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Écoutes téléphoniques, magouilles et gardes à vue: l'affaire des transferts douteux empoisonne depuis deux ans la vie de l'Olympique de Marseille et refroidit les potentiels acheteurs d'un club qui boucle samedi à Troyes une saison de Ligue 1 infernale.
- Dirigeants en garde à vue
Une enquête commencée en 2009 sur le milieu de la nuit à Aix-en-Provence a aiguillé la justice vers des transferts de l'OM. Elle soupçonne 17 opérations douteuses, aux prix surévalués, au bénéfice d'agents ou d'intermédiaires et au préjudice de l'actionnaire du club, pour un montant de 55 à 72 millions d'euros, selon des chiffres cités dans la presse.
Si tous les anciens dirigeants de l'OM ont été entendus par la justice en novembre 2014, seuls trois ont pour le moment été mis en examen pour "abus de biens sociaux, associations de malfaiteurs et faux et usage de faux": l'ancien président du club Jean-Claude Dassier (2009 à 2011), l'ex-directeur général Antoine Veyrat (2008-2011) et le directeur général de l'époque Vincent Labrune, Philippe Perez, qui a quitté le club en février.
"Tout a été fait dans les règles", assure Dassier à l'AFP. L'avocat de M. Perez, Éric Plouvier, assure quant à lui que son client "tient pour une injustice" sa mise en examen.
Aucune charge n'a en revanche été retenue contre l'ancien président Pape Diouf, l'ex-directeur sportif José Anigo et l'actuel président Vincent Labrune, placé sous le statut de témoin assisté après son audition le 16 décembre 2015.
La propriétaire Margarita Louis-Dreyfus, qui a annoncé la vente du club, pourrait être à son tour entendue par le juge Guillaume Cotelle. Elle avait déjà été entendue le 7 juin 2015 à Nanterre par les enquêteurs de l'Office central de lutte contre le crime organisé (OCLO).
- Joueurs, de Lucho à "Dédé" Gignac
Les opérations dans le collimateur de la justice sont celles concernant Lucho Gonzalez, Stéphane Mbia, Souleymane Diawara, Fabrice Abriel, Mamadou Niang, Cesar Azpilicueta, Cyril Rool, Fernando Morientes, Charles Kaboré, Loïc Rémy, André-Pierre Gignac, Benoît Cheyrou, Hatem Ben Arfa, Morgan Amalfitano, Jérémy Morel, Vitorino Hilton ou Gabriel Heinze.
Par exemple l'Argentin Lucho, acheté 24 millions d'euros à Porto, est reparti libre, tout comme Gignac, acheté entre 20 et 26 millions d'euros à Toulouse en 2010. La justice se demande s'il s'agit de mauvaises affaires ou de préjudices au détriment de l'OM.
Me Plouvier rappelle auprès de l'AFP que les joueurs, "acteurs essentiels à la compréhension du dossier, n'ont encore jamais été entendus" par la justice.
- La sombre réputation des agents
Les enquêteurs cherchent aussi à déterminer si les agents impliqués dans ces opérations auraient touché des commissions occultes et rétrocédé de l'argent à des membres du milieu.
Lui-même agent, Jean-Luc Barresi a été mis en examen mardi pour "recel d'abus de biens sociaux en bande organisée". Celui dont les locaux avaient été perquisitionnés au cours de l'enquête assure être victime de son nom: son frère Bernard purge une peine de 10 ans après 20 ans de cavale pour l'attaque d'un fourgon blindé.
Des versement litigieux ont-il entaché le transfert de Mamadou Niang à Fenerbahçe, réalisé par Barresi, pour un préjudice estimé par les enquêteurs à 3,1 millions d'euros pour l'OM ?
- Des écoutes croustillantes
Plusieurs médias (le Canard Enchaîné, L'Équipe, le JDD...) ont eu accès à des écoutes téléphoniques et des procès-verbaux de l'enquête et distillent ces petites phrases qui ternissent l'image du monde du football.
Placé sur écoute à l'été 2011, Anigo s'en prend ainsi aux agents: "Je ne veux plus avoir affaire à ces gens. Y'a plus personne qui va me tenir par les couilles", dit-il.
L'agent Jean-Pierre Bernès, lui, soupçonne ses collègues Jean-Luc Barresi et Karim Aklil d'avoir fait pression sur Gignac, ce qu'ils nient, tout comme le joueur.
Labrune évoque de son côté en audition "l'entourage nauséabond" de l'OM. "J'entendais que des membres du grand banditisme gravitaient autour du club", dit-il.
L'enquête continue.