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© AFP/FRANCOIS GUILLOT
Des pratiquants des MMA à l'entraînement à Paris, le 2 mai 2016
Deux parlementaires missionnés par le Premier ministre remettent mardi un rapport prônant la reconnaissance progressive et l'encadrement du MMA... deux semaines après la parution au Journal officiel d'un arrêté interdisant clairement l'organisation de compétitions de ce sport de combat violent et à la réputation sulfureuse. Explications.
PREMIER ROUND
L'imbroglio politico-sportif débute en septembre 2015 avec la tenue, au Cirque d'hiver à Paris, d'un gala de MMA (Mixed Martial Arts) organisé au nez et à la barbe du ministère des Sports. S'appuyant sur une recommandation du Conseil de l'Europe datant de 1999, ce dernier incite en effet fortement, au nom de la "dignité humaine", les préfectures de France à refuser leur autorisation aux manifestations de combats libres qui utilisent des cages et permettent les frappes au sol, deux caractéristiques du MMA.
Préparée avec l'aide d'un bataillon de juristes, la soirée du Cirque d'hiver est passée entre les mailles du filet préfectoral pour le plus grand plaisir des 1.600 spectateurs, heureux représentants des quelque 40.000 pratiquants estimés et des centaines de milliers d'aficionados de ce sport proscrit en France.
"Roulé dans la farine", selon ses propres termes, le secrétaire d'Etat aux Sports Thierry Braillard annonce des représailles légales contre une discipline que rien n'interdit vraiment dans le code du sport.
KO TECHNIQUE
En avril dernier, le Premier ministre Manuel Valls, convaincu de la popularité grandissante du MMA, pratiqué dans 700 associations sportives selon les chiffres du ministère mais privé de représentation fédérale, confie une mission à deux parlementaires, le député (PS) de l'Hérault Patrick Vignal et le sénateur (LR) du Doubs Jacques Grosperrin, tous deux anciens judokas.
En septembre, M. Vignal confie à l'AFP vouloir encadrer en plusieurs années la création d'une fédération viable de MMA, arguant que l'"on ne peut pas toujours dire non aux jeunes qui réclament le MMA et non un succédané".
Prévue d'abord le 15 octobre, la remise de leurs travaux qui ont nécessité une centaine d'auditions est repoussée au 8 novembre.
Mais le 23 octobre, un arrêté ministériel publié au Journal officiel coupe l'herbe sous le pied des parlementaires en interdisant textuellement pour la première fois les manifestations comprenant des coups au sol, des coups portés avec les coudes, ainsi que l'utilisation d'une cage grillagée appelée octogone, symbole du MMA.
Pris de court, les deux parlementaires fulminent. "Publier un tel arrêté alors qu'une mission bipartisane doit rendre ses conclusions, c?est déplorable et inélégant. C'est un manque de respect manifeste envers le travail parlementaire", s'énerve Jacques Grosperrin dans Libération. "Je n'ai jamais vu un tel comportement en politique. Ça veut dire quoi? Que notre commission était fantoche? Qu?on dénie notre mission parce qu'on craint que nos propositions aillent dans le sens contraire de ce qui était attendu?"
Du côté du ministère, on évoque un timing involontaire, en expliquant que le texte était en préparation, et annoncé, depuis la fameuse soirée du Cirque d'hiver.
SAUVÉ PAR LE GONG?
Patrick Vignal et Jacques Grosperrin vont, selon les informations obtenues par l'AFP, remettre mardi un rapport préconisant la création d'une commission chargée d'accompagner la structuration du MMA en France.
Elle devrait être composée des deux parlementaires, de représentants du Comité national olympique et sportif français (CNOSF), de représentants des diverses associations françaises de MMA pour l'instant inconciliables, et d'une (con)fédération de sport de combat reconnue. L'objectif est à terme de créer les conditions d'une véritable fédération de MMA, reconnue, d'ici à trois ans.
Une création qui réglerait tous les problèmes puisque l'arrêté ministériel ne concerne que les disciplines non associées à une fédération délégataire.
Le ministère insiste par ailleurs sur la compatibilité de sa position dure et prohibitive, qui ne concerne que les compétitions, avec les préconisations du rapport qui impliquent la pratique de "loisir".
Un point rassemble toutes les parties: la nécessité de sortir le MMA de son no man's land juridique au risque, comme c'est le cas actuellement, de voir fleurir les prétendus clubs de combat mixte sans l'accompagnement de formateur diplômés.