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Le grand espoir du football français Paul Pogba sait bien qu'il ne doit pas trop "cabotiner", mais il ne changera pas son jeu, surtout pas avant sa première finale de Ligue des champions, Juventus-Barcelone, samedi à Berlin (20h45).
"Parfois, mon attitude laisse penser que je fais le show, mais je joue juste mon football", assure le joueur à la crête blonde.
Massimiliano Allegri avait taillé son joueur après le dernier match de championnat à Vérone (2-2): "S'il ne cabotine pas un peu moins, il aura du mal à progresser encore", avait lancé l'entraîneur de la Juve.
"Le coach dit vrai, je prends ça comme un conseil", répond Pogba. Son aisance technique est digne du Bolchoï, mais ses gourmandises font perdre des cheveux à ses entraîneurs. A ses coéquipiers aussi. Gianluigi Buffon, qui connaît le chemin vers les sommets, a plus d'une fois repris son coéquipier sur le terrain.
Piquer Pogba au vif fonctionne à merveille, le jeune homme semble plus marcher au bâton qu'à la carotte. Antonio Conte, qui a accompagné l'explosion du surdoué, l'avait bien compris. Il avait un jour reproché à l'ex-Havrais de s'endormir sur ses lauriers. Vexé, "Paul le poulpe" était arrivé rasé, sans ses crêtes fantaisies, et avait planté un doublé contre Udinese avec deux frappes de plus de 25 m.
- 'Ne pas singer Zidane' -
"Ça a toujours été le cas, admet le grand numéro 6, ça me touche et je veux leur prouver que c'est faux. Quand on me dit ça, cela me réveille un peu, cela me fait ouvrir les yeux. Mais c'est moi, c'est ma personnalité, je ne le fais pas du tout exprès."
"Il ne doit pas singer Zidane", tance Zvonimir Boban, consultant de la chaîne Sky à la langue acérée. Les gri-gri, "des fois ça passe, des fois ça ne passe pas, reconnaît Pogba. Il me faut juste plus de concentration, après si je joue contre le Barça, elle devra être à 100%, pendant 90 minutes, enfin... si je commence le match."
Il sera titulaire, car il peut faire basculer un match sur un geste. En demi-finale face au Real Madrid, avec une seule rencontre dans les pattes après deux mois sans jouer, Pogba a donné la balle de la qualification à Alvaro Morata (1-1, 2-1 à l'aller).
Il assure désormais se sentir "beaucoup mieux physiquement" avant cette finale, "un rêve qui devient réalité", et "qui ne se représentera peut-être pas".
Alors il faut tout donner contre le Barça, "la meilleure équipe du monde", car il n'y a pas de recette. "Tu peux faire les entraînements les plus tactiques du monde, ce n'est pas ça qui va te faire gagner le match, mais l'agressivité, et peut-être la chance", prévient-il.
- 'J'ai une finale à jouer' -
Et pas question d'évoquer son transfert, bien qu'il ait tapé dans l'?il de tous les plus grands et plus riches clubs de la planète football, dont le Barça, son adversaire à Berlin.
"Je laisse les gens parler à ma place. Moi, j'ai une énorme finale à jouer", balaye Pogba, répondant en français, en italien, en anglais, et même avec quelques mots d'espagnol pour la presse hispanique.
Il admet juste aimer "voir le Barça jouer, mais j'aimerais encore plus le voir perdre contre nous!"
Pour cela, la Juve a besoin du meilleur Pogba, celui de janvier-février, qui marchait sur l'eau, réussissait tous ses entrechats et marquait un but par match.
Dans son ascension quatre à quatre vers les sommets, il lui manque encore quelques buts décisifs dans les matches immenses. Avec l'équipe de France, il a marqué contre le Nigeria en 8es de finale (2-0) à la Coupe du monde. Lors du barrage crucial contre l'Ukraine, il avait été l'un des meilleurs, l'un des chefs de meute. Mais attention, aboyer n'est pas cabotiner.