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"C'est moche mais ça passe": Patrice Evra a bien résumé la situation pour sa Juventus Turin, qui retrouve le dernier carré de la Ligue des champions après douze ans d'absence, grâce à un style hermétique qui tranche avec les flamboyants Barcelone, Real Madrid ou Bayern Munich.
"On n'a pas été beaux à voir jouer sur les deux matchs mais à l'arrivée on a fait le boulot à l'italienne", développe Evra après les deux manches en quarts contre Monaco (succès 1 à 0 sur penalty à l'aller, 0-0 au retour mercredi).
Pour Massimiliano Allegri, "le résultat compte plus que la prestation", et l'entraîneur de la "Vieille Dame" a rempli sa mission: atteindre des demi-finales pour la première fois depuis 2003 et la finale 100% italienne perdue contre l'AC Milan aux tirs au but après un 0-0 (3 tirs au but à 2).
"Je pensais attendre moins longtemps!" sourit Gianluigi Buffon, gardien et capitaine, trait d'union entre les deux dernières Juve demi-finalistes de C1.
Le scandale du "Calciopoli" en 2006 a emporté la Juve jusqu'en deuxième division et la reconstruction a été lente. En 2013, elle était revenue en quarts de finale de la Ligue des champions, mais elle avait mesuré contre le Bayern Munich (deux défaites 2-0), futur vainqueur, tout le chemin qui lui restait à parcourir.
Pour retrouver ce niveau "il faut à la base un club solide, mais aussi de bons joueurs et... un bon entraîneur", sourit Allegri.
Ce style austère semble un peu limité si l'on se projette vers les demi-finales et les formidables armadas que la Juve va y retrouver. Mais sa science tactique a véritablement étouffé Monaco, qui n'a finalement eu que peu d'occasions dangereuses en deux manches.
Les Turinois n'ont encaissé qu'un seul but dans la phase à élimination directe de C1 cette saison, sur une glissade de Giorgio Chiellini (qui a récidivé mercredi, mais cela ne lui a coûté qu'un jaune pour une main roublarde, pas un but).
- Passé, futur -
L'équipe "bianconera" a pris confiance, avec quatre saisons de domination en Italie. Elle pourrait même être sacrée championne ce week-end, avec six journées d'avance, si elle gagne le derby contre le Torino et que les deux clubs romains perdent.
Allegri, arrivé cet été, a enrichi le patrimoine. Le 3-5-2 d'Antonio Conte fonctionne toujours parfaitement, les "Juventini" peuvent le ressortir comme mercredi à Louis II, et le technicien toscan y a ajouté un 4-4-2 plus classique.
Les automatismes de la Juve lui permettent même d'absorber l'absence de Paul Pogba, son meilleur joueur de la saison avec Carlos Tevez.
Certes, contre Monaco la Juve n'a pas montré un visage très excitant, mais Allegri s'est adapté à la tactique elle aussi prudente de Leonardo Jardim, son collègue de la Principauté. Contre le Borussia, son équipe avait joué un football plus emballant, sublimé par un Carlos Tevez retrouvé.
"Il y a des moments où il faut jouer différemment", explique Allegri, qui reconnaît que la Juve "n'a pas fait de matchs sensationnels" contre Monaco.
Mais ce nouveau pas, un an après avoir été éliminé en poules dans la boue du stade de Galatasaray, "confirme le passé de ce club et jette les bases pour le futur", ajoute l'entraîneur.
L'institution turinoise vise encore plus haut. Buffon, à 37 ans, rappelle qu'il ne lui reste plus beaucoup de temps pour soulever ce trophée qu'il n'a jamais réussi à gagner.
"Les équipes qualifiées ne m'effraient pas", assure Allegri, même si "ce sont les meilleures d'Europe". Car "la Juve ne doute pas", conclut Evra.