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© AFP/Kenzo Tribouillard
John Fahey, président de l'Agence mondiale antidopage (AMA), lors d'une conférence contre le dopage le 12 novembre 2012 à Paris
Lutter efficacement contre le dopage réclame de dépasser le simple cadre sportif et d'unifier les volontés des responsables publics, de l'industrie pharmaceutique et du monde sportif autour de ce projet, ont souligné différents hauts responsables réunis lundi à Paris.
"La lutte contre le dopage est trop vaste pour qu'une seule organisation s'y attaque seule", a résumé d'emblée le président du Comité international olympique (CIO) Jacques Rogge, une des nombreuses personnalités présentes à ce symposium qui se tenait à l'Assemblée nationale.
L'industrie pharmaceutique, en particulier, a été au centre des attentions puisque, comme l'a rappelé John Fahey le président de l'Agence mondiale antidopage (AMA), cette réunion était "une façon de dire merci à ces entreprises qui nous aident et d'inviter les autres à faire de même".
En fournissant aux chercheurs de l'AMA les molécules de certains de leurs médicaments non encore vendus dans le public, certaines entreprises permettent à l'AMA d'élaborer des tests de dépistage plus tôt et plus efficacement, dans le cas où ces molécules seraient déviées de leur mission d'origine par des scientifiques à des vues de dopage.
Le président de l'AMA a pu se réjouir du discours tenu par certains responsables de l'industrie pharmaceutique qui ont vanté les mérites de leur collaboration, alors que d'autres craignent encore de transmettre des informations à l'agence de peur de voir leurs secrets de recherches divulgués.
"Nous avons bien avancé", a reconnu Philip Thomson, vice-président principal du géant pharmaceutique GlaxoSmithKline. "Nous travaillons actuellement sur 3 nouveaux médicaments, dont l'un est déjà en train d'être testé par l'AMA. GlaxoSmithKline a donné des détails considérables qui vont permettre la détection dans le sang ou dans les urines. Le maintien de la confidentialité a été plus simple que ce que nous pensions, et la mise en oeuvre de ces tests a été plus rapide. Nous avons avec l'AMA une collaboration similaire à celle que nous avons avec les sites de recherche clinique et le monde universitaire".
Le nerf de la guerre reste l'argent. "Avec de 25 à 30 M USD par an, l'AMA présente un budget inférieur aux salaires de certains footballeurs en Europe", a rappelé le directeur général de l'AMA David Howman.
"L'affaire Armstrong a montré que nous avions affaire à un processus de plus en plus élaboré, un réel complot, avec des pressions indues sur ses partenaires. L'AMA n'est pas en mesure de faire face à cette forme de triche sophistiquée", a-t-il estimé.
Affermir les liens avec l'industrie pharmaceutique apparaît donc essentiel, cependant que d'autres pistes ont été évoquées pendant les débats.
"Le dopage, c'est à dire la corruption dans le sport, implique d'autres formes de corruption", a souligné Jacques Rogge.
Gabriella Battaini-Dragoni, secrétaire générale adjointe du Conseil de l'Europe, a elle rapproché lutte contre le dopage de celle contre les matches truqués.
© AFP/Kenzo Tribouillard
La ministre française des Sports Valérie Fourneyron (au centre) avec le président de l'Agence mondiale antidopage John Fahey lors d'une conférence le 12 novembre 2012 à Paris
"Les enjeux économiques sont trop importants et donne donc naissance à des situations de corruption à travers les paris illicites, les matches truqués. Il y a connivence dans tout ce qui est criminalité autour du sport, et cela a un impact sur le dopage", a-t-elle indiqué.
Lutter contre le dopage revient aussi à se préoccuper de santé publique, puisqu'il ne "concerne pas que l'élite mais aussi les sportifs amateurs", a rappelé Valérie Fourneyron, la ministre française des Sports.
"Nous devons rendre plus difficile aux athlètes et leur entourage l'utilisation déviante de produits pharmaceutiques. Nous devons pour cela fédérer plus d'interlocuteurs autour de ce combat", a conclu John Fahey.