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© AFP/Lise Aserud
Le Belarusse Igor Shitov face au Norvégien Inge Berget, le 31 août 2016 lors du match amical à Oslo
Fin 2014, le Belarus broie du noir: son équipe est 99e du classement Fifa, une des pires places de son histoire. Nommé sélectionneur, Alexandre Khatskevitch, fan de rock subversif, a complètement renversé la situation des adversaires des Bleus à Minsk (20h45), avec double verrou sur le terrain mais franc-parler en dehors.
En moins de deux ans, la sélection est remontée de plus de 30 places (67e, actuellement 70e) sous ses ordres. Surtout, elle n'a perdu qu'une seule fois au cours de ses huit derniers matches et reste sur deux victoires à l'extérieur en match amical, contre l'Eire (2-1) puis en Norvège (1-0).
Fort de ce bilan, l'ancien milieu de terrain de 42 ans veut croire que le Belarus peut se qualifier pour le Mondial-2018, bien que le pays n'ait jamais participé à une grande compétition internationale et se retrouve dans un groupe ardu avec la Suède, les Pays-Bas et la France.
"Pourquoi être déçu ? Chacune de ces équipes est forte, elles jouent toutes un football moderne, a-t-il lancé après le tirage au sort des éliminatoires. Nous avons un groupe intéressant. Mais nous avons régulièrement joué contre la France ces dernières années, et nous l'avons vaincue. Nous avons aussi déjà battu les Néerlandais".
Le sélectionneur se démarque de ses prédécesseurs par sa simplicité et son affabilité. Ainsi, il n'hésite à prolonger les sessions d'autographes et à ouvrir les séances d'entraînement au public. C'est aussi un amateur de rock, notamment du groupe Lyapis Troubetskoi, interdit d'antenne à cause de chansons politiques jugées "subversives".
- Parmi les stars du Dynamo Kiev -
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Alexandre Khatskevitch (g), alors milieu du Dynamo Kiev face au Red Star Belgrade en qualifs pour la Ligue des champions, le 23 août 2000 à Belgrade
Avant d'être sélectionneur, Khatskevitch a fait partie, aux côtés de stars comme Serguei Rebrov ou Andreï Shevchenko, de la génération dorée du Dynamo Kiev qui a atteint les demi-finales de la Ligue des champions en 1999.
Depuis cette époque, son coéquipier Valentin Belkevych était devenu son meilleur ami. Jusqu'à sa mort d'une rupture d'anévrisme en 2014. "C'est la plus grande perte de ma vie, jamais je n'enterrerai quelqu'un dont j'étais aussi proche, a-t-il confié. Tous mes succès en sélection seront pour mon ami, chaque victoire sera dédiée à Valentin".
Après sa retraite de joueur en 2007, Khatskevitch devient brièvement entraîneur du Dynamo Minsk, où il avait fini sa carrière. Puis à partir de 2010, il entraîne pendant quatre ans l'équipe de réserve du Dynamo Kiev et mise sur une tactique principalement défensive.
Une frilosité qui lui a été reprochée depuis son arrivée comme sélectionneur mais qui porte ses fruits: hormis un faux-pas en Irlande du Nord (3-0), le Belarus n'a encaissé qu'un seul but au cours de ses huit derniers matches.
Si les journalistes lui reprochent de ne pas pousser suffisamment son équipe à attaquer, ils lui sont gré en conférence de presse de son franc-parler.
- "On a un championnat médiocre" -
"J'ai déjà dit il y a un an qu'on a un championnat médiocre. C'est une réalité (...) L'intensité du jeu, la qualité des matches, tout est assez faible", a-t-il ainsi déclaré sans détour fin août, après une victoire contre la Norvège.
"Notre équipe doit avoir son propre style et sa personnalité. Nous n'avons pas de stars ou de grands joueurs donc nous devons concentrer sur la discipline et le travail d'équipe", a encore souligné en mars cet ancien international (38 sélections).
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Alexander Hleb (à droite), le 8 septembre 2015à Borisov face au Luxembourgois Mario Mutsch lors du match de qualification pour l'Euro-2016
Sa vision a reçu le soutien notamment de la star de l'équipe biélorusse Alexander Hleb, dont les relations avec le précédent sélectionneur Georgi Kondratiev étaient notoirement houleuses.
Khatskevitch "est plus exigeant, plus dur. Même ceux qui l'ont connu quand il entraînait le Dynamo Minsk ont remarqué qu'il a changé", a raconté l'ancien joueur du FC Barcelone ou d'Arsenal, au magazine sportif Pressbol l'année dernière.
Blessé, Hleb a manqué le match contre la Norvège et ne pourra pas participer à celui contre la France.
Le sélectionneur s'appuiera donc sur une équipe de vieux briscards, avec le milieu de terrain Timofey Kalachev (FC Rostov), l'attaquant Sergey Kornilenko (Samara) ou encore Sergey Kislyak (Gazantiespor). Et voudra surprendre la jeune génération bleue.