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Le Qatar, sous le feu de critiques internationales et qui prépare le Mondial de 2022, a promis mercredi l'abolition du système de parrainage qui met les travailleurs étrangers à la merci de leurs employeurs qataris.
Le président de la Fifa, Joseph Blatter, s'est aussitôt félicité des réformes annoncées, qu'il a qualifiées dans un communiqué d'"étape importante dans la bonne direction pour un changement durable dans les normes de protection des travailleurs au Qatar".
"Les principaux amendements de la législation portent sur l'abolition de la kafala (système de parrainage, ndlr) et son remplacement par un système de contrat de travail", a annoncé le colonel Abdallah Al-Mohannadi, directeur du département des droits de l'Homme au ministère de l'Intérieur, lors d'une conférence de presse.
La nouvelle loi doit cependant être soumise au Conseil de la Choura, une instance consultative, et à la Chambre de Commerce et d'Industrie avant son adoption.
Le parrainage est un système juteux pour les autochtones des monarchies pétrolières du Golfe, qui leur permet d'engranger des revenus en monnayant leur "parrainage" de tout expatrié. Bahreïn est le seul pays de la région à l'avoir aboli, alors que les Emirats arabes unis et le Koweït ont assoupli certaines dispositions comme l'imposition d'un visa de sortie.
Plusieurs responsables ont participé à la conférence de presse, annonçant une série de mesures assouplissant les restrictions sur le séjour des travailleurs étrangers, dont les domestiques, et permettant d'améliorer leurs conditions de travail.
- Plus de visa de sortie -
Ainsi, les travailleurs étrangers pourront désormais obtenir leur visa de sortie au ministère de l'Intérieur, et ne seront plus à la merci de leur employeur qui jusque-là pouvait leur interdire de quitter le territoire.
Les organisations de défense des droits de l'Homme ont réclamé avec insistance l'annulation des visas de sortie. L'une des victimes de cette disposition a été le footballeur franco-algérien Zahir Belounis, qui avait été bloqué pendant 17 mois au Qatar en raison d'un différend avec son employeur. Il n'avait pu quitter le pays qu'en novembre 2013 après avoir obtenu son visa de sortie.
La nouvelle loi prévoit également de multiplier par cinq l'amende imposée à l'employeur en cas de confiscation du passeport de son employé, une pratique courante dans les pays du Golfe.
Elle permet aussi au travailleur étranger de changer, sous conditions, d'employeur au Qatar.
Un responsable du ministère du Travail et des Affaires sociales, Ali Al-Khulaifi, a en outre annoncé que le Qatar avait adopté "des normes unifiées pour les conditions de logement des travailleurs".
Accusé depuis septembre 2013 de tolérer sur ses chantiers des conditions de travail proches de l'esclavage, l'émirat avait publié en février une charte destinée à améliorer le sort des centaines de milliers de travailleurs asiatiques appelés à bâtir les infrastructures du Mondial-2022.
Le gouvernement avait annoncé le 1er mai qu'il étudiait un rapport du cabinet d'avocats d'affaires international DLA Piper, qu'il avait chargé en octobre 2013 de lui faire des propositions pour "amender la législation du Qatar sur le travail afin d'améliorer les conditions de vie, de santé et de sécurité des travailleurs".
Amnesty International a réagi avec réserve mercredi aux réformes proposées, qui "sont en deçà des changements fondamentaux nécessaires pour s'attaquer aux abus systématiques contre les travailleurs migrants" au Qatar.
"Ces propositions semblent être une occasion manquée", a déclaré James Lynch d'Amnesty, ajoutant que l'abolition du sytème de parrainage sonnait comme "un changement de nom plutôt qu'une réforme de fond".
Pour sa part Human Rights Watch (HRW) a estimé que Doha n'"indique pas clairement comment il entend traiter le rapport (de DLA Piper), lequel confirme les graves problèmes auxquels le Qatar est confronté dans ses préparatifs du Mondial".
Un rapport de la Confédération internationale des syndicats estime que 4.000 ouvriers risquent de mourir sur les chantiers du Mondial de football d'ici 2020. Le Qatar conteste ce rapport, constellé selon lui "d'erreurs factuelles".
Les organisations des droits de l'Homme avaient dénoncé la situation des ouvriers du bâtiment, s'entassant souvent dans des conditions précaires dans des camps de travail.
En avril, Amnesty International avait dénoncé la situation des travailleurs domestiques étrangers employés au Qatar, évoquant des abus, des violences et des formes de travail forcé.