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Le Mixed Martial Arts (MMA), toujours décrié en France par les autorités sportives en raison de sa violence, a pourtant fait un pas vers une reconnaissance au vu d'un document officiel émis fin novembre, visant à encadrer la pratique et les compétitions de "combat mixte".
L'instruction ministérielle DS/B2/2015/349 du 24 novembre 2015, que s'est procurée l'AFP, vise en effet à contrôler "les établissements et manifestations publiques de sports de combats proposant du combat mixte".
Le texte, signé par le directeur des sports, tente d'abord une définition de cette dénomination vague: le combat mixte est "l?utilisation d?arts martiaux et de sports de combats adaptée à trois distances de combat: les frappes debout, la saisie ou corps-à corps debout, et enfin le sol où peuvent avoir lieu des frappes mais surtout une soumission de l'adversaire."
Vent debout contre le MMA (Mixed Martial Arts) en raison notamment du recours aux frappes au sol, le ministère admet ainsi l'appartenance de ces coups au "combat mixte" qu'il entend donc réglementer, du moins encadrer.
-"Une reconnaissance de fait"-
Cette description "semble permettre de faire rentrer sous le coup de la réglementation technique toutes les disciplines sportives mêlant une pratique combinée des arts martiaux et sports de combat dont? le MMA", estime en conséquent l'avocate Tatiana Vassine, conseil d'associations de MMA. "Reconnaitre le combat mixte, autoriser sa pratique et permettre l?organisation de manifestations, c?est donc faire de même pour le MMA", poursuit-elle.
Une position partagée par un responsable régional Jeunesse et Sports, aux premières loges dès qu'il s'agit d'autoriser ou non la tenue d'événements: "Ce texte créé des conditions suffisamment floues et flexibles pour arriver à une reconnaissance de fait", dit-il à l'AFP sous couvert d'anonymat.
Le ministère des sports reste pourtant sur ses positions: "Il ne saurait être question d'assouplir l'interdiction de pratiques dégradantes telles que les combats en cage ou les frappes au sol", dit-on jeudi au cabinet du secrétaire d'Etat Thierry Braillard. "Nous ne nous orientons pas vers le début d'une légalisation du MMA en France".
"Avant, on n'avait pas de consignes mais une position", rétorque Me Vassine, conseil au cabinet RMS. "Cette instruction, ce premier écrit", conséquence directe de la première compétition de MMA organisée en France, en septembre au Cirque d'hiver, au grand dam du ministère, "est une reconnaissance de la discipline, quel que soit le nom qu'on lui donne."
Pour autant, le combat mixte tel que défini par le Ministère n'obtient mécaniquement ni existence propre, ni indépendance. La note conditionne ainsi son enseignement en club à la détention d'un diplôme en "karaté et disciplines associées lutte et disciplines associées, full contact, kick-boxing, boxe thaï ou judo".
"Le but, comme il n'y a aucune interdiction officielle, est de pouvoir vérifier la sécurité de tous les combats et combattants dans tous les sports non reconnus", traduit ainsi le président d'une des fédérations dont les diplômes vont devenir un sésame obligatoire pour entraîner le MMA.
-Une "mainmise des fédérations sur le MMA"-
Une exigence qui fait bondir les partisans de la reconnaissance du MMA. "Oui il faut un contrôle des enseignements, juge Fernand Lopez, entraîneur de MMA diplômé en kick-boxing et grappling, mais c'est dangereux et même criminel qu'un diplômé de judo ou de lutte enseigne du MMA sans avoir suivi d'autres formations."
Lopez et ses confrères prônent donc la mise en place d'un label ou module MMA pour ces coaches qualifiés dans d'autres disciplines. Une formation dispensée par la commission française de MMA, présidée par Bertrand Amoussou et dont ont bénéficié -- en complément d'autres diplômes ou non-- plus de 100 personnes depuis six ans, mais dont le Ministère ne veut pas entendre parler.
"C'est une avancée sur le plan de la procédure, de la rhétorique, un progrès pour nos avocats, voire un succès assuré lorsque l'on ira devant le tribunal administratif en cas d'interdiction d'une manifestation, mais sur le terrain on n'a rien de plus", déplore Fernand Lopez.
"Cette réglementation donne aux fédérations la possibilité d'avoir la mainmise sur le MMA" dénonce de son côté un coach de cette discipline en plein essor, pratiquée par plus d'une dizaine de milliers de personnes et générant un chiffre d'affaires exponentiel.
Le bras de fer autour du MMA est donc loin d'être achevé.