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Toni qui ? Toni Kroos: les Bleus seraient avisés de bien étudier ce milieu de terrain au service de l'équipe, sobre antistar de l'Allemagne en quête et sur la voie de la reconnaissance.
Face à la France au Maracana, vendredi en quarts de finale du Mondial-2014, ce joueur de 24 ans articulera de nouveau le jeu de la Nationalmannschaft, comme lors des quatre premiers matches, disputés dans leur intégralité.
Sans faire de bruit, dans un style à la rigueur que le cliché dirait toute germanique, Kroos s'est imposé comme une pièce essentielle du dispositif allemand.
Les statistiques officielles de la Fifa plaident pour lui: 2e du tournoi en nombre de passes (414, dont 86% de réussies), à deux longueurs seulement de l'Argentin Mascherano; 5e pour les centres (29) alors qu'il n'est pas ailier; 7e joueur en termes de distance parcourue (46,4 km), mais 2e quant aux kilomètres avec le ballon (20,2), à quelques encâblures de son capitaine Lahm.
Le public n'apprécie pas forcément ce genre de joueur de l'ombre, à l'inverse des entraîneurs, qui adorent ce profil polyvalent, au jeu propre et précis.
- 'Joueur de classe' -
Comme Joachim Löw: "Toni Kroos est pour moi un élément de construction très important. C'est un joueur de classe, avec de la technique et une intelligence de jeu", avait dit le sélectionneur en février au quotidien Bild.
Après le récital livré contre le Portugal (4-0), le sélectionneur-adjoint avait loué "un superbe développement". "Toni est un joueur qui est très sûr avec le ballon, qui peut ouvrir le jeu et créer des occasions de but", Hansi Flick dixit.
S'il doit étrenner au Maracana sa 49e cape déjà (5 buts), à 24 ans, il a longtemps fait figure de joueur d'appoint, au Bayern Munich comme en sélection, avec laquelle il a passé l'essentiel de l'Euro-2012 sur le banc, titularisé seulement en demi-finale... perdue contre l'Italie (2-1).
Il se sait moins glamour que les vedettes de l'entrejeu, les Schweinsteiger ou Khedira, et ce qui lui importe, "c'est ce que l'entraîneur et mon entourage pensent de moi, avance-t-il. Il faut que l'entraîneur me considère comme indispensable".
Mais tout de même: longtemps cantonné à l'ombre, il revendique désormais, pour son premier tournoi comme titulaire, dans le pays du "futebol" de surcroît, sa place au soleil, quitte à laisser soupçonner une pointe d'arrogance.
- Arrogance ? -
Son gros match contre la bande à Cristiano Ronaldo ? "Ca ne m'a pas étonné. Je suis toujours en condition de sortir un tel match".
Une performance inhabituelle pour lui, le titille un journaliste ? "Vous n'avez donc pas vu beaucoup de mes matches, comme la finale de la Coupe d'Allemagne ou même des matches de Ligue des champions, réplique-t-il aussi sec. Il faudrait que vous me citiez les grands matches où je n'ai pas assuré".
Son maintien n'aurait en tout cas pas échappé à l'appétit du Real Madrid: le journal espagnol Marca a récemment annoncé le transfert pour le club champion d'Europe, contre une indemnité comprise entre 25 et 30 millions d'euros, du milieu sous contrat jusqu'en 2015 au Bayern.
Ce passionné de sports, qui a réclamé une augmentation de salaire pour atteindre le niveau des stars (Ribéry, Lahm, Schweinsteiger, Robben et Müller), n'a pas confirmé: "Je ne peux pas répondre à tout ce qu'il y a dans les médias. Toutes les équipes ont déjà été citées".
Son nom vient de "krôs", qui signifiait jadis cruche, broc. "Kroos a peut-être été une autre dénomination pour potier, tenancier ou même buveur", a confié Jürgen Udolph, le grand spécialiste allemand de l'onomastique (étude des noms propres), à SID, agence sportive allemande filiale de l'AFP.
Or le "garçom", au Brésil, désigne celui qui fait les passes décisives, et Kroos en a déjà délivré deux. "Servir dans le jeu", d'accord, a admis le taulier, "mais quand on s'attable le soir ensemble, je n'aime pas trop faire le serveur", lâche-t-il dans un éclat de rire.