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Alors que Canal+ et beIN Sports ont enterré la hache de guerre avec un accord de distribution exclusive, Altice affiche de grandes ambitions avec le lancement via SFR de six chaînes sportives, une concurrence susceptible de faire monter les enchères sur les droits télé.
"Le sport va prendre encore plus d'ampleur et devenir un thème absolument central des contenus que nous diffuserons. Il va nous permettre de ré-énergiser la marque SFR", a estimé mercredi Michel Combes, PDG de SFR, qui annonçait le lancement de 5 chaînes SFR Sport et d'une chaîne BFM Sport.
"Nous avons acquis de nombreux droits et établi de nombreux partenariats: dans le ski, dans le tennis, dans le volley, dans le basket, dans le rugby et tout récemment dans le foot chinois", a-t-il rappelé.
L'opérateur bénéficie notamment des droits de diffusion en France des saisons 2016-2019 du championnat de football anglais (Premier League), soufflé en novembre à Canal+ pour 300 millions d'euros.
Pour mettre en valeur cette exclusivité, SFR va lancer entre juin et août un bouquet de cinq chaînes sportives, "SFR Sport", avec "plus de 100 disciplines", qui s'appuieront partiellement sur les chaînes sportives MCS ("Ma chaîne sport"), rachetées par Patrick Drahi en 2007.
SFR Sport 1 sera la chaîne "premium" de l'offre, dédiée au football. "Il y a des références en France pour le football à la télévision : sur Canal+, sur beIN Sports... c'est dans cette catégorie que SFR Sport 1 va rentrer", a assuré Alain Weill, le PDG de NextRadioTV, maison-mère de BFMTV et RMC.
Dès le mois de juin, son groupe va lancer en plus du bouquet SFR Sport une chaîne d'informations sportives en continu, BFMTV Sport. "L'Euro 2016 sera couvert non-stop, on enchaînera avec le Tour de France et on termine l'été avec les Jeux olympiques de Rio", explique Alain Weill.
La chaîne mise notamment sur les synergies avec la radio RMC, qui emploie 70 journalistes sportifs et une trentaine de consultants, et diffusera certains programmes de la radio comme L'After foot, ainsi que les meilleurs moments du catalogue de droits acquis par SFR.
Une cinquantaine d'embauches de journalistes "au minimum" sont prévues pour accompagner ces lancements, selon Alain Weill. Il n'est par ailleurs pas exclu que le groupe, qui vise les "meilleurs consultants", débauchent des personnalités chez ses concurrentes.
- "Pas si simple" -
S'il dispose déjà de certains droits de diffusion, le groupe devra alimenter ces nouvelles chaînes "plus de 1.000 événements et plus de 3.000 heures de direct".
"Nous sommes déjà très heureux des droits que nous avons, à nous d?offrir ces chaînes à nos clients et de voir comment ils réagissent par rapport à cette offre. Nous resterons pragmatiques et verrons comment et à quel moment il sera nécessaire d'enrichir nos chaînes avec des droits additionnels", a assuré Michel Combes.
Interrogé sur l'appel d'offres pour les droits télévisuels du Top 14 de 2019 à 2023, il a estimé que ce n'était "pas la priorité" même si le groupe regarde "tout ce qui peut se présenter et enrichir nos offres".
Pour Jean-Pascal Gayant, professeur à l'Université du Maine spécialiste de l'économie du sport, "il y a un risque de surenchère sur les droits télé" dans ce secteur, où la concurrence est exacerbée : Altice, beIN, Canal, Discovery (Eurosport), sans oublier les chaînes gratuites.
C'est cette situation qui a conduit Canal+ à se rapprocher de BeIn Sports, qui depuis sa création en 2012 a largement contribué à l'inflation des droits télé, tout en soufflant des compétitions majeures à la chaîne cryptée (notamment l'Euro 2016).
Leur accord de distribution exclusive est étudié par l'Autorité de la concurrence qui doit rendre ses conclusions d'ici fin mai.
"Ce n'est pas si simple de gagner de l'argent avec du sport", estime Jean-Pascal Gayant, rappelant le sort d'Orange sport, chaîne sportive qui a fermé en 2012, après avoir raflé une partie des droits de la Ligue 1 (entre 2008 et 2012).