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Un "K.O.", un "cauchemar", un "désastre": à l'issue de "la nuit la plus triste du basket espagnol" selon la presse, l'Espagne s'est réveillée jeudi matin éliminée de "sa" Coupe du monde à domicile, coupable d'avoir peut-être rêvé trop vite à la finale.
Les basketteurs espagnols avaient fait de ce Mondial sur leur sol leur objectif ultime. Cette compétition devait couronner une génération exceptionnelle, celle de Pau Gasol et Juan Carlos Navarro, déjà sacrée championne du monde en 2006 et présentée cette année comme l'adversaire le plus crédible des Etats-Unis pour le titre.
Or, après avoir survolé leurs premiers matchs et fait naître un grand enthousiasme dans le pays, les Espagnols ont été brusquement ramenés sur terre: ils sont tombés, renversés par l'équipe de France au terme d'un incroyable quart de finale mercredi (65-52).
Saisissant contraste entre les "Unes" de la presse espagnole à seulement 24 heures d'intervalle: mercredi matin, dans l'euphorie ambiante, le quotidien sportif Marca appelait ses joueurs à "machacar" les Bleus, un verbe qui veut à la fois dire "écrabouiller" et "dunker". Jeudi, c'est le visage décomposé de Pau Gasol qui apparaît en première page, barré par ce titre: "Bajoncesto" ("Baisse-ketball", littéralement).
Deux mois après le fiasco de la Roja au Mondial de football, la claque est tout aussi rude pour ces basketteurs qui ont longtemps incarné un sport espagnol triomphant, au même titre que Fernando Alonso en F1, Rafael Nadal en tennis ou Alberto Contador en cyclisme.
- 'Nous pensions avoir déjà gagné' -
"Nous pensions avoir déjà gagné ce quart, tout le monde pensait déjà à la suite et... voilà ce qui s'est passé. Rien n'a fonctionné comme nous le voulions", a regretté Navarro, le capitaine espagnol.
Et dire que les Français, privés de plusieurs joueurs majeurs dont Tony Parker, avaient été balayés par les Espagnols une semaine plus tôt en phase de poules (88-64) ! "Mais les favoris ne gagnent pas toujours", a résumé, fataliste, l'icône Pau Gasol.
"Il y a eu des manques de concentration et d'intensité", a poursuivi le pivot des Chicago Bulls. "Nous avons manqué d'étincelle et de réussite, et c'est lié à la préparation mentale de chacun."
Un problème de mentalité ? A demi-mot, les Espagnols ont reconnu qu'ils s'étaient peut-être vus trop beaux.
"Les Français ont bien mieux préparé le match que nous. Ils ont mieux joué, avec beaucoup plus de cervelle", a déploré Navarro. "Bien sûr, nous espérions aller plus haut, parce que cette équipe était ambitieuse, mais nous ne l'avons pas démontré."
- Appels à la démission -
Aussitôt après la déroute, des cris se sont élevés dans le public pour réclamer la démission du sélectionneur Juan Antonio Orenga, en poste depuis un an.
"L'immense échec que suppose cette défaite laissera des traces, c'est certain. A commencer par l'entraîneur, dont la responsabilité est sans aucun doute en cause", écrit jeudi dans les colonnes d'El Pais l'ex-international espagnol Juanma Iturriaga.
Orenga, qui a conduit l'Espagne à la médaille de bronze de l'Euro-2013, a pour sa part laissé entendre qu'il souhaitait poursuivre sa mission.
"Je suis ici parce qu'on m'a fait confiance", a-t-il lancé mercredi soir. "Nous avons travaillé du mieux que nous avons pu, nous avons rêvé d'un succès que nous n'avons pas pu atteindre, mais nous nous sommes battus et nous continuerons à nous battre."
La prochaine bataille, c'est l'Euro-2015, dont la France sera l'organisateur principal, avant les JO-2016 à Rio (Brésil).
Sera-ce avec tous les champions espagnols, dont certains ont largement dépassé la trentaine ? "On ne sait jamais quand c'est votre dernier match, votre dernière compétition", a évacué Pau Gasol (34 ans), qui ne s'attendait sans doute pas à vivre un tel cauchemar à domicile.