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© AFP/FRANCOIS GUILLOT
Tom Duquesnoy (D) s'entraînant à Paris, le 7 février 2017, avant de combattre pour la première fois dans l'UFC (Ultimate fighting championship), samedi à Kansas City
Pieds, poings, coudes, genoux, balayages exécutés à toute vitesse: deux hommes, lourdement harnachés pour se protéger des blessures, emploient quasiment toute la panoplie des arts martiaux mixtes (MMA) sur le ring du Temple Noble Art.
La scène a lieu il y a quelques semaines dans ce club de boxe "tendance" situé près du Palais Royal à Paris. Tom Duquesnoy y peaufine ce jour-là sa préparation avant de combattre pour la première fois dans l'UFC (Ultimate fighting championship), la puissante et prestigieuse ligue américaine de MMA, samedi à Kansas City.
Et la rumeur l'annonce déjà comme la première grande star française de cette compétition dont l'audience mondiale n'en finit pas de croître.
Si Duquesnoy rend presque dix centimètres et dix kilos à son sparring partner, c'est bien le corps de ce dernier qui produit un bruit sourd en heurtant le sol à intervalles réguliers, sous les yeux attentifs de Bourama Traoré.
"Il se distingue assez nettement des autres combattants car il a pu compter très tôt sur le soutien de son père dans son projet", explique ce coach, l'un des plus réputés dans l'Hexagone.
Plus que son charisme de mannequin occasionnel, c'est sa vitesse d'exécution, au propre comme au figuré, qui a classé Duquesnoy officieux numéro un mondial chez les moins de 23 ans de sa catégorie.
- 'Fire Kid' -
Il ne s'agit pas de manquer de respect à Cheick Kongo, Cyrille Diabaté et Francis Carmont qui ont tenté leur chance outre-Atlantique avec des résultats honorables, ou d'oublier Francis Ngannou, qui y fait des étincelles, sous licence camerounaise.
Mais les nombreux amateurs de MMA en France, où les compétitions de ce sport de combat extrême sont interdites, attendent toujours une grande star tricolore.
Le poids coq d'1,70 m, né à Lens en juin 1993, les a donc ravis en officialisant son engagement avec l'UFC.
Cette signature avec la société américaine est intervenue au moment qu'il s'était lui-même fixé. "Je suis passé professionnel à 18 ans, et après sept combats, le chasseur de têtes de l'UFC, Sean Shelby, me faisait déjà des propositions", rappelle Duquesnoy.
"Mon idée a toujours été d'aller à l'UFC pour y décrocher le titre de champion", explique le "Fire Kid", son surnom depuis son passage au BAMMA, la plus importante organisation de MMA en Europe, où il a détenu la ceinture mondiale des poids plume puis celle des poids coq.
Depuis 2015, il passe déjà la majeure partie de son temps à Albuquerque, au Nouveau Mexique, dans la structure de Greg Jackson, considérée comme le meilleur camp d'entraînement de l'UFC, où une carrière peut être aussi lucrative que brève.
- Le KO avant tout -
Planifiant patiemment sa montée en puissance, Duquesnoy a également nourri sa réflexion et affiche un discours rodé et humble, avec en prime le couplet sur les valeurs de ses ancêtres mineurs polonais venus dans le Nord.
"L'UFC se voit comme un sport business mais selon moi c'est plus un business sport: il s'agit d'une entreprise de divertissement qui utilise notre performance athlétique", assène-t-il.
La tenniswoman Serena Williams, l'acteur Ben Affleck ou le chanteur The Weeknd font ainsi partie des célébrités qui ont pris des parts dans l'UFC lorsque l'agence de marketing sportif WME-IMG en a pris le contrôle pour quatre milliards de dollars en juillet 2016.
"Mon objectif c'est bien sûr de remporter le combat, mais de manière à répondre aux attentes du public", précise Duquesnoy.
"Des gens, pas forcément des connaisseurs, payent pour voir des choses esthétiques, et ça passe forcément par le KO, donc j'ai orienté mon style en fonction", résume-t-il.
Intégrant un univers parfois axé sur le "trash talking", qu'il dédaigne, Duquesnoy n'aura que quelques combats pour plaire aux fans.
Et pour débuter, un adversaire modeste en la personne de Patrick Williams, un spécialiste de la lutte qui n'a pas combattu depuis 2015, dont il devra toutefois se méfier dans une discipline où tout peut basculer en quelques secondes sur une immobilisation ou un étranglement.
"On vise le Top 3, voire la ceinture, mais on est d'abord dans la perspective de l'enrichir, aussi bien techniquement qu'humainement", confie Traoré.