupe du monde le maillot du Canada, son pays de naissance.
A la voix, on ne peut pas se tromper, il détonne au milieu de tous ses coéquipiers anglophones. Benoît Piffero, né à Montréal il y a 28 ans de parents originaires de Midi-Pyrénées partis tenter leur chance au Canada, avant de rentrer rapidement en France, est bien le plus français des joueurs ayant un jour porté le maillot à la feuille d'érable.
Avant lui, seuls deux francophones, l'ailier Fred Asselin (15 sélections de 1999 à 2002) et le deuxième ligne Al Charron (à moitié francophone, 76 sél. de 1990 à 2003), s'étaient illustrés au sein des +Canucks+.
Piffero, qui a découvert le rugby à Issoire, en Auvergne, a fréquenté le centre de formation de Clermont, avant de bifurquer vers la Fédérale 1 (Romans, Blagnac). Entre-temps, il a empilé neuf sélections avec le Canada depuis 2013 après avoir longuement "tâté" le terrain.
- Sollicité par Mike James -
"Vers l'âge de 19 ans, je me suis rapproché du Canada mais ils n'ont pas le même fonctionnement que nous, explique-t-il. C'est le joueur qui paie sa sélection, ce qui fait que dans les équipes de jeunes, c'est souvent les joueurs qui ont de l'argent qui sont pris. Moi à l'époque, je n'avais pas tous ces moyens-là ni l'anglais nécessaire pour pouvoir jouer donc je n'étais pas allé plus loin dans les démarches."
Mais l'histoire l'a rattrapé. Sollicité en 2012 par l'ancien deuxième ligne canadien du Stade Français Mike James, il n'hésite pas. Il part, d'abord pour le Québec, puis pour le club de Burnaby, en Colombie Britannique, où se trouvent 95 % des joueurs de la sélection.
"Quand j'ai débarqué là-bas, j'avais la sélection dans un coin de la tête sans forcément y croire, et tout s'est fait tellement rapidement que je n'ai pas eu le temps de m'en apercevoir", reconnaît-il.
Mais tout n'a pas été facile pour le "Frenchie". "Surtout au début car il m'a fallu un temps d'adaptation, notamment au niveau de la langue, se souvient-il. Mon niveau progresse, aujourd'hui je peux échanger mais mon accent restera toujours ce qu'il est. Il y a quelques joueurs qui en rigolent mais c'est plutôt un sujet de plaisanterie, sans moquerie."
Hormis avec le deuxième ligne de Clermont Jamie Cudmore, difficile en effet pour lui de s'exprimer dans la langue de Molière.
- Un certain 1er octobre -
Piffero a cependant gagné sa place sur le terrain, mais aussi en dehors. "Cela fait quand même pas mal d'années que, avant d'aller le matin au boulot (il est commercial dans une société de travail temporaire dans la banlieue de Toulouse, ndlr), je vais à la +muscu+ tout seul, et j'enchaîne après le boulot l'entraînement le soir."
"C'est beaucoup d'heures de sacrifice, résume-t-il, aussi pour ma femme. Imaginez que je me suis marié fin juin et je suis parti en préparation le 6 juillet. Ce n'est pas évident pour elle."
Ne lui dîtes surtout pas que la Coupe du monde est un peu son voyage de noces, cette blague est périmée. Parlez lui plutôt du match à venir face aux Bleus.
"C'est le 1er octobre, la date est gravée, lâche-t-il tout sourire. Il n'y aura aucun sentiment de revanche car je n'ai pas le niveau pour jouer en équipe de France, mais c'est sûr que cela va être génial, une belle journée avec toute la famille qui va être là. En France, tous les projecteurs seront braqués sur ce match, ils vont surtout s'étonner de voir un mec qui évolue en Fédérale jouer contre les Kayser, Szarzewski et compagnie..."