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Capitale oblige, Brasilia s'est dotée du magnifique Stade National Mané Garrincha, le plus cher du Mondial-2014. Mais ses meilleurs clubs de football y évoluent en 4e division nationale...
Fondée en 1960, Brasilia a été destinée à l'administration. Et la plupart de ses 2,7 millions d'habitants viennent des quatre coins de ce pays-continent de 200 millions d'habitants pour travailler dans ministères et institutions.
Elle ne possède donc pas de tradition de supporteurs soutenant de génération en génération tel ou tel club historique, comme à Sao Paulo ou Rio de Janeiro.
"Brasilia est une ville nouvelle. La population soutient des clubs d'ailleurs et ça complique le développement du supportérisme local", explique à l'AFP Regis Carvalho, directeur sportif du Brasilia FC (4e division).
Ce club a été huit fois champion local (le district fédéral ou "DF" est une ville-Etat), et se prépare à décrocher son neuvième titre à la mi-mai. S'il y parvient, il dépassera le Brasiliense FC, autre club de 4e division où joue Romarinho, fils de Romario, ancien champion du monde 1994 et actuel député fédéral.
- Le chauffeur et les crampons -
Exemple symbolique du délabrement du championnat de l'Etat, dès sa première journée: les joueurs du club Formosa arrivent au vestiaire pour affronter le Brasilia FC. Mais il manque quelque chose: les chaussures à crampons. Où sont-elles passées ? Pas de crampons, pas de match, et défaite sur tapis vert.
La veille au soir, après avoir conduit les joueurs à leur hôtel, le chauffeur du car était reparti sans décharger les chaussures des joueurs et avait disparu. Les deux -le chauffeur et le car- seront retrouvés deux jours plus tard. Et le chauffard affirmera avoir été agressé et séquestré. Mais selon la presse, il aurait tout simplement vendu les équipements pour s'acheter du crack ! Ainsi va le foot dans le tournoi "brasiliense"...
"Ces équipes n'ont pas besoin de supporteurs parce qu'elles en ont. Ce qu'il leur faut, c'est du soutien, du marketing, des infrastructures", avance Regis Carvalho.
Le club de Gama, lui aussi emblématique du DF, a atteint la première division en 2002, mais végète désormais puisqu'il ne dispute plus de championnat et lutte pour revenir en 4e division.
"Nous avons des infrastructures, avec un centre d'entraînement, un stade donné par l'Etat mais pas de capital, relève son président, Antônio Alves. Nous travaillons comme des amateurs par manque de ressources".
"Nous n'avons pas la stature des clubs européens historiques, ajoute-t-il. Brasilia est nouvelle, avec des personnes de conditions économiques limitées, des personnes qui survivent et qui soutiennent un club avec beaucoup de difficulté".
- Billets à un real -
Si ces clubs ne sont pas dans l'élite, au moins ont-ils la possibilité de disputer plusieurs tournois locaux. Récemment, le Brasilia FC a remporté la Copa Verde (coupe verte) qui l'a qualifié pour la Copa Sudamericana (équivalent de l'Europa League).
C'était dans le stade flambant neuf Mané Garrincha et devant 40.000 spectateurs tout de même. Il faut dire que les entrées se vendaient à partir d'un real (0,44 dollar)...
Ce stade, qui fait partie des douze prévus pour le Mondial, a une capacité de 72.000 spectateurs. Il a coûté quelque 600 millions de dollars, ce qui en a fait le plus cher des 12 stades mondialistes.
Beaucoup estiment qu'il deviendra un "éléphant blanc" après la compétition, c'est-à-dire une luxueuse coquille vide. Le gouvernement rétorque que les stades peuvent recevoir des concerts ou d'autres types d'événements.
Le "futebol", on le retrouve aussi aux alentours de Brasilia. Les ouvriers qui ont construit la capitale, surnommés les "candangos", se sont installés à la périphérie et ont créé des villes dont l'urbanisme anarchique tranche avec la géométrie moderniste de la capitale.
Et comme là où il y a des Brésiliens, il y a du foot, et que le foot n'a besoin que d'un ballon et de pieds, des équipes locales sont nées. "C'est dans ces villes satellites, celles des ouvriers, que surgit le football", souligne Antônio Alves.