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© AFP/Romeo Gacad
Le Canadien Ben Johnson, dopé, gagne le 100 m aux jeux Olympiques de Seoul le 24 septembre 1988
La lutte antidopage pour les jeux Olympiques de Londres se résume presque à la devise olympique, frapper "plus vite, plus haut, plus fort" pour tenter de déjouer les plans de ceux prêts à tout pour toucher de l'or.
Dans leur histoire, les JO ont tout vu ou presque: la mort en direct du coureur cycliste danois Knut Jensen à Rome en 1960, le dopage d'Etat à la mode Allemagne de l'Est, un dieu du stade - Ben Johnson - devenu paria en 24 heures en 1988, ou encore les réécritures de palmarès au fil d'aveux tardifs.
Le Comité international olympique (CIO) ne poursuit pas l'utopie de mettre fin au dopage. Mais Jacques Rogge, depuis qu'il en a pris la présidence en 2001, a fait de la "tolérance zéro" son credo.
Cette "tolérance zéro" commence par empêcher les adeptes des pilules miracles d'arriver jusqu'à Londres. Les fédérations internationales et les agences nationales antidopage, aidées si besoin par l'Agence mondiale antidopage (AMA), ont pour mission de redoubler les tests sur les sportifs susceptibles d'être sélectionnés.
Avec ce grand ménage en amont, Pékin devint cité interdite en 2008 pour quelque 70 athlètes. Dans le lot, la totalité des membres de l'équipe masculine et féminine d'haltérophilie bulgare, contrôlés positifs aux stéroïdes, et cinq espoirs russes d'athlétisme, dont la reine du demi-fond Yelena Soboleva, qui avaient pris l'habitude de fournir l'urine d'autres lors des tests antidopage.
Dopage sophistiqué
© AFP/Thanassis Stavrakis
Le directeur scientifique et médical du Comité international olympique Patrick Schamasch visite le laboratoire de contrôle du dopage d'Athènes le 2 août 2004
"Il serait optimiste de dire que nous n'aurons pas de cas positif à Londres puisque nous n'avons jamais eu d'édition de Jeux d'été sans aucun cas", estime Patrick Schamasch, le directeur scientifique et médical du CIO. "Nous aurons toujours quelques lampistes qui tomberont dans le filet. Mais pour se faire prendre à un stéroïde aujourd'hui, il faut être un petit peu stupide."
Aussi, il y a peu de chances que les Jeux de Londres battent les 26 cas de dopage -le record- enregistré à Athènes, les premiers JO régis par le Code mondial antidopage, en 2004.
D'un côté, la lutte antidopage est mieux organisée. Les méthodes de détection se sont affinées, grâce notamment à la collaboration des grands laboratoires pharmaceutiques dont bénéficie l'Agence mondiale antidopage. "Nous ne sommes pas devant les dopeurs et les dopés, mais à peu près au même niveau qu'eux", estime le Dr Schamasch.
Mais de l'autre côté, le dopage s'est sophistiqué à mesure que les mailles du filet se sont resserrées. L'AMA, elle-même, s'inquiétait de voir que sur les quelque 260.000 analyses menées en 2010 à travers la planète, seulement 36 contrôles positifs à l'EPO, pourtant l'un des produits dopants les plus prisés, ont été rapportés.
"Je suis impressionné par ce que nous avons en face de nous", avance Patrick Schamasch. "Je vois les méthodes qui sont utilisées. Un athlète lambda ne pourrait plus se doper avec de l'EPO ou de l'hormone de croissance comme ils le font sans disposer d'un support médico-scientifique important."
Spécialiste du passeport biologique au Laboratoire antidopage de Lausanne, Neil Robinson confirme qu'"on ne se dope plus de la même manière qu'il y a trois ans": "Existe l'hypothèse de microdoses que les athlètes s'injectent le soir avant de se coucher. Ils ne vont pas être testés à deux heures du matin... Et le lendemain, c'est trop tard."
Voleur relâché
De plus, la lutte se fait aussi sur le terrain juridique. "Nous avons certains cas qui ont été renversés et sur lesquels nous nous penchons encore. C'est comme partout: on arrête un voleur, et parfois l'après-midi, il est relâché", déplore Patrick Schamasch.
© AFP/Andy Lyons
L'Américain LaShawn Merritt lors des sélections olympiques américaines le 24 juin 2012 à Eugene (Oregon)
L'affaire vire parfois au cynisme. Deux lanceurs de poids bélarusses, positifs à la testostérone aux Jeux de Pékin, avaient dû rendre leurs médailles... avant de les récupérer près de deux ans plus tard, sur décision du Tribunal arbitral du sport (TAS) qui avait annulé la sanction pour une broutille dans la procédure.
En ligne avec sa "tolérance zéro", le CIO avait bien institué dans sa charte une règle destinée à interdire à tout athlète suspendu plus de six mois pour dopage de participer aux JO suivant la fin de leur sanction. Mais il a été contraint d'y renoncer, le TAS ayant jugé l'automne passé cette mesure contraire au Code mondial antidopage.
Du coup, l'Américain LaShawn Merritt, qui avait abusé de DHEA, officiellement pour augmenter la taille de son pénis, a la chance de pouvoir défendre son titre du 400 m. Et le coureur cycliste Alejandro Valverde, qui avait joué au chat et à la souris avec les autorités antidopage pendant des années, pourra représenter l'Espagne à Londres.