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Le système mondial de lutte antidopage, géré par l'Agence du même nom (AMA), repose autant sur des enquêtes policières que sur des contrôles qui s'affinent jour après jour, en matière de détection comme de ciblage.
Mode d'emploi d'une organisation complexe, en perpétuelle évolution.
Qui fait quoi ?
Depuis 1999, date de sa création, l'AMA, composée à parité d'autorités publiques et sportives, édicte le Code mondial antidopage, document retranscrit dans toutes les législations nationales par le biais de la Convention Unesco. Elle grave également dans le marbre, chaque année, la liste des produits interdits et veille à l'application de ces règles auprès des organisations nationales ou régionales antidopage (ONAD/ORAD) et des fédérations internationales, qui calquent leur règlement sur les principes du Code mondial.
L'organisation des contrôles diffère selon le statut des compétitions.
Sur les compétitions nationales (un match de L1, un championnat de France de natation), c'est l'organisation nationale concernée --en France l'AFLD-- qui diligente les contrôles. Les échantillons sont généralement transmis au laboratoire du pays ou de la zone, sauf accord particulier. En cas de contrôle positif, l'ONAD demande à la fédération nationale concernée de sanctionner le sportif et peut le cas échéant revoir la sanction.
Lors de compétitions internationales (le Tour de France, un tournoi du Grand Chelem ou master 1000 de tennis, un Mondial de foot ou un rallye de Championnat du monde), ce sont les fédérations internationales (FI) qui sont maîtres d'oeuvre, selon le même principe. Des conventions de collaboration peuvent également lier les FI et les agences nationales, comme cela se pratique sur le Tour de France.
Que décèlent les contrôles ?
Les contrôles, instaurés au cours des années 60 selon les pays, n'ont cessé de s'améliorer. Dans l'urine et le sang, on décèle aujourd'hui la plupart des produits utilisés par les sportifs : stéroïdes, érythropoïétine (EPO), stimulants, corticoïdes. Les produits plus récents tels les hormones de croissance sont sensibles aux tests mais dans des conditions plus irrégulières.
En revanche, il n'existe pas encore de test direct fiable pour les auto-transfusions, c'est à dire la réinjection par un sportif de son propre sang.
Ces carences, ajoutées au fait que les fenêtres de détection des produits sont parfois très courtes, a poussé l'AMA à donner dans le nouveau code mondial entré en vigueur au 1er janvier 2015 une place de plus en plus importantes aux preuves non analytiques du dopage.
Qui est contrôlé ?
Les Fédérations internationales des différents sports définissent une liste de sportifs ciblés selon différents critères (niveau de performances, suspicion, retour de blessures...). C'est ce qu'on appelle le "groupe cible". Les organisations nationales antidopage ont leur propre "groupe cible", différent de ceux des FI.
Les sportifs qui figurent dans ces groupes sont soumis aux obligations de localisation, c'est à dire contraints de communiquer et de mettre à jour leur emploi du temps 24/24 afin de pouvoir être contrôlés à tout moment.
Un manquement aux règles de localisation est une infraction qui peut être punie d'une suspension si elle est répétée à trois reprises dans une période de 12 mois.
Qu'est-ce-que le passeport biologique ?
Sous l'impulsion de l'AMA, certaines Fédérations (le cyclisme, l'athlétisme, l'aviron, le ski notamment) ont mis sur pied à la fin des années 2000 le "passeport hématologique des athlètes", premier volet du passeport biologique.
Confrontés à la détection difficile voire impossible de certaines formes de dopage sanguin, à l'EPO ou aux transfusions sanguines, les scientifiques ont mis sur pied un suivi individualisé du sportif. Les variations inexplicables des paramètres liés au sang peuvent aboutir à une infraction donnant lieu à une suspension.
Dans la foulée du passeport hématologique, le passeport stéroïdien étudie les variations des taux d'hormones telles que la testostérone, présente à l'état endogène dans l'organisme.
Quel autre moyen de faire tomber les tricheurs ?
Le cas de la sprinteuse américaine Marion Jones, passée aux aveux après avoir été acculée par la justice et les témoignages à charge, est le premier véritable exemple du déplacement de la lutte antidopage sur le terrain de l'investigation.
En plus de 1.000 contrôles, à une époque où le passeport n'existait pas, jamais Marion Jones n'a été contrôlée positive. Il a fallu attendre les aveux d'athlètes compromis comme elle dans l'affaire Balco (le laboratoire qui leur fournissait des produits dopants), qui a éclaté en 2003, puis son parjure devant un Grand jury fédéral, pour qu'elle soit rattrapée par la justice de son pays (pour parjure). Elle a aussi été frappée par des sanctions sportives, du CIO et de l'IAAF, qui lui ont retiré ses médailles.
Depuis, dans les textes de l'AMA, les infractions non-analytiques - détention de produits, acquisition, soustraction à un contrôle... -, sont devenues des preuves aussi valables qu'un échantillon positif. Le cycliste américain Lance Arsmtrong est d'ailleurs tombé après des témoignages d'anciens partenaires.