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"Zid, ya wahid" (reste encore Vahid). L'entraîneur Vahid Halilhodzic est plus que jamais réclamé par les Algériens pour rester à la tête des Verts qu'ils a conduits à une qualification historique en 8e de finale du Mondial avant une bataille épique face à l'Allemagne qui les a éliminés (2-1 a.p.).
Il en est jusqu'au président de la République Abdelaziz Bouteflika pour demander que se poursuive une histoire entamée il y a trois ans quand le technicien à la crinière blanche et à la stature hiératique a débarqué à Alger pour remplacer le sélectionneur local Rabah Saadane.
"Vahid doit rester avec nous. C'est une grande équipe que nous avons", a déclaré mercredi M. Bouteflika après avoir reçu les Fennecs accueillis comme des héros à leur retour du Brésil.
A sa descente d'avion, le technicien bosnien, dont le contrat a expiré lundi, a reçu une longue accolade du Premier ministre Abdelmalek Sellal qui l'a pris dans ses bras. D'une petite foule, composée d'employés de l'aéroport, montait le cri quasi mystique "Allah akbar (le plus grand), Halilhodzic", repris plus tard dans les rues d'Alger parcourues par la sélection au milieu d'une foule en délire.
Des pancartes jaillissaient. "zid ya wahid" (reste encore Vahid), proclamaient-elles en adaptant le titre d'une célèbre bande dessinée (zid ya Bouzid). Dans le pays, coach "Vahid" a pris le prénom local de Wahid (l'unique).
Dès la fin de la rencontre avec l'Allemagne lundi, le jour même où son contrat se terminait, les réseaux sociaux se sont enflammés avec des pétitions réclamant son maintien.
Relayant ces appels, deux quotidiens à fort tirage El-Khabar et En-Nahar (plus de 800.000 exemplaires) titraient en une que "le peuple veut le maintien d'Halilhodzic", détournant ainsi le slogan des révolutions arabes de 2011 "le peuple veut la chute du régime".
"C'est une vague d'amour incroyable qui déferle sur Vahid. Grâce à lui, le drapeau national a été magnifié et les Algériens ont gagné en estime de soi", observe auprès de l'AFP le chroniqueur Nourredine Khelassi.
Lorsque le technicien aux méthodes musclées et à la poigne de fer a fondu en larmes, toute l'Algérie, émue, a pleuré avec lui.
- "Il a de l'orgueil, il restera" -
C'est à lui que les Algériens doivent une performance empreinte de discipline tactique et de rage de vaincre dans une équipe où le jeu spontané, voire l'improvisation, ont souvent tenu lieu de méthode. Réciproquement, c'est aux Fennecs qu'il doit son premier Mondial.
En décembre 2010, Halilhodzic était le sélectionneur de la Côte d'Ivoire et à ce titre avait assisté au tirage au sort du Mondial-2010 au Cap. Mais il ne verra jamais la Coupe du monde en Afrique du Sud, débarqué sans ménagement après une Coupe d'Afrique des nations ratée la même année.
Avec Vahid, même le mythe de Gijon, lorsque l'Algérie avait battu la RFA 2 à 1 en 1982, a volé en éclats. "C'est l'un de ses plus grands mérites", juge encore Nourredine Khelassi, un "vahidophile" dans une presse qui a souvent traité sans ménagement l'homme à la crinière blanche.
L'homme au regard perçant s'est mis rapidement à dos les journalistes de ce pays qui remettent régulièrement en cause ses choix et lui reprochent souvent son salaire exorbitant (70.000 euros, selon les journaux), gardant une affection pour son prédécesseur Rabah Saadane.
Ses analyses à la hache -"L'individu vient en premier en Afrique, l'équipe ensuite. L'esprit d'équipe manque et sans ça, impossible de créer des gagnants"- ont évidemment fait couler beaucoup d'encre. "Je ne suis pas un mouton", a-t-il lancé à la face de ses détracteurs.
Alors, restera ou restera pas? "Ca n'a pas été toujours facile mais il faut continuer sur cette dynamique. Grâce à notre jeu, nous sommes devenus les chouchous des Brésiliens", a-t-il simplement commenté après la supplique présidentielle. "C'est un homme qui a de l'orgueil, il restera", parie M. Khelassi.
Avant son départ pour le Brésil, la fédération nationale avait noué des contacts avec l'entraîneur français Christian Gourcuff, passé comme lui par le club de Rennes.