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Tel le Christ Rédempteur de Rio de Janeiro qui s'illuminera mercredi soir aux couleurs des 32 nations qualifiées, le Brésil tend ses bras à la planète foot à la veille du coup d'envoi du Mondial.
La présidente brésilienne Dilma Rousseff a filé mardi soir la métaphore en souhaitant la bienvenue aux 600.000 étrangers qui affluent au Brésil pour le Mondial: "Amis du monde entier, venez en paix! Le Brésil, comme le Christ Rédempteur, a les bras ouverts pour vous accueillir tous", a-t-elle lancé dans une allocation radio-télévisée.
Affirmant que le Brésil était "prêt, sur et en-dehors des terrains", à accueillir le plus grand événement sportif planétaire avec les JO, la présidente brésilienne a défendu bec et ongle l'organisation coûteuse du Mondial, critiquée par de nombreux Brésiliens.
"Nous avons construit, amélioré des aéroports, des ports, des avenues, des ponts, des voies d'accès, des lignes de transport rapides et nous l'avons fait en premier lieu pour les Brésiliens", a plaidé Mme Rousseff, qui briguera un second mandat en octobre.
- 'La Coupe des Coupes' -
Ces réalisations "ne partiront pas dans les valises des touristes après le Mondial. La Coupe dure à peine un mois (12 juin au 13 juillet, NDLR), mais les bénéfices resteront toute la vie", a-t-elle poursuivi.
La "Coupe des Coupes" au pays du roi Pelé et des artistes du futebol-samba est le rêve absolu de milliards de fans de football dont commentaires et pronostics envahissent les conversations et les réseaux sociaux.
Et les premiers chanceux qui ont décroché des billets pour le Brésil commencent à débarquer, drapeau de leur pays noué aux épaules, dans les aéroports souvent encore en chantier de ce pays continent de 200 millions d'habitants grand comme 14 fois la France.
L'imminence du coup d'envoi noue déjà les estomacs des stars milliardaires du foot. "Le plus fastidieux, c'est un ou deux jours avant. On va dormir en pensant au match, on va manger en pensant à shooter dans le ballon", a confié mardi l'avant-centre brésilien Fred.
- 'Ne pas gêner le Mondial' -
Pour tuer l'attente, les fans brésiliens font leurs dernières emplettes aux étals de Sao Paulo, mégapole trépidante de 20 millions d'habitants où des embouteillages monstres coagulent au ras d'un dédale infini de gratte-ciel.
Ici le drapeau brésilien se vend 10 réais (3 euros), le maillot de la sélection - de contrefaçon bien sûr! - pour 15 euros. Il y a aussi les lunettes de fantaisie jaunes et vertes, les perruques, chapeaux et casquettes du même acabit.
"J'achète toutes ces bricoles pour le premier match que nous allons voir tous ensemble à la maison autour d'un barbecue", explique Claudia Hurias, une "pauliste" aux mains pleines de pacotille.
Mais l'ambiance est globalement plutôt terne, à Sao Paulo comme dans tout le Brésil depuis longtemps.
Et entre Congrès des longs couteaux de la Fifa au parfum de "Qatargate" et menaces de reprise de la grève du métro de Sao Paulo, la météo reste à l'orage à la veille du match d'ouverture Brésil-Croatie.
Grèves et manifestations se sont succédé depuis la fronde sociale historique de juin 2013 contre les 11 milliards de dollars engloutis dans l'organisation chaotique du Mondial et exiger des transports, hôpitaux et écoles décents "aux normes Fifa".
Quelque 53% des Brésiliens sont convaincus que le Mondial leur apportera plus de préjudices que d'avantages. Même s'ils sont 68% à s'opposer aux manifestations jusqu'au 13 juillet.
La menace demeure réelle même si elle semble désormais limitée. La radicalisation des manifestations et les violences policières ont découragé la majorité des Brésiliens d'exprimer leur mécontentement dans la rue.
- 'Quand le ballon commencera à rouler...' -
Les anti-Mondial --nébuleuse d'organisations sociales, militants d'extrême gauche et anarchistes "Black bloc" violents-- veulent en découdre.
Mais leur front se fissure. Le Mouvement des travailleurs sans-toit (MTST) s'est engagé mardi à ne pas manifester pendant le Mondial après avoir négocié avec le gouvernement la construction de maisons. "Le mouvement n'est pas contre la Coupe et nous n'avons pas la moindre intention de gêner", a commeté pour l'AFP une porte-parole du MTST.
Les employés du métro de Sao Paulo se réunissent mercredi après-midi pour décider s'il reprennent jeudi la grève qui a plongé le capitale économique dans le chaos pendant cinq jours. Ils exigent la réintégration des 42 grévistes licenciés pendant le mouvement.
Les employés du métro de Rio de Janeiro ont renoncé à leur emboîter le pas après en avoir agité la menace, ayant obtenu une substantielle augmentation.
Même la Fifa, grande prêtresse de la messe mondiale du foot, est sur les nerfs à Sao Paulo, où elle tient depuis mardi soir un 64e congrès plombé par les accusations de corruption sur l'attribution du Mondial-2022 au Qatar.
Le patron du football mondial, Joseph Blatter, 78 ans, a été cordialement invité mardi à ne pas de présenter à un cinquième mandat, comme il en a exprimé l'intention, par le président de la fédération néerlandaise Michael Van Praag. "La Fifa attendra mercredi pour aborder les problèmes", a éludé M. Blatter.
Le Brésil n'attend plus que le Ghana, la Corée du sud et le Portugal pour siffler le coup d'envoi du "Mundial do Brasil".
"Quand le ballon commencera à rouler, l'état d'esprit va changer. C'est l'affaire de 45 minutes", promet José Rangel, un supporteur brésilien de 35 ans.
Le match d'ouverture sera précédé d'une cérémonie de 25 minutes qui "rendra hommage aux trois trésors du Brésil: la nature, le peuple et le football".