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L'Australie, battue en finale de Coupe du monde samedi, revient de très loin puisqu'il y a un an encore elle évoluait sous hautes turbulences, avant de retrouver un ciel plus calme et un horizon plus dégagé sous la houlette de Michael Cheika.
C'est d'une certaine manière un petit miracle d'avoir pu admirer samedi à Twickenham des Wallabies conquérants, jetant toutes leurs forces dans une intense bataille face aux All Blacks (34-17).
"Il y a onze mois, personne n'aurait pensé que l'on irait jusqu'en finale de Coupe du monde", s'étonne lui-même le pilier Sekope Kepu.
"Je me rappellerai toute ma vie de cette période", souffle-t-il encore auprès de l'AFP. "Je n'avais jamais fait partie d'une équipe où les joueurs se sentaient aussi proches, voulaient autant jouer les uns pour les autres et porter le maillot avec autant de fierté."
Pour embrasser l'ampleur de ce retournement de situation, il faut se replonger un an en arrière, au 22 octobre 2014. Ce jour-là, le sélectionneur Michael Cheika voit sa nomination officialisée mais l'environnement des Wallabies ressemble à un vaste champ de ruines.
Son prédécesseur Ewen McKenzie, en poste depuis 15 mois, vient quelques jours plus tôt de claquer la porte, écoeuré par de persistantes rumeurs de relation extra-conjugale avec une dirigeante de la Fédération.
- Un encadrement pour durer -
Les incartades de Kurtley Beale, James O'Connor, Quade Cooper ou autres alimentent aussi la presse locale et, sans grande surprise, les résultats ne suivent pas: 21 victoires en 40 matches entre la fin du Mondial-2011 et la démission de McKenzie
Malgré des individualités talentueuses, le jeu est désarticulé et les performances très irrégulières. Quelques joueurs manquent aussi cruellement, comme les exilés en Europe (Matt Giteau, Drew Mitchell, Kane Douglas), les blessés épisodiques (David Pocock, Stephen Moore, Wycliff Palu...), les inconstants chroniques (Will Genia, Cooper...).
Dans cet univers instable, les finances de la Fédération (ARU) ne sont guère au mieux, avec un déficit de 6,3 millions de dollars australiens (4,05 M EUR) enregistré en 2014.
Cornac des Waratahs qu'il a guidés au titre dans le Super 15 en 2014, réputé pour sa carrière nomade jalonnée de succès (1 titre de champion d'Europe avec le Leinster), Ckeika a donc remis de l'ordre dans la maison.
Il s'est adjoint les talents créatifs de l'ancien ouvreur Stephen Larkham, l'entraîneur de la franchise rivale des Brumbies, et a appelé au chevet de la mêlée des Wallabies l'Argentin Mario Ledesma. Cet alliage de compétences, bâti pour durer, a restructuré le jeu australien tandis que la poigne de Cheika, réputé pour son style frontal sur et en dehors du terrain, a fait le ménage dans les comportements.
- "Des fondations pour le futur" -
En redonnant le capitanat à l'expérimenté Stephen Moore (32 ans, 102 sél), tout en maintenant comme vice-capitaine le jeune Michael Hooper (24 ans), Cheika a reconstruit aussi un leadership solide et apaisé. Et il a oeuvré en coulisses en faisant assouplir les règles de sélection pour permettre le retour des quelques briscards (Giteau, Mitchell) sous le maillot or.
Cela a mené cet été à une victoire dans le Four nations, la première depuis 2011, marquée par un rare succès face aux All Blacks à Sydney (27-19). Puis a lancé la campagne dans la Coupe du monde, ponctuée de succès en poule face à l'Angleterre, le pays de Galles, puis l'Irlande et l'Argentine en phase finale.
En affichant une surprenante force de caractère pour revenir de 21-3 à 21-17 samedi, les Wallabies ont aussi montré une cohésion nouvelle. Quelques limites en conquête, mais aussi une vraie solidité défensive et un incontestable allant offensif offrent d'intéressants axes de travail pour la suite.
"On a posé de très bonnes fondations pour le futur", se réjouit Kepu.
"On a rattrapé une partie de notre retard ces derniers mois. Il faut continuer. Ceci n'est que le début", promet de son côté Cheika.
Dans le même temps, ce sera aussi à la Fédération australienne de capitaliser sur ce bel élan en ravivant l'intérêt pour le rugby à XV sur l'île-continent, où XIII, Australian Rules, cricket et football se disputent les premiers rôles. Une nécessité vitale pour que le coup de Cheika & co ne tombe pas à l'eau.