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Pour sa première phase finale en tant que sélectionneur, Didier Deschamps n'a pas failli et peut sortir la tête haute du Mondial-2014 au Brésil où l'équipe de France a retrouvé un peu de son éclat.
Une élimination en quart de finale, même contre l'Allemagne (1-0), ne pouvait que susciter un légitime "sentiment de frustration" pour ce gagneur invétéré. Mais la "fierté" a fini par l'emporter chez le technicien de 45 ans à l'heure du bilan, un groupe étant né durant le mois passé au pays du football-roi, avec l'Euro-2016 à la maison en ligne de mire.
Deschamps a été le véritable patron des Bleus durant cette Coupe du monde, contrôlant tout jusqu'au moindre détail et ne perdant jamais la maîtrise des événements. Tactiquement, il a habilement jonglé entre différentes formules (Benzema avec ou sans Giroud, Pogba ou Sissoko...), confirmant son expertise en la matière.
Mais c'est surtout sa gestion du groupe qui a singulièrement tranché avec celle de ses prédécesseurs, Raymond Domenech et Laurent Blanc. Alors que les deux anciens sélectionneurs avaient plié sous le diktat des joueurs au Mondial-2010 et à l'Euro-2012, Deschamps a tout de suite placé des limites et fait de l'"état d'esprit" sa ligne directrice.
Tout élément capable de saborder la vie commune et le vestiaire a été écarté, le plus emblématique étant Samir Nasri. Histoire de ne pas revivre un Knysna bis.
Pas de crainte de ce côté-là avec l'ancien milieu de la Juventus Turin (1994-1999) pour qui le maillot bleu reste ce qu'il y a de plus sacré au monde.
Pragmatique, il a su tirer les enseignements du barrage retour pour s'appuyer ensuite essentiellement sur le onze ayant terrassé l'Ukraine (3-0, le 19 novembre au Stade de France) pour ce qui constitue l'acte fondateur de son mandat après un an et demi de tâtonnements.
- Ecouté et respecté -
Ecouté et respecté en raison de son palmarès exceptionnel en tant que joueur et entraîneur, Deschamps est la véritable star et pour l'instant le principal atout de cette jeune équipe de France sans élément de dimension mondiale, en attendant l'émergence complète des Pogba, Varane ou Griezmann.
Aucun scandale ni aucune polémique ne sont venus parasiter la vie des Bleus au Brésil, la seule petite alerte étant intervenue après les accusations formulées par le médecin Franck Le Gall contre son homologue du Bayern Munich, le réputé Hans-Wilhelm Müller-Wohlfhart, concernant la blessure de Franck Ribéry (lombalgie). Mais il a su habilement botter en touche sur le sujet quand il le fallait.
Il a poussé assez loin l'art du contre-pied en brouillant les pistes au maximum à propos de ses compositions d'équipes. Et rien n'a filtré la veille des matches, contrairement à d'habitude. Il n'a d'ailleurs pas hésité à prendre en flagrant délit, au téléobjectif, plusieurs journalistes en train de briser le huis clos de ses séances dans un hôtel surplombant le terrain d'entraînement de Ribeirao Preto.
Quand Bacary Sagna et Morgan Schneiderlin ont osé parler du titre de champion du monde comme d'un objectif, le recadrage n'a pas tardé et tout le monde est vite rentré dans le rang. Le fait de bénéficier du soutien indéfectible de M. Le Graët et d'être certain de demeurer en place jusqu'à l'Euro-2016 a servi de rempart à tout désordre en interne.
Avant le début du rassemblement à Clairefontaine, l'ex-joueur de Marseille et de la Juve avait déjà affiché sa rupture avec le passé en fixant une limite claire entre les 23 du Mondial et les sept réservistes.
Le contexte va toutefois singulièrement évoluer à la rentrée. Deschamps va ainsi s'embarquer pour deux ans de matches amicaux d'ici l'Euro-2016. Il devra garder les acquis de cette première campagne tout en procédant à des essais. La période sera dénuée de pression mais le public sera exigeant à son égard après les promesses affichées au Brésil.
Il devra surtout valider tout cela lors du Championnat d'Europe où les Bleus ne pourront plus se permettre de jouer profil bas. Ils feront figure de favoris avec tous les dangers que cela suppose. Et si le plus dur ne faisait que commencer?